Pour compléter sa retraite, le boss de FO Marseille a perçu 2000 euros par mois du syndicat

Info Marsactu
par Benoît Gilles & Suzanne Leenhardt
le 9 Mai 2023
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En janvier 2022, Patrick Rué et sa garde rapprochée ont décidé de l'attribution d'un forfait au secrétaire général des territoriaux Force ouvrière (FO) de la Ville de Marseille et de la métropole, pour compenser sa mise en retraite. Une décision étonnante qui n'apparaît pas dans les statuts du syndicat.

Patrick Rué en 2020 lors d
Patrick Rué en 2020 lors d'une cérémonie de voeux.

Patrick Rué en 2020 lors d'une cérémonie de voeux.

Dans le privé, on appellerait cela un parachute doré. Mais, au sein du syndicat général des agents territoriaux FO de la Ville de Marseille et de la métropole, le matelas financier a été déclenché dans le cadre d’un maintien en poste, et pas d’un départ. En 2022, Patrick Rué a touché près de 2000 euros par mois de son syndicat pour compenser son départ en retraite. Une disposition exceptionnelle qui n’est pas prévue par les statuts du syndicat et qui, selon nos informations, n’a pas été validée par les instances de l’organisation, hors le cercle restreint de ses fidèles.

La décision a été prise en janvier 2022, au cours d’une réunion où le secrétaire général était entouré de ses adjoints, Michel Karabadjakian, Patrice Ayache et Karima Friga, et de Jacques Huser, le trésorier du syndicat.

Compenser la retraite

Ce jour-là, la réunion porte sur la situation comptable du syndicat. L’essentiel des ressources de l’organisation provient des cartes d’adhésion que paie chaque agent. Le syndicat perçoit également des subventions de la Ville et de la métropole pour plus de 30 000 euros. L’année 2021 a été bonne puisque le syndicat a tenu son congrès, l’occasion de faire “rentrer des cartes” et d’assurer l’assise et la pérennité de l’organisation, tant du point de vue financier que du nombre d’adhérents.

En 2021, Patrick Rué espérait pouvoir décaler son départ à la retraite, tentative qui a finalement échoué.

En revanche, 2021 a été plus compliquée pour Patrick Rué. Passé au grade d’ingénieur dans les dernières années de sa carrière, le militant syndical a été contraint de faire valoir ses droits à la retraite en mars 2021 alors qu’il avait obtenu du maire de Marseille, Benoît Payan, l’assurance d’être prolongé au-delà de l’âge légal du départ à la retraite. Mais le journal Le Ravi a dévoilé le petit arrangement pris entre le jeune maire et le vieux routard du syndicalisme municipal, rendant impossible son maintien.

Au final, Patrick Rué tient jusqu’à la fin de l’année 2021 en gardant son statut d’agent actif, ancien du service parcs et jardins. Mais, en janvier 2022, le sursis administratif a pris fin : le secrétaire général est officiellement à la retraite. Comme tout pensionné, Patrick Rué connaît donc une baisse de revenus entre ce qu’il percevait de la Ville et ce qu’il reçoit de la caisse de retraite. Patrick Rué et ses adjoints décident alors de compenser ce trou d’air financier en mettant en place un forfait de 2000 euros par mois pour couvrir les frais liés à l’exercice de la fonction de secrétaire général du syndicat.

Une décision validée par une poignée de fidèles

Pour se couvrir, le trésorier du syndicat demande à ce que la décision fasse l’objet d’un compte rendu. En revanche, nous n’avons pas trouvé trace d’une validation de la démarche par d’autres instances statutaires du syndicat comme le bureau ou la commission exécutive. À notre connaissance, cette décision n’a pas non plus été validée par la commission de contrôle des finances qui vérifie les comptes chaque année.

Au long de l’année 2022, Patrick Rué a pu bénéficier de la manne du syndicat, mois après mois. En interne, Patrick Rué dit s’appuyer sur des pratiques en vigueur dans d’autres syndicats, mais à notre connaissance, les élus syndicaux, même de premier rang, sont tous rémunérés par leurs employeurs. Même lorsqu’ils sont à la tête d’une union départementale, l’instance interprofessionnelle qui fédère les différentes branches au niveau local. À l’UD 13 FO, Franck Bergamini est toujours payé par la sécurité sociale, son employeur, tout comme son homologue de la CGT, Olivier Mateu, ancien fonctionnaire du conseil départemental.

20% des ressources du syndicat en 2022

La situation de Patrick Rué en 2022 est donc exceptionnelle. Mois après mois, il a perçu ce forfait qui, d’après nos informations, a été ventilé sur différents postes comptables, pour un montant global de près de 24 000 euros. La somme correspond à un peu moins de 20% des ressources totales du syndicat, principalement issues des cotisations des adhérents au syndicat.

Joint par Marsactu, le trésorier du syndicat n’a pas souhaité commenter une telle démarche en renvoyant toute communication vers le secrétaire général. Quant à Patrick Rué, il n’a pas répondu à nos sollicitations avant la publication de cet article.

