Le parlement de la Méditerranée attend que la France lui “offre” la Villa Méditerranée

Interview
le 18 Jan 2017
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L'Assemblée parlementaire de la Méditerranée pourrait bien installer son siège dans la Villa Méditerranée. Bien qu'un vote des pays membres sur cette question est prévu pour la fin février, le secrétaire général de cette organisation internationale a répondu à nos questions.

Le parlement de la Méditerranée attend que la France lui “offre” la Villa Méditerranée
Le parlement de la Méditerranée attend que la France lui “offre” la Villa Méditerranée

Le parlement de la Méditerranée attend que la France lui “offre” la Villa Méditerranée

Et si la Villa Méditerranée gardait finalement sa vocation diplomatique ? Alors que les équipes du président du conseil régional Christian Estrosi (LR) travaillent au projet de réplique de la grotte Cosquer, le porte-à-faux du J4 pourrait garder sa vocation internationale. C’est en tout cas l’idée que son prédécesseur Michel Vauzelle (PS) pousse de tout son poids. Il plaide pour qu’elle accueille plutôt le siège de l’Assemblée parlementaire de la Méditerranée (APM), institution au sein de laquelle il préside la délégation française.

Sergio Piazzi, secrétaire général de l’APM

Aujourd’hui située à Malte, cette dernière n’avait jusqu’à présent pas pris la parole directement sur le sujet. Après un premier avis positif du bureau en décembre, les membres de cette organisation internationale, titulaire d’un siège d’observateur à l’ONU, doivent se prononcer les 23 et 24 février prochains à Porto. Christian Estrosi a accepté d’attendre jusqu’à cette conférence pour choisir définitivement entre la réplique et l’APM. En attendant, Sergio Piazzi, le secrétaire général de l’APM, a accepté de répondre aux questions de Marsactu sur les modalités de cette potentielle installation.

Pouvez-nous expliquer où en est le projet d’installation de votre organisation à Marseille ?

La France a fait la proposition à Rome le 16 décembre, elle a exposé aux sept autres membres du bureau qui ont donné un avis favorable à l’unanimité. Maintenant, cela sera tranché en assemblée le 24 février au Portugal. Entre temps, la France doit donner de la substance à sa proposition et présenter ce qu’on appelle un projet d’accord de siège, pour définir tout ce qui sera mis en place pour les questions diplomatiques autour de ce siège. C’est un processus qui existe pour tous les sièges d’organisations internationales. Aujourd’hui, le ministère des affaires étrangères travaille à la préparation de cet accord de siège afin que les membres de l’APM puissent l’évaluer et pour pouvoir le mettre en pratique si l’assemblée vote pour. Le parlement français ratifiera ensuite cet accord, comme tout accord diplomatique.

La Villa Méditerranée serait-elle utilisée tous les jours ou seulement pour les grandes occasions ?

Les deux. Un ou deux étages seront dédiés au personnel, au secrétariat général, et les salles de conférence pourront être utilisées selon les occasions.

L’APM est-elle prête à prendre en charge les presque 4 millions de frais annuels estimés pour ce bâtiment, condition posée par Christian Estrosi pour valider l’idée ?

La question ne se pose pas du tout, parce que ce ne sera pas à charge de l’assemblée, mais offert par la France. Quand vous avez un siège international, l’organisation couvre les frais de fonctionnement, le chauffage, l’internet, etc, mais l’immeuble est mis à disposition par l’État hôte, c’est aujourd’hui le cas à Malte. L’État qui accueille met à disposition les lieux, assure la sécurité, la question des immunités et privilèges diplomatiques. Elle doit mettre en pratique tous les éléments de l’accord de siège pour faciliter les activités de l’assemblée.

Il faut aussi considérer cela comme un investissement pour la France, d’accueillir une organisation unique et dynamique. C’est l’unique organisation au monde où Israël et Palestine, Turcs et Syriens, Tunisiens et Algériens sont assis à la même table. Pour la France, c’est une valeur ajoutée énorme, un message que l’on envoie. C’est le seul endroit pour parler de l’aide humanitaire pour la Syrie ou de l’eau à Gaza. Cela donnerait beaucoup de poids à la France. Nous sommes un instrument de diplomatie parlementaire au service de nos pays, de l’ONU. Oui, il y a des frais, mais qu’est-ce que la France gagne en retour ? Jouer un rôle clé en Méditerranée.

Quels atouts voyez-vous à la candidature de Marseille ? 

En tant que secrétaire général, je ne peux évoquer que les points techniques et non pas politiques. Je peux déjà dire que Marseille est au cœur de la Méditerranée. Nous avons déjà tenu plusieurs conférences ici, M. Vauzelle nous connaît très bien et M. Estrosi aussi puisqu’il nous a accueillis à Nice. Nous travaillons en anglais, en français, en arabe, et Marseille est le lieu idéal pour trouver des personnes qui parlent les trois langues et qui ont la formation académique qui va avec. C’est un réservoir formidable.

La Villa Méditerranée est déjà toute équipée, il y a un aéroport avec beaucoup de vols à destination des capitales des pays représentés dans l’Assemblée, sans parler du train qui permet de rejoindre Paris où se trouvent toutes les ambassades.

Il y avait d’autres pays intéressés, mais il sera difficile de convaincre face à une option comme la Villa Méditerranée, tous les pays ne peuvent pas offrir la même possibilité. De son côté, Malte essaye de nous convaincre de rester et c’est bien normal. La prochaine étape, c’est l’Assemblée qui doit donner sa validation en février.

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Commentaires

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  1. robert robert

    Cette proposition ne résoudra pas le problème du coût pour les contribuables et de plus “privatisera”une partie significative de l’esplanade
    Une solution qui exclut les marseillais … pour le bénéfice d’une renommée pour le moins confidentielle

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  2. Manipulite Manipulite

    Le caprice de Vauzelle continuerait donc à coûter très cher pour une opération de prestige sans efficacité diplomatique et hors des compétences de la Région.
    Au fait quelle est la position de ce “Parlement de Méditerranée” sur la dernière résolution de l’ONU (votée par la France) sur les territoires occupés par Israël ? Résolution contestée par Netanyahu et son ami Estrosi, président du Conseil régional et planteur d’oliviers subventionnés dans les colonies de Cisjordanie.

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  3. Vince Vince

    Qui paiera la réplique de la grotte cosquer ? L’idée du parlement est intéressante car elle donnerait a Marseille une influence sur un territoire clé pour son développement économique. Quand a son poids politique, comme chacun le sait il dépend de la volonté et du talent des hommes qui le compose. C’est une opportunité pour ceux qui ont une vision du rôle de notre “bonne” ville.

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