Pour sa deuxième campagne, Anne-Laurence Petel creuse le sillon macroniste à Aix
Anne-Laurence Petel brigue un deuxième mandat de députée dans la 14e circonscription des Bouches-du-Rhône. Cinq ans après son entrée en politique, la marcheuse cherche à amplifier son ancrage sur le territoire, et par la même occasion celui de la majorité présidentielle, au-delà des scores électoraux favorables.
Anne-Laurence Petel après une réunion publique à Aix le premier juin. (Photo : ML)
La traversée de l’avenue Joseph-Villevieille pour accéder aux Allées Provençales d’Aix-en-Provence est encombrée ce mercredi 1er juin en début de soirée. Un passant, attiré par l’attroupement, est vite convaincu par les militants qui s’y trouvent et prend sa place pour la réunion publique que tient la députée de la 14e circonscription. Une cinquantaine d’Aixois et plusieurs élus sont réunis au café Darius. Dans le centre-ville d’Aix, Anne-Laurence Petel n’est plus une inconnue. Et elle peut compter sur les excellents scores locaux d’Emmanuel Macron à la présidentielle pour aborder ce nouveau scrutin avec confiance. À Aix, le chef de l’État avait obtenu presque 29 % des votes au premier tour et plus de 67 % au second.
Un territoire qui est donc choyé par les états-major de la macronie. En 2017, Christophe Castaner, à l’époque porte-parole du gouvernement, s’était rendu à l’inauguration de sa permanence parlementaire. En 2020, c’est Stanislas Guerini, délégué général de la République en marche, qui était venu tracter à Aix pendant les élections municipales. Anne-Laurence Petel se présentait alors pour détrôner Maryse Joissains-Masini au profit de la majorité présidentielle. Anne-Laurence Petel avait obtenu 32 % des voix au second tour des municipales, échouant à mettre fin au règne de la famille Joissains. “Malheureusement cela n’a pas pris”, reconnaissait Stanislas Guerini lors d’un nouveau passage à Aix pendant la campagne présidentielle.
Devant les militants ce mercredi, la candidate revient sur les actions réalisées pendant son mandat de députée. “J’ai fait le siège du ministère de la Justice pour faire avancer les travaux du palais de justice à Aix”, raconte Anne-Laurence Petel qui expose aussi ses actions sur la protection des terres agricoles. Elle cite les amendements déposés, mais aussi les rapports écrits ces cinq dernières années.
Les municipales ont aidé à ma notoriété.
Anne-Laurence Petel
Conseillère municipale d’opposition, la candidate jongle entre la présentation de son travail à l’Assemblée et des thématiques ultra-locales. “Avoir en plus cette casquette d’élue locale, conseillère municipale et métropolitaine, aide à la résolution de problèmes, avance Anne-Laurence Petel. Il y a une valeur ajoutée à dire que je peux agir au niveau national et local aussi.” C’est la seule députée sortante à siéger dans un hémicycle local, ses deux homologues marseillais qui ont tenté ayant été balayés. Cette implication a forcément un impact sur sa campagne actuelle : “les municipales ont aidé à ma notoriété”, reconnaît l’élue.
Se faire un nom à Encagnane
Une notoriété tout de même moins visible dans d’autres quartiers plus populaires. Vendredi 3 juin au matin, la candidate se rend au marché d’Encagnane pour une séance de tractage. “Nous sommes plus nombreux que les clients du marché”, ironise la députée qui estime qu’ici, “c’est difficile d’intéresser les gens du quartier à la vie politique”. Encagnane fait en effet partie des quartiers où l’abstention est plus importante à Aix. Jean-Luc Mélenchon a aussi réalisé de bons scores à la présidentielle 2022 dans ces bureaux de vote.
