Parc national des Calanques : rapport critique de la commission d'enquête
On l’avait annoncé après un tour dans les bureaux en novembre à une semaine de la clôture des registres. La publication jeudi du rapport de la commission d’enquête sur le parc national des Calanques est venue apporter « la confirmation que la participation a été très forte », glisse Benjamin Durand, le directeur par intérim du groupement d’intérêt public (GIP) des Calanques (qui préfigure le futur établissement public). Les lettres reçues « loin de se cantonner à la région marseillaise, ni même à la Provence, venaient de toute la France et dans quelques cas de l’étranger », note le document.
Alors que le projet Vieux-Port a plafonné à la centaine, les Calanques atteignent 4484 contributions, dont 2451 favorables, 1768 contre et 265 indéterminées. Même si ce n’est « pas un référendum » et s’il n’est pas « possible de peser le poids réel » des uns et des autres, une tendance se dégage clairement pour les commissaires : « si le concept de parc national des calanques semble majoritairement admis, il n’en va pas de même de sa version actuelle dite V3″. D’ailleurs les contributions s’apparentaient plus pour la plupart à des « oui mais » ou des « non en l’état », écrivent-ils.
Mais encore ? Basé sur des avis plutôt locaux, mais avec un regard extérieur, le rapport de 13 pages et les 4 pages de conclusions qui l’accompagnent se montrent, comme les instances nationales (autorité environnementale, conseil national de protection de la nature…) qui se sont penchées sur la charte, très critiques. Et demandent « des choses assez fortes », reconnaît Benjamin Durand.
Désintox
Dans un style plus direct que d’autres, il commence par démonter une bonne partie des lieux communs sur le parc, sur lesquels avait notamment surfé le député UMP Renaud Muselier. Possible candidat à la mairie de Marseille en 2014, il avait souligné alors que la collectivité adoptait en conseil municipal un soutien à reculons à la V3 « les craintes » de « ceux qui se sont sentis floués en découvrant l’étendue de l’aire protégée en craignant de ne plus avoir voix au chapitre dans un parc dirigé par l’Etat, en voyant leur territoire, jusqu’alors entretenu bénévolement, gelé par les interdictions ». Et disait « partager l’inquiétude de ceux qui craignent d’être broyés par une machine bureaucratique ».
L’inutilité d’un parc déjà protégé de longue date par ses usagers et des outils juridiques (Natura 2000, sites classé etc.) ? La première partie est « exagérément optimiste » et la seconde oublie la « disparité des acteurs » que le parc permettra de « fédérer », répondent les commissaires. Le sentiment de « dépossession » ? Il est compréhensible mais « ne correspond pas à la réalité de la charte, en particulier dans sa traduction gestionnaire qui fait la part belle aux intérêts locaux« , poursuivent-ils. L’absence d’écoute, de concertation ? « Le GIP a utilisé tous les moyens de diffusion disponibles pour rendre l’information accessible au public », et certaines mesures portent la marque de compromis importants, soutient la commission.
Un parc dominé par des Parisiens, soumis au diktats d’un bureaucrate tout puissant ? « A suivre leur logique, il faudrait renoncer à un parc national et y substituer un parc régional », fait mine de s’interroger la commission. En même temps, France Gamerre, adjointe de Jean-Claude Gaudin, a soutenu au conseil de Marseille Provence Métropole une telle mesure… Plus sérieusement, « la composition du conseil d’administration reflète une forte imprégnation locale », notent-ils, en rappelant que « le directeur doit être indépendant des groupes de pression ».
Plus de pêcheurs au CA
Ils reconnaissent cependant que « le monde de la mer, de l’aveu même du porteur du projet (comprendre le GIP, ndlr), est sous-représenté ». Et de préconiser d’inclure au CA un représentant des petits métiers et des bateliers, et au conseil économique, social et culturel (instance de concertation permanente du parc) de davantage d’associations de protection de l’environnement, de plaisanciers, de prudhommies, du recteur d’académie… Pas sûr que cela soit permis par l’Etat qui, au moins pour le CA, a bataillé ferme pour éviter la prolifération des sièges malgré le caractère à la fois terrestre, marin et péri-urbain du parc.
Pas sûr non plus que cela apaise les pêcheurs professionnels, vues les critiques adressées à la charte. A les écouter, les zones de non pêche (ZNP) seraient à revoir entièrement. Il faut dire que leur « contestation [est] quasiment générale » et que « le porteur de projet [convient] lui-même des faiblesses ». C’est « un des points très forts du rapport mais aussi l’une des problématiques les plus débattues », réagit Benjamin Durand. « Il très difficile d’arriver à un compromis, souvent trop faible pour les pro-parc et trop contraignant pour les usagers ».
Mais plus de zones de non pêche
La commission évoque notamment des propositions avancées de ZNP « qui ne manquent pas de pertinence » comme le plateau des Chèvres, les calanques d’En Vau et de Port-Pin. En attendant la réaction des différents acteurs (élus, associations…), que Marsactu s’efforcera de multiplier lundi, Benjamin Durand prévient d’emblée : « on ne peut pas envisager de tout chambouler ». Sous entendu le compromis ne satisfait personne mais il a été assez dur à trouver pour ne pas remettre tout en cause…
Cela dit, comme pour le reste, « tout cela va être soumis aux instances du GIP et débattu ». En tenant compte bien entendu des différents « arbitrages politiques et de l’Etat ». Et en s’appuyant, rappelle-t-il, sur deux autres sources : la consultation institutionnelle, qui a donné lieu à plus de 140 réponses, et l’avis de l’autorité environnementale (lui aussi gratiné on l’a dit, y compris sur les ZNP…). Au programme : le 4 janvier commission parc « plutôt une instance de débat, qui regroupe le conseil d’administration et des personnalités intéressées », qui permettra un premier échange avant l’assemblée générale le 20. Ça promet, car concernant les usages, comme le périmètre, la commission lance aussi de sacrés pavés dans la mare (deuxième partie).
Disclaimer : Pour la transparence que nous devons à nos lecteurs, nous vous informons que Raj Médias la société actionnaire de Marsactu réalise des missions de conseil internet pour le GIP des Calanques
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Commentaires
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Julien,il serait intérréssant,de connaître les assurances que le Prefet avait fait à Condé concernant la chasse dans le parc.
Compte tenu des propositions de l’enquete publique, qui ne peut imaginer un seul instant ,un tel parc avec de la chasse.
Serait-ce un début d’explication, de l’attitude de la préfecture envers un individu pareil?
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Il serait temps que les magouilles clientélistes en coulisses finissent. Dans ces histoires, des minorités de privilégies veulent conserver leurs prérogatives aux dépends de la majorité.
Autant supprimer les enquêtes publics, rapports, réunions de conseils municipaux et même la démocratie. Ça sera plus clair…
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