Parc national des Calanques : la rade Sud dans la balance
Face à l’opposition tenace au projet de parc des Calanques, du moins tel qu’il se dessine, Guy Teissier avait cru trouver la parade parfaite : le président du groupement d’intérêt public (GIP) qui préfigure le parc proposait vendredi dernier de retirer le pourtour des îles du Frioul et la rade Sud de Marseille du coeur du périmètre.
En lâchant du lest vis-à-vis des plaisanciers, les usagers les plus actifs dans le collectif Calanques Marseillaises Libres, le maire du 9/10 (UMP) pensait éviter le clash et faciliter la création du parc. Avec l’espoir que les associations et élus qui comptent manifester ce samedi pour un parc plus ambitieux se disent qu’un « tiens » vaut mieux que deux « tu l’auras ».
Problème : alors même que Guy Teissier se préparait à lancer son plan de sauvetage de la concertation, la nouvelle ministre du Développement durable Nathalie Kosciusco-Morizet prenait sa plume pour coucher dans un document de dix pages, que la Marseillaise s’est procurée, sa feuille de route à l’attention du préfet. Et pendant qu’un souffle de soulagement traversait la quasi-totalité du conseil municipal de ce lundi (UMP, PS et PCF ont exprimé leur satisfaction), la lettre arrivait sur le bureau d’Hugues Parant. Qu’y lit on ? Que NKM tient à ce qu’il soit « le premier parc national de métropole véritablement marin ». Traduction : le Frioul et la rade Sud doivent rester dans le coeur. Et si concessions il y a, rapporte La Provence, elles devront être « prioritairement sur le périmètre terrestre ».
De quoi donner des billes aux anti-parc, sur le mode « ces Parisiens qui veulent nous dicter leur loi ». Dans la foulée de sa publication de leur campagne de communication, La Provence écrit d’ailleurs que la ministre « demande au préfet des Bouches-du-Rhône de réintégrer le Frioul et la rade Sud ». Et tant pis si la décision n’a pas encore été adoptée en assemblée générale – prévue le 17 décembre et repousée en janvier… Didier Reault, conseiller municipal UMP délégué à la Mer la joue ferme face au ministère, assurant à La Provence avoir le soutien de la population qui n’acceptera pas le parc sans cela : « On est prêts à aller au bras de fer. » Bilan des courses : la mesure n’est plus une concession mais presque un dû. Du côté du cabinet de la ministre, on cherche avant tout à désamorcer la polémique : « cette lettre donne les premiers arbitrages, qui restent ouverts. D’ailleurs le préfet a pour instruction de poursuivre la concertation et le ministère recevra les différents acteurs avant Noël. »
Adjoint au maire du 1er secteur délégué au Frioul, Eric Scotto reprend dans le quotidien régional l’argument de Guy Teissier selon lequel « nous n’aurions pas les moyens de faire respecter les contraintes » du coeur de parc dans la rade Sud. Une idée à laquelle veut tordre le cou le porte-parole des Verts marseillais Sébastien Barles : « c’est une question de volonté politique ». Plus précisément de moyens. Sans de solides assurances dans sa hotte sur les capacités de contrôle, NKM ne pourra pas faire mentir Eric Scotto. Au vu du budget 2011, c’est déjà mal parti : comme le dénonçait la CGT Environnement, le ministère « demande aux 7 parcs « anciens » de faire des économies pour des redéploiements permettant aux 2 nouveaux parcs de prendre leur essor ». Le tout avec 19 équivalent temps plein supprimés.
Dommage, car avec le parc national des Calanques, Marseille joue son image, assure Thierry Tatoni, professeur à l’université Aix-Marseille III. Il faudra faire passer le message à Jean-Claude Gaudin, qui se montre toujours très soucieux de l’image de la ville et pousse pourtant pour retirer la rade Sud, mais aussi les Goudes du parc.
Les supporters du parc national contre-attaquent avec une manif samedi, sur Marsactu
Des boues rouges dans le parc des Calanques : un scandale écologique ?, sur Marsactu
Chantal Jouanno fait le SAV du parc des Calanques, sur Marsactu
Commentaires
L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.
Vous avez un compte ?
Mot de passe oublié ?Ajouter un compte Facebook ?
Nouveau sur Marsactu ?
S'inscrire
Je ne comprends pas bien votre formulation “Didier Reault, conseiller municipal UMP délégué à la Mer la joue ferme, assurant à La Provence avoir le soutien de la population qui n’acceptera pas le parc sans cela : « On est prêts à aller au bras de fer. » Bilan des courses : la mesure n’est plus une concession mais presque un dû.”
Réault est pour que la rade sud soit inclue dans le coeur marin du Parc ou il est pour l’exclusion comme Teissier?
Par ailleurs je ne suis pas d’accord avec votre analyse sur les moyens. Il s’agit bien de volonté politique, je sais bien que nous somme à Marseille, capitale de l’embrouille et du je fais ce que je veux, mais c’est parce qu’il n’y a pas de volonté politique.
Se connecter pour écrire un commentaire.
Merci pour les précisions. C’est sans surprise donc. Ces élus sont des spécialistes du greenwashing électoral.
Réault affirme avoir le soutien de la population