L’attroupement autour d’Anne-Laurence Petel attire toutefois des passants curieux et l’ambiance est chaleureuse. Dominique et Lydie, deux habitantes du quartier, l’interpellent. Elles l’ont confondue avec une autre élue rencontrée à Noël. Glissées sous le parapluie de l’élue, elles acceptent quand même volontiers son tract. Anne-Laurence Petel joue la carte de l’élue professionnelle et sérieuse, pas de quoi faire de vagues ici comme dans le centre.
“C’est moi, mais sans le brushing”, plaisante encore Anne-Laurence Petel en brandissant son tract devant deux habitantes. Mais c’est encore loupé. Les jeunes femmes vivent au Jas de Bouffan. Elles ne votent donc pas dans la 14e, mais dans la 11e, l’autre circonscription aixoise. “Votre député c’est Mohamed Laqhila”, leur indique la candidate, qui n’hésite pas à vanter les mérites de son camarade Modem, aussi membre de la majorité présidentielle. Il s’était pourtant présenté contre elle lors des municipales.
Au fil des élections, l’enjeu pour la République en marche reste de consolider la présence d’élus de la majorité présidentielle dans le pays d’Aix. “En 2017, j’étais la seule élue de la République en marche à Aix, se remémore Anne-Laurence Petel. Aujourd’hui, nous sommes douze, grâce à mon implication nous avons trois conseillers départementaux et nous sommes neuf au conseil municipal”.
Défendre le bilan Macron
Sur le terrain, la candidate tente de défendre le bilan et le projet de la majorité présidentielle, en évitant de prononcer le nom d’Emmanuel Macron. “Elle m’a donné envie d’aller voter pour elle”, confie un retraité après avoir discuté avec Anne-Laurence Petel sur le marché d’Encagnane. Après le départ de la candidate, il interpelle cependant Marsactu : “Elle est de gauche ou de droite ?. “Ce sera non alors pour moi”, indique-t-il finalement en apprenant qu’elle soutient Emmanuel Macron.
Elle n’est pas non plus sur le territoire depuis 30 ans
Michel Boulan (LR)
Une critique qui est aussi l’angle d’attaque préféré de ses concurrents dans la 14e circonscription des Bouches-du-Rhône. “Anne-Laurence Petel s’est trop assignée à une vision parisienne et macroniste”, pique ainsi Emeline Coch, candidate du Rassemblement national. “C’est pas elle le problème, mais le gouvernement”, souffle aussi Hélène Le Cacheux, candidate pour la Nupes. “Selon moi, pour se qualifier d’ancré politiquement il faut se maintenir dans le temps et elle n’est pas non plus sur le territoire depuis 30 ans”, s’agace Michel Boulan, candidat Les Républicains, maire de Châteauneuf-le-Rouge et militant dans la circonscription depuis plus de trente ans.
Anne-Laurence Petel présente quant à elle son appartenance à la majorité présidentielle comme un atout pour les Aixois. “Quand en tant que député je n’ai pas les leviers, car cela dépend du local par exemple, je me tourne vers un des conseillers départementaux ou municipaux de la majorité présidentielle, qui eux-mêmes ont des contacts dans la société civile, déroule la marcheuse. J’ai maintenant davantage de relais qui permettent de travailler en équipe”.
L’ancienne cadre de chez Bouygues semble en tout cas avoir pris goût à la politique aixoise. Difficile de l’imaginer s’arrêter en si bon chemin. “Ma logique est de faire émerger des citoyens dans la vie politique”, jure l’élue quand elle est interrogée sur ses ambitions municipales. Mais avant les élections de 2026, Anne-Laurence Petel doit déjà sécuriser son deuxième mandat à l’Assemblée.
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J’ai plusieurs fois envoyé un mail à l’adresse de député de Mme Pétel, surtout lorsque j’étais en détresse lors du premier confinement. Jamais une réponse, même pas un accusé de réception. Cette fois hors de question qu’elle ait ma voix. Si elle lit ce commentaire, qu’elle remette en question son contact avec “la plèbe” et l’utilité de sa boîte mail…
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