Pollution : la RTM dans le viseur des écolos malgré elle

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le 5 Nov 2010
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Pollution : la RTM dans le viseur des écolos malgré elle
Pollution : la RTM dans le viseur des écolos malgré elle

Pollution : la RTM dans le viseur des écolos malgré elle

Prise la main dans le pot catalytique. La Régie des transports marseillais (RTM), qui dans sa flotte de 540 bus en a 230 qui ne sont pas de la dernière fraîcheur, compte les équiper de filtres à particules. Bonne nouvelle : ces petites poussières de l’ordre du microgramme sont un vrai danger de santé publique. Sauf que « la technologie choisie par la RTM « multiplie par sept les rejets de dioxyde d’azote », explique à 20 minutes le réseau Ecoforum.

Aussi connu sous le nom de NO2, « cet irritant respiratoire, typique de la pollution due au trafic routier, n’a pas diminué depuis le milieu des années 90 en situation de proximité au trafic routier et continue de poser des problèmes sanitaires en agglomération (exacerbation de l’asthme, irritations respiratoires…) », alertait l’année dernière l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Afsset).

Zeribi fâché

Plutôt embarrassant quand on défend des transports en commun, donc plus propres, et qu’on a pour président Karim Zeribi, qui vient de rejoindre Europe Ecologie… Joint par Marsactu, celui-ci affirme que « jamais nous n’avons été saisis par cette association, elle aurait pu nous envoyer un courrier, nous donner l’information. C’est la moindre des choses. Au lieu de ça, on saisit la presse, on fait du buzz. On est face à des gens qui ne cherchent que la polémique », réagit-il.

L’agacement devient colère lorsqu’on lui apprend que l’association, qu’il affirme ne pas connaître, est présidée par Victor-Hugo Espinosa, qui siège comme lui à la communauté urbaine. « Pourquoi n’est-il pas venu me voir ? », lance-t-il. VHE affirme de son côté lui avoir « demandé 10 fois un rendez-vous pour lui expliquer des choses au niveau de la RTM, il ne m’a jamais rappelé ». Réponse du tac au tac : « Je me souviens d’un échange il y a un an et demi où l’on avait évoqué entre deux portes l’aération du métro, mais c’est tout. C’est de la paranoïa. J’ai parfois des réunions bien moins intéressantes que sur ces questions d’environnement pour ne pas refuser lorsqu’on me demande une rendez-vous. C’est de la paranoïa. »

Bataille scientifique

Ces deux-là auront certainement des choses à se dire lors du prochain conseil au palais du Pharo… Et sur le fond de l’histoire ? « Quand on a lancé le marché, on a pris la réglementation de l’Ademe (agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, ndlr) qui est l’établissement public compétent sur le sujet et on s’est calqué dessus à la virgule près. On a d’ailleurs été co-financés aux trois-quarts pour cet investissement, raconte Karim Zeribi. Et là, on se retrouve dans une bataille scientifique que l’on ne maîtrise pas et notre marque se trouve salie. »

Ce que Victor-Hugo Espinosa confirme à sa manière : « ce n’est pas une connerie de la RTM, c’est une connerie de toute la France ». D’où la volonté de faire « de la comm’ » dès que l’occasion se présente. « Difficile de blamer à Marseille plus qu’ailleurs comme à Rouen et à  Le Havre et à bien d’autres endroits les régies de transport en commun qui ont suivi les recommandations de l’ADEME en pensant bien faire…! », assure également Jean-Paul Morin, chercheur à l’Inserm de Rouen et membre du comité d’expert de l’Afsset sur la question.

Dans un langage très techno, ceux-ci avaient pourtant rendu en septembre 2009 l’avis suivant : « un bénéfice sanitaire peut être attendu de la mise en œuvre de dispositifs de dépollution incluant un filtre à particules sur les véhicules diesel, du fait notamment de la forte réduction des émissions de particules dont les effets sanitaires sont reconnus. Cependant, lorsque la mise en œuvre de dispositifs de dépollution incluant un filtre à particules s’accompagne d’une surproduction de NO2, les résultats des présents travaux montrent que la situation au regard de ce polluant demeurera préoccupante notamment pour les occupants des véhicules légers en agglomérations. D’un point de vue sanitaire, les niveaux de NO2 auxquels ils sont d’ores et déjà exposés indiquent, au regard des valeurs de référence, la possibilité de survenue d’effets sanitaires. » Conclusion : ils appelaient à prendre en compte ce facteur, en particulier pour les flottes captives (bus, taxis…).

Contre-exemple londonien

Jean-Paul Morin nous précise qu’à Londres, « les élévations du NO2 en proximité du traffic ont été telles qu’en juin 2008, la décision a été prise de démonter ces systèmes de post-traitement des émissions pour limiter les émissions et ainsi inverser la tendance des concentrations de NO2 atmosphérique. Malgré ce type d »expérience désastreuse outre-Manche, il semble que l’Ademe n’ait pas encore modifié la teneur de ses recommandations, ce qui me parait bien regrettable. »

La suite est encore plus inquiétante : « une étude d’impact sanitaire court terme des polluants atmosphériques sur l’agglomération lyonnaise montre que l’impact sur la mortalité (…) de l’indicateur NO2 est 4 fois plus important que l’impact des PM10 (particules fines de moins de 10 microns, ndlr) ». Se focaliser sur les particules, alors que leur concentration est en baisse constante, au détriment du NO2, pour qui ce n’est pas le cas, est donc pour lui « contre-productif en termes de diminution des impacts sanitaires ». Ce qui est rassurant, c’est que Marseille connaît des dépassements de la norme européenne à la fois pour les particules et pour le NO2. Mais nous aurons l’occasion d’en reparler prochainement…

Reste une question : pourquoi l’Ademe ne tient-elle pas compte de cet avis ? Il est vrai qu’elle est déjà critiquée pour ses classements de pollution des véhicules uniquement basés sur le CO2, dans la droite ligne des mesures gouvernementales. Mais sur ce coup-ci, il y a au moins le soupçon de vouloir pousser en avant le diesel, motorisation dont les constructeurs français sont les champions et qui émettent moins de CO2 mais beaucoup plus d’autres polluants. L’agence n’a pour l’instant pas donné suite à notre demande.

Un lien Pour les écolos marseillais, Karim Zeribi « jouera un rôle important », sur Marsactu

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Commentaires

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  1. jb jb

    Marseille est tout de même la seule ville au monde ou on a remplacé des bus electriques écolos ( trolleys) par des bus fonctionnant au gasoil ! Pour une fois que l’on était en avance… c’est (encore) loupé.

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