Philippe Hersant va t-il annoncer aujourd'hui la vente de Nice Matin ?
Philippe Hersant va t-il annoncer aujourd'hui la vente de Nice Matin ?
Le Sirocco devrait se lever et souffler très fort aujourd’hui route de Grenoble à Nice, au siège de Nice Matin. C’est en effet ce mercredi que le moratoire sur la vente du siège du grand quotidien azuréen ,doit se terminer. Et on ne voit pas bien comment un accord pourrait être trouvé entre l’actionnaire Philippe Hersant et la coopérative représentant les salariés.
Le Groupe Hersant Média, propriétaire de Nice Matin, mais également de La Provence à Marseille, est dans une situation financière assez catastrophique. Selon le Canard Enchainé de ce matin, ses pertes l’an dernier se sont élevées à 82 millions d’Euros, pour un Chiffre d’affaires de 750 millions et un endettement de 215 millions d’euros ! Comme Marsactu.fr vous l’a déjà raconté, GHM ne peut plus rembourser ses banquiers. Et ça généralement, les banquiers ça ne leur fait pas trop plaisir, surtout en ce moment. Du coup, ils ont exigé que Hersant vende des actifs pour remonter du cash, et le plus rapidement possible. GHM a donc cédé la semaine dernière sa participation de 16 %, pour environ 20 millions d’euros dans la société de distribution de spams prospectus en boite à lettres, Médiapost au groupe La Poste, qui possédait déjà l’autre partie du capital. Pas de quoi décrisper pour autant les banquiers. Il reste 195 millions à trouver…
La filiale de petites annonces gratuites, la Comareg, qui édite entre autres Bonjour, est aussi sur le marché. Mais cette société qui a longtemps été une vache à lait , comme on dit à HEC, perd aujourd’hui, beaucoup, beaucoup d’argent. Cette activité est terriblement concurrencée par l’internet. De moins en moins de gens cherchent un job, une voiture d’occasion où un appartement à louer dans ces journaux papiers. Ils vont sur le web. C’est gratuit et plus efficace. Donc chercher à vendre la Comareg aujourd’hui, c’est un peu comme essayer de vendre un fabricant de diligences et de carrioles au début du siècle dernier. Personne ne se bouscule au portillon. Les 2 autres éditeurs de presse gratuite en France , Spir, la filiale de Ouest-France basée à Aix et qui édite Top Annonces, et la S3G filiale du groupe Sud Ouest à Bordeaux, ne sont pas mieux en point. Quelques audacieux consultants essaient bien de faire fusionner ces 3 sociétés afin de freiner l’hémorragie. Mais comme le dit le vieil adage des affaires “additionner 3 grands malades, fait rarement un bien portant“. L’actuel patron de la Comareg, Philippe Bost, vient d’ailleurs d’annoncer sa démission à GHM, et comme pour le PDG de Nice Matin qui a démissionné le mois dernier, les candidatures spontanées n’affluent pas sur le bureau du Directeur des Ressources Humaines du groupe pour prendre leurs places.
Hersant a également essayé d’ouvrir son capital pour trouver un actionnaire minoritaire, mais comme l’écrit ce matin le Canard ” personne ne s’est présenté au guichet, la seule lecture des comptes détaillés a apparemment suffit à les faire fuir”. Il ne lui restait donc plus qu’à tout faire pour décider les salariés de Nice Matin d’accepter la vente de leur siège social, sous forme d’une opération de lease-back, ce qui permettrait à Hersant de récupérer encore une petite dizaine de millions d’euros.
Mais encore ce matin, la coopérative, les syndicats et les salariés de Nice Matin étaient vent debout contre cette opération. On ne voit donc pas comment, Philippe Hersant pourrait faire autrement que d’annoncer aujourd’hui la mise en vente de son quotidien. Même si Philippe n’a pas la réputation d’ être un grand émotif, il aurait été très blessé par les marques d’hostilité de ses salariés et notamment par les fameux slogans ” fai de ben à Hersant, lou ti rendé en cagant”. Il ne parle pas le vieux niçois, mais il a vite compris. C’est vrai que de l’autre côté des Alpes, là ou il vit et manage aussi un groupe de presse, on n’ a jamais vu des salariés dire ça de leur patron, même en valaisan, le patois loooocaaal.
