Pour accompagner la zone à faibles émissions, la métropole veut que la Ville mette au pot

Actualité
le 29 Sep 2022
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Quelques semaines après la mise en place de la zone à faibles émissions en centre-ville de Marseille, Martine Vassal annonce de premières mesures pour aider les propriétaires de véhicules interdits. Mais la présidente de la métropole ne compte pas faire davantage si les autres collectivités ne participent pas.

La ZFE est entrée en vigueur le 1er septembre 2022. (Photo : SL)
La ZFE est entrée en vigueur le 1er septembre 2022. (Photo : SL)

La ZFE est entrée en vigueur le 1er septembre 2022. (Photo : SL)

Danger, torticolis. Depuis la rentrée, les échanges entre élus métropolitains et municipaux sur la question des transports ont accéléré, comme quand deux adversaires tentent de finir le point sur la table de ping-pong au fond du jardin.

Samedi 17 septembre, l’adjointe aux transports, Audrey Gatian appelle à un métro vers l’hôpital Nord, dans les colonnes de La Marseillaise. Puis ce lundi, dans celles de La Provence, la présidente de la métropole dit, elle, son désir d’un tramway sur la Corniche, jamais prévu dans aucun plan de déplacements urbains. Mercredi, la même Martine Vassal propose enfin “des mesures pour inciter au report modal et favoriser la transition écologique” dans le cadre de la zone à faibles émissions (ZFE) mise en place par son institution dans les arrondissements centraux de Marseille.

Depuis des mois déjà, les élus des deux assemblées échangent à la volée sur la façon d’accompagner les propriétaires les plus polluants pour changer de véhicule ou de moyen de transports. “L’écologie ne doit pas être punitive, formule Martine Vassal devant la presse. Elle doit être partagée, acceptée, comprise”.

Prolongation de la période de sensibilisation

La première mesure annoncée ce mercredi au sujet de la ZFE consiste donc à prolonger “la période de sensibilisation jusqu’à la fin de l’année”. Cela repousse de trois mois le moment où les automobilistes au volant des véhicules prendront leur première prune pour absence de vignette ou pour avoir pénétré dans la zone avec un tacot fumant (estampillé Crit’Air 5).

Audrey Gatian salue l’initiative, en rappelant que les mesures d’accompagnement sont de la seule compétence métropolitaine : “Un mois de sensibilisation, cela n’avait pas de sens. Nous avions demandé son prolongement lors de la consultation publique. D’autant que l’on sait que, d’après les estimations de la préfecture, 30% des véhicules dont les propriétaires habitent dans la ZFE n’ont aucune vignette. “

Gratuité pour les uns, pot commun pour les autres

Mais la métropole entend “aller plus loin afin d’inciter à prendre les transports en commun ou à se séparer d’un véhicule Crit’air 5”, assure la présidente du département et de la métropole. L’institution intercommunale – via la RTM – proposera ainsi aux personnes qui habitent, travaillent ou étudient dans la zone ZFE, et possédant des voitures polluantes dont elles souhaitent se débarrasser, “six mois d’abonnement RTM gratuit ou six mois de gratuité au service Levélo ou six mois au service Vélo +, le service de location de vélo électrique longue durée“.

Martine Vassal réactive également l’aide financière de 400 euros pour l’achat d’un vélo électrique. Une incitation déjà mise en place par son prédécesseur, Eugène Caselli, du temps de la communauté urbaine, et par elle-même, un temps, au département.

Le maire de Marseille participe à l’électrification des branchements à quai [des navires] pour  10 millions d’euros. Il pourrait faire au moins autant pour limiter la pollution des voitures.

Martine Vassal

En revanche, pour ce qui est de l’aide au remplacement d’un véhicule par un véhicule électrique ou moins polluant, l’accompagnement de la métropole se fait plus flou. Ou plutôt, suspendu à une condition : la participation d’autres collectivités au financement. “Je souhaite la mise en place d’un guichet unique auquel pourraient participer la région comme la Ville, énonce Martine Vassal. J’ai vu que le maire de Marseille présentait une délibération pour participer à l’électrification des branchements à quai [des navires] pour un montant de 10 millions d’euros. Il pourrait faire au moins autant pour limiter la pollution des voitures”.

En passant, la présidente rappelle que le département a dépensé pour l’heure “73 millions d’euros” en permettant l’achat de 15 000 véhicules électriques. “Ce n’est pas toujours au même de payer”, répond-elle du tac au tac quand on l’interroge sur le montant que la métropole mettra au pot, caché derrière le guichet. Elle renvoie donc vers le maire de Marseille pour connaître les critères sociaux de la future aide, voire l’étalement dans le temps en fonction de l’entrée en vigueur de l’interdiction pour les véhicules dotés de Crit’air 5, 4, puis 3.

Refonte du réseau de la RTM en 2025

Forcément, la salve sur les mesures d’accompagnement fait tousser l’adjointe aux transports de la Ville. Je ne peux que me réjouir des mesures de gratuité, ainsi que de la mise en place d’un guichet unique – c’est ce que qui se fait dans toutes les ZFE, soupire l’élue du Printemps marseillais. En revanche, cela n’a de sens que si cela s’accompagne d’un renforcement de l’offre de transports, notamment pour les lignes qui traversent la zone de faibles émissions“.

Sur ce point, la présidente de la RTM, Catherine Pila promet une refonte totale du réseau en 2025. “Enfin, elle sera prête en décembre 2024”, précise-t-elle. “Il faut 18 mois aux services de la régie pour tout mettre à plat, reprend Catherine Pila. Ensuite, il faut compter six mois de concertation”. En revanche, l’élue marseillaise ne dit rien du budget qui sera consacré à cette refonte. Mais peut-être que l’annonce d’un coup de pouce budgétaire se fera ce jeudi, dans le cadre de la réunion du groupement d’intérêt public (GIP) qui doit piloter le volet transports de Marseille en grand. Le préfet a prévu d’installer un filet au milieu de la table des négociations.