Des cartes syndicales hors les clous
Patrick Rué semble s’affranchir des règles sur un autre dossier : les cartes et les timbres d’adhésion, une base intangible du fonctionnement de la confédération. Historiquement, une adhésion à FO repose sur deux piliers : une carte et un timbre mensuel, soit 12 par an. En 2021, lors du dernier congrès des territoriaux, de nouveaux statuts sont adoptés et toute mention des timbres a disparu. À Marseille, un éboueur de catégorie C paie 135 euros pour s’acquitter de sa carte, où figure désormais un autocollant unique.
Or, les statuts de la confédération de Force ouvrière, auxquels le syndicat doit se conformer, mentionne ces deux conditions. De cette règle, découle tout un système complexe de financement des strates des syndicats : L’Union départementale (UD13), la Fédération des services publics et la Confédération. Ce système, utilisé aussi par la CGT, permet “que le robinet d’argent coule du bas vers le haut”, illustre un connaisseur, ce qui laisse plus d’autonomie aux différentes organisations.
Le secrétaire général de la fédération FO des services publics, Dominique Régnier, se dit surpris de la mise en place de ce timbre unique et indique que “ce n’est pas statutaire”. Ce nouveau dispositif crée une opacité sur le nombre d’adhérents réels comme sur les ressources qu’en tire le syndicat, vis-à-vis des autres instances de la confédération. En congrès, le poids d’un syndicat au sein de sa fédération est calculé en fonction du nombre de timbres mensuels vendus.

 

 

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Commentaires

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  1. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Les ouvriers et employés qui paient leur adhésion à ce “syndicat”, dont l’objet social est principalement d’assurer la carrière de ses dirigeants, seront contents de savoir qu’ils financent le train de vie de “l’ingénieur” Rué. Ils vont pouvoir revendiquer pareille faveur pour compléter leur propre pension de retraite…

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  2. mrmiolito mrmiolito

    L’ancien monde a la vie dure… Et pour afficher sa tronche sur les abribus (pub pour sa mutuelle), il touche pas un peu aussi, le Rué ?!
    En tout cas ces pratiques ont le mérite de re-afficher, pour qui l’aurait oublié, l’ADN du syndicat FO : chacun pour soi !

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  3. barbapapa barbapapa

    Pourquoi est-ce que la Ville et la Métropole accordent avec nos impôts 30.000 € de subventions à cette (nuisible) organisation ? Alors que légalement, elles paient déjà leurs permanents et les heures de délégations syndicales !

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    • chouze chouze

      Deplorable.Subvention anormale.

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  4. LOU GABIAN LOU GABIAN

    La vrai gestion a la marseillaise Ca ne vous regarde pas

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  5. julijo julijo

    la défense des salariés dans les entreprises, du service public….etc tel est le but de FO !!
    alors ce pauvre ingénieur rué qui a (comme tout le monde) perdu des revenus en partant à la retraite, s’est senti concerné, et a fait sienne la défense des travailleurs….et a encaissé un manque à gagner évident.
    maintenant, il faudrait que chaque retraité FO demande une compensation. ca doit faire jurisprudence le cas “ingénieur rué”

    et ce pauvre frédéric souillot qui se bat pour la retraite à 60 ans !!
    rué est un exemple, il doit être plus près des 70 que des 60 ans……
    enfin, FO, le syndicat qu’il vous faut !

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    • chouze chouze

      Deplorable.

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  6. julijo julijo

    au fait, si cette disposition était relativement secrète….qui a mangé le morceau ???
    bonne ambiance à FO !!

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  7. PAGNOL PAGNOL

    Affligeant mais pas surprenant !!!!
    Et combien touche t’il à la Mutuelle ?
    Combien comme administrateur à Habitat Marseille Provence ?
    Ça doit faire pas mal tout ça !!

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    • Richard Mouren Richard Mouren

      Marsactu a-t’il des précisions sur ces salaires/défraiements/jetons de présence?

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    • GlenRunciter GlenRunciter

      Tout a fait ! Si on imagine que 2000 euros sont censés compenser la perte subie sur son salaire de la ville seulement, ca laisse reveur sur ce qu’il touche. Tout ca pour regner uniquement.

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  8. Jeanne 13 Jeanne 13

    Bravo au journaliste qui a fait un très bon article sur le fonctionnement ancestral du syndicat FO ville et métropole
    Malgré le changement politique et l arrivée du PM avec toutes ses promesses de campagne on apprend l attribution d une subvention de 30 000 €
    Ville et métropole
    Promesse du PM fin du clientélisme ? Visiblement rien ne change ! Et on s en aperçoit depuis le début du mandat
    Responsable d un autre syndicat local je peux affirmer que nous n avons aucune subvention de la collectivité seulement les moyens généraux légaux locaux matériel informatique…..
    Pour l enveloppe individuelle des 2000€ les adhérents FO apprécieront …..

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    • julijo julijo

      ah mais ça change tout à mon point de vue.
      je pensais, que la mairie subventionnait peu que peu les syndicats ; on peut envisager un montant en fonction de la représentation et des adhérents, mais qu’ils étaient tous subventionnés !

      que je finance (contribuable comme 50 % des marseillais) le syndicat FO, et donc par extension la retraite de rué me hérisse le poil ! et violemment !

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  9. Haçaira Haçaira

    Et une fois que ces faits sont connus que ce passe-t’il ? Pfffffffft j’aimerais pas être leur tapis

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    • Richard Mouren Richard Mouren

      J’espère que l’administration municipale va éplucher les budgets transmis par FO. En plus de l’infraction d’établir un budget magouillé, il devrait y avoir du détournement d’argent public dans l’air. Cacher 20% du budget, ça fait un sacré tian de manipulations budgétaires! Craint dégun, Rué.

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  10. Soly Soly

    “FO, le syndicat qu’il vous faut’ disait Coluche. Il a oublié d’ajouter ” surtout en tant que dirigeant “

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  11. Jeanne 13 Jeanne 13

    On peut aussi rajouter à ça le petit arrangement sur une maison appartenant à la mairie de Marseille située à côté du parc Longchamp
    Soit disant demandé par FO pour y stocker des archives mais qui devait en fait servir à héberger une personne très proche de Patrick rué face à la dénonciation des faits dans la presse la mairie a dû faire machine arrière….

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  12. Mistral Mistral

    Cet individu fait énormément de tort au syndicalisme, il est totalement mégalo et se croit tout puissant et intouchable.
    C’est à la justice de le ramener à la réalité et d’en faire un justiciable comme le commun des mortels.

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  13. Zumbi Zumbi

    Comme l’immense majorité des militants syndicaux mon engagement personnel pendant cinquante ans m’a plutôt fait perdre de l’argent, même si je ne regrette rien de ces combats qui m’ont fait gagner ce que certains combats ont fait gagner collectivement à mes collègues ou à l’ensemble des travailleurs.euses du pays, ou perdre ce que nous avons tou.te.s perdu.
    Eh oui, nous ne nous faisions pas rembourser la plupart de nos déplacements à travers le département ou la région, nous covoiturions s’il le fallait, quand un congrès national nous faisait traverser le pays c’était la chasse au billet le moins cher pour ne pas grever le budget de l’organisation, et les fois où il manquait une ramette pour imprimer le nombre suffisant de tracts, on courait au magasin du coin et bon, on va pas faire une facture pour ça… sans parler de tous ceux d’entre nous dont les promotions ont été retardées ou bloquées, et quelques un.e.s qui ont subi des rétrogradations. Sans parler des camarades qui ont subi le harcèlement, la mise au placard, les licenciements qu’on réussit ou pas à casser après 2 ans de prud’hommes — mais entretemps ce sont des humains qui ont été cassés… Et non, nous ne nous procurions pas des logements de fonction pour un gigolo ou une maîtresse. Et bien sûr aucun.e d’entre nous n’a eu de “compensation” son départ en retraite, que nous avons tous fait en temps et heure, pensant que derrière “il y a un.e jeune qui attend”.

    Au nom de tous les miens, y compris celles et ceux avec qui parfois j’ai sévèrement polémiqué, mais qui ont toujours été respectables, je dis que la place des truands qui gangrènent le syndicalisme est en prison.

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      Moi-même adhérent d’un syndicat (pas FO !), j’applaudis.

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  14. LN LN

    De toutes les manifs que j’ai pu faire, je n’ ai jamais vu Rue en tête d’un seul cortège. Quelqu’un l’a t il déjà croisé ?

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    • julijo julijo

      non, pas vu en tête, jamais et j’ai du en louper une seule ! pas concerné par l’intersyndicale ; en même temps un boss de fo comme lui…
      et comme je me garais côté panier, j’arrivais par la mairie, c’est à dire au début du cortège des manifs…..jamais vu !
      et pourtant j’y ai pensé et j’ai bien regardé ! pas là !

      merci à Zumbi, son commentaire fait du bien.

      rué est la honte absolue du syndicalisme ; quel que soit le syndicat.

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    • bud_ice13010 bud_ice13010

      Je l’ai vu lors d’une des dernières manifs en semaine tanqué avec un panneau de son syndicat et qques uns de ses camarades devant la mairie de Marseille… Interrogé par la presse…
      Par contre jamais vu faire de la marche… Trop fatigant et en plus à l’heure des repas… Pensez-vous…

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  15. PAGNOL PAGNOL

    Les 2000€ sont versés sans aucun fondement légal (au black pour être clair) et du coup pas de cotisations sociales ni d’impôts…
    Quand on voit le sort réservé à son acolyte Michel Karabadjakian,on ne croit plus que notre société soit capable d’arrêter les agissements de ces soit disant “responsables syndicaux ”
    Mais Bravo Marsactu pour votre persévérance !!

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