D’ailleurs, selon nos informations, ses services juridiques plancheraient déjà sur un “détricotage ” des liens entre La Provence et Nice Matin. Le schéma serait dont une mise en vente du quotidien niçois, mais GHM conserverait La Provence. La question semble entière en revanche pour Var Matin à Toulon et Corse Matin. GHM les retirera t-il de la vente ? ou les mettra t-il dans la corbeille de la mariée ? Quant au marié potentiel, le prétendant le plus en cour est le beau et riche Vincent Bolloré. Son futur témoin, le Maire de Nice Christian Estrosi pousse le breton à vite se dévoiler. Avec la bénédiction de l’Elysée. Mais pour l’instant, rien ne filtre sur ses intentions, et il n’est pas sur que si Bollo devait sortir le carnet de chèque, il ne se contenterait que de Nice Matin. Dans les médias, il ne sort pas souvent faire du shopping, mais quant il y va, il ne fait généralement pas qu’une boutique, surtout en période de soldes.
Hier à Paris, le Président de Bolloré Médias, Jean-Christophe Thiery, avait invité à déjeuner quelques journalistes pour papoter sur les projets du groupe dans la presse. Si c’est le black out total sur Nice Matin, on a compris néanmoins entre la salade de homard et le bar grillé, qu’ils regardaient avec beaucoup d’attention les évolutions de la Presse quotidienne régionale, pour développer des partenariats avec leurs gratuits Direct Matin et Direct Soir, notamment du côté de Bordeaux et de Sud Ouest. C’est vrai que Pierre Jeantet le patron du grand groupe de presse bordelais, également actionnaire du Midi Libre à Montpellier, et Vincent Bolloré s’entendent très bien. Quant Jeantet était patron du Monde, il avait déjà signé un accord avec Bollo et ses journaux gratuits. Si ces discussions devaient aboutir, elles pourraient donner naissance à un grand groupe de presse locale dans le sud de la France, présent de Nice à Perpignan, et qui réunirait le groupe Sud Ouest, le Midi Libre, La Provence et Nice Matin. Bolloré entrerait au capital de ce groupe en apportant du cash, Hersant et la famille Lemoine, propriétaire de Sud Ouest apporteraient leurs titres contre une participation au nouveau groupe. Au passage, les 2 groupes de presse gratuite , la Comareg et S3G pourraient fusionner avec les gratuits de Bolloré dans ce shéma. La création de cette “arc méditerranéen” dont le grand patron de presse Jean-Luc Lagardère à toujours rêvé, Bolloré peut le réaliser. Et cela donnerait la possibilité à Hersant de rebondir. Mais tout dépend encore de la volonté de ” Vincent” de se lancer dans ces lourdes opérations. Et comme le dit un proverbe breton ” An heni a so mestr d’e sec’hed so mestr d’e yec’hed ” ( Celui qui est maître de sa soif est maître de sa santé).
Réactualisé jeudi 27/06 à 6H: selon une dépêche AFP, Hersant renonce à vendre le siège de Nice Matin. Mais on retourne alors à la case départ. Comment va t-il financer tout ça ?
Pour en savoir plus avec Marsactu.fr :
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Commentaires
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c’est bien triste et dommage tout ce gachi…. les Euros, c’est bien… mais beaucoup vont rester sur le carreau pour ces nbx Euros…
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Monsieur Boucaud,
Certe le paysage publicitaire papier ne va pas bien, certe une migration est en train de s’opérer vers le web. Mais franchement vous etes un journaliste et de dire de telles betises sur la pseudo démission de Philippe Bost, que comareg c’est bonjour … revoyez votre copie et surtout n’écrivez que ce dont vous etes sûr.
Cela dans l’interet que peux présenter le site …
cordialement
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