Pour écrire l'histoire de la Méditerranée, "on a oublié les appartenances"
Pour écrire l'histoire de la Méditerranée, "on a oublié les appartenances"
Lors de l'écriture du manuel d'histoire "Méditerranée, une histoire à partager", qui a été présenté cette semaine à la Villa Méditerranée, il ne s'est pas agi pas de se substituer aux visions nationales enseignées aux enfants. Pourtant ce projet, porté par Marseille-Provence 2013 et réalisé par quinze professeurs d'histoire issus de huit pays, s'adresse bien aux enseignants du pourtour de la Méditerranée. Pour le coordinateur scientifique Mostafa Hassani-Idrissi, "la finalité est de toucher les élèves".
Malgré les fractures de l'Histoire et les conflits toujours vivaces les divergences culturelles, politiques et religieuses, les historiens sont parvenus à retracer, à travers un découpage de l'histoire en grandes périodes, une histoire de la Méditerranée aux multiples visages. Selon Mostafa Hassani-Idrissi, "on n'a pas cherché à dépassionner l'histoire. C'est l'échelle adoptée, l'échelle méditerranéenne, qui fait qu'on n'aborde pas l'histoire de la même manière que chaque histoire nationale peut l'aborder".
"Complexité de cette histoire"
Dans la mesure où il n'a jamais été question d'écrire l'histoire de la Méditerranée avec exhaustivité, les historiens ont été contraints de réaliser des choix, d'opérer une sélection. "Une échelle méditerranéenne ne peut pas montrer tous les détails de l'histoire. On a cherché à être objectif, à aborder les tensions et en même temps les échanges. On a voulu rendre compte de la complexité de cette histoire." A partir de là, les auteurs ont élaboré une problématique, fil rouge rouge du manuel : "Comment s'est construite, autour de la Méditerranée, une entité historique spécifique au travers d'une série de tensions ?" Chaque chapitre consiste à établir la synthèse d'une période, accompagnée d'études de cas.
Pour garder cette approche revendiquée comme objective, scientifique et équilibrée, "il a fallu aborder avec distanciation l'objet d'étude. Nous avons voulu aborder l'histoire dans sa globalité. Ce n'est pas un regard des pays du sud vers les pays du nord. Au contraire, la question de l'autre a disparu de notre approche. On a oublié les appartenances. L'histoire rationalise la mémoire".
Méditerranée, une histoire à partager, sous la direction de Mostafa Hassani-Idrissi, éditions Bayard, 29 €.
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