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Commentaires

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  1. Tarama Tarama

    Madame Vassal qui, avec le département, subventionnait l’achat des véhicules électriques les plus luxueux sans conditions de ressources, à hauteur de 10 000 €, vient pleurer pour filer 400 balles pour un vélo électrique ou 6 mois d’abonnement RTM…

    Il faudrait aussi qu’elle se rappelle que ce n’est pas son argent mais le nôtre.

    Martine Vassal, ou le pouvoir… de nuisance.

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    • Peuchere Peuchere

      Pas 10 000€
      5000€ !!
      Faut etre précis quand on veut critiquer !

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  2. Alceste. Alceste.

    Cette habitude et propension à dire que c’est elle qui paye est insupportable, elle n’est pas la seule.
    Elle s’amuse avec nos impôts mais en revanche, quand il s’agit de régler ses âneries ,elle est aux abonnées absentes.
    Rn résumé une irresponsable de ses actes, au sens figuré et au sens réel.

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  3. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Martine Vassal fait sa pingre juste au lendemain de sa revendication personnelle, sortie de nulle part, en faveur d’un tramway sur la Corniche. On n’a pas les moyens de financer l’ensemble des projets listés dans “l’agenda de la mobilité” de la métropole et dans le PDU, et “ce n’est pas toujours au même de payer”, mais inventer 100 millions d’euros de dépenses d’investissement supplémentaires, ça passe.

    Quel niveau, bon sang, quel niveau !

    Si Madame la présidente dispose de quelques sous d’avance, qu’elle accompagne la refonte du réseau de bus, en 2025 (une quinzaine d’années après Lyon, seulement), de travaux de voirie pour multiplier les lignes en site propre, et de l’installation partout où c’est possible de dispositifs de priorité aux feux pour les transports collectifs. Elle aura au moins servi à quelque chose.

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    • Bibliothécaire Bibliothécaire

      Le tram sur la Corniche ou l’art d’allumer un contrefeu, déplorable en effet.

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  4. Jean Gonella Jean Gonella

    1. Les zones à faible émission (ZFE) ne sont que l’alibi “écoverdissement ” (greenwashing1) des pays dénués de courage politique et pusillanimes face au lobby routier et elles pénalisent les plus pauvres des automobilistes, la majeure partie du temps sans résultat quand l’on installe des ZFE temporaires les jours de grande pollution ou même permanentes. Les ZFE ne règlent en rien les problèmes d’occupation abusive des villes par les véhicules routiers motorisés,
    94 % de la surface libre des grandes métropoles étant occupés par les usages de la bagnole et du camion en circulation ou en stationnement, par les embouteillages et congestions routières, à quoi s’ajoute les congestions urbaines,
    la galère des stationnements, y compris abusifs sur les trottoirs, les zones piétonnes et les passages pour piétons.
    Cerise sur le gâteau : principalement les banlieusards, les démunis, les étudiants, etc. ne pourront plus pénétrer en ville les jours de ZFE, ne pouvant acheter des bagnoles “crit’air 0 ou 1”, ce qu’évidemment ferons les automobilistes aisés.
    De plus, toutes les études d’impact montrent que les ZFE au-delà de l’effet d’annonce et de greenwashing1
    n’ont que très peu d’effets concrets, sur la qualité de l’air.

    2. Dans six pays d’Europe et dans deux villes de France seulement où l’on a adopté, faisant preuve de courage politique, la solution presque parfaite des zones à transit limité (ZTL) coordonnées avec de grandes zones piétonnes,
    concept imaginé d’abord par les italiens : dans de larges espaces urbains, voire dans tous les centres des villes et
    les quartiers sensibles, la circulation et le stationnement des véhicules motorisés n’y est autorisée que
    pour les prioritaires (santé, police et transports collectfs (TC)) et les résidents y ayant un garage ou un parking,
    sans aucune disposition punitive contre les gens qui ne peuvent pas se payer de la coûteuse bagnole “crit’air 0 ou 1”. Ainsi 238 ZTL sont actuellement dénombrées dans six pays européens : Autriche, Belgique, Espagne, Italie,
    Lettonie, République Tchèque et Slovénie. Désastreusement et typiquement la France ne compte que deux villes
    ayant au moins une ZTL : Nantes, avec des ZTL bien conçue et Grenoble avec une ZTL très réduite.

    2. Dans six pays d’Europe (238 villes à ZTL, dont 38 en Italie) et dans deux villes de France seulement où l’on a adopté, faisant preuve de courage politique, la solution presque parfaite des zones à transit limité (ZTL) coordonnées avec de grandes zones piétonnes,
    concept imaginé d’abord par les italiens : dans de larges espaces urbains, voire dans tous les centres des villes et
    les quartiers sensibles, la circulation et le stationnement des véhicules motorisés n’y est autorisée que
    pour les prioritaires (santé, police et transports collectfs (TC)) et les résidents y ayant un garage ou un parking,
    sans aucune disposition punitive contre les gens qui ne peuvent pas se payer de la coûteuse bagnole “crit’air 0 ou 1”. Ainsi 238 ZTL sont actuellement dénombrées dans six pays européens : Autriche, Belgique, Espagne, Italie,
    Lettonie, République Tchèque et Slovénie. Désastreusement et typiquement la France ne compte que deux villes
    ayant au moins une ZTL : Nantes, avec des ZTL bien conçue et Grenoble avec une ZTL très réduite.

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