Pour sauver Fibre excellence Tarascon, les syndicats acceptent de baisser les salaires

Actualité
le 15 Avr 2021
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Le principal actionnaire de l'usine avait annoncé la couleur à la barre du tribunal de commerce : le maintien de l'activité passerait par une baisse des salaires et des avantages. Après de longues négociations, les deux syndicats CGT et CFDT viennent de le signer, malgré l'opposition d'une majorité de salariés.

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L'usine Fibre excellence Tarascon vu depuis la rive gardoise du Rhône. (Photo : Pierre Isnard-Dupuy)

L'usine Fibre excellence Tarascon vu depuis la rive gardoise du Rhône. (Photo : Pierre Isnard-Dupuy)

Va-t-elle enfin voir le bout du tunnel ? Les syndicats CGT et CFDT de l’usine de pâte à papier Fibre excellence Tarascon ont signé ce mercredi 13 avril un accord attendu par la direction pour pérenniser l’activité du site industriel, en redressement judiciaire depuis le 8 octobre. Par communiqué la direction salue une “décision responsable, indispensable pour donner sa chance à l’usine, sauver ses emplois et ceux de la filière qui en dépendent. Elle permet de remettre l’usine sur le chemin de la viabilité”.

L’accord prévoit une baisse des salaires de 5% selon la direction – jusqu’à 9% selon le syndicat FO – et la suppression de plusieurs avantages. Pourtant, les salariés se sont opposés à cet accord lors d’une consultation menée la semaine dernière : 148 ont voté contre, 128 pour et 5 bulletins étaient blancs ou nuls.

“On a fait remonter le curseur dans les négociations”

“Une consultation n’est pas un référendum, défend le représentant CGT Laurent Quinto. Grâce à ce résultat, on a fait remonter le curseur dans les négociations. Ce n’est pas l’Eldorado, mais au vu de la situation de l’emploi sur le pays d’Arles, je pense qu’il faut que l’on fasse profil bas.” Le responsable syndical se félicite tout de même du maintien de certains avantages obtenus lors des derniers jours de négociation, comme le treizième mois ou la prime de vacances. FO continue pour sa part à refuser “un accord de destruction”, considéré comme “un chantage à l’emploi”.

Fibre Excellence Tarascon est la propriété du puissant homme d’affaire indonésien Jackson Widjadja via sa société Hervey Investments. Seul en lice avec une offre de reprise pour sa propre société, l’actionnaire avait annoncé un certain nombre de “clauses suspensives” pour qu’il maintienne son projet. La négociation pour revoir à la baisse la masse salariale en faisait partie. Mais la direction ne lève pas encore toutes les incertitudes. “C’est une étape. Nous sommes encore en travail pour négocier un contrat d’approvisionnement sur cinq ans et pour une aide publique pour l’installation de la turbine Biowatt”, nous indique-t-elle.

Le dossier est sérieusement scruté par le ministère de l’Économie, qui a déjà consenti à accorder 8,6 millions d’euros de prêts garantis afin d’accompagner la poursuite de l’activité durant la période d’observation. L’usine fait travailler près de 300 personnes et des milliers d’emplois de la filière bois en dépendent. Elle est aussi connue pour ses pollutions dans l’eau et dans l’air, dénoncées par des associations environnementales et qui ont conduit à un procès en correctionnelle début 2021, à l’issue duquel le tribunal a prononcé la relaxe sur les pollutions.

C’est donc désormais le tribunal de commerce de Toulouse, qui a prolongé la période d’observation d’un semestre, qui tranchera sur l’avenir de Fibre excellence en bord du Rhône. Les syndicats CGT et FO sont au moins d’accord sur un point : “La balle est dans le camp de l’actionnaire”.

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Commentaires

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  1. jemamo13 jemamo13

    Il doit bien se marrer Jackson Widjadja ! Il est financé pour polluer, presser les salaires et tout ça avec la bénédiction de la CGT.

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  2. Happy Happy

    Les actionnaires font-ils preuve de la même “responsabilité” saluée par le premier d’entre eux?

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  3. jean-marie MEMIN jean-marie MEMIN

    Cela me fait penser à l’avis négatif d’instaurer un syndicat pour l’usine d’Amazon…
    Selon les chiffres communiqués vendredi par la commission nationale des relations de travail (National Labor Relations Board, NLRB) – l’agence fédérale chargée de faire respecter le droit du travail -, 1.798 employés du site de Bessemer ont voté contre le projet, alors que 738 se sont prononcés pour. Une majorité simple était requise. (source; agence Reuters).
    C’est tellement facile de faire pression sur les salariés quand ceux ci n’ont que ça pour vivre…D’autant dans la configuration de l’usine de Tarascon les syndicats ne me semblent pas très combatifs ou procéduriers. C’est l’actionnaire majoritaire qui l’est…procédurier et combatif…!

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  4. TINO TINO

    qu’on ne dise plus que la CGT ne signe jamais rien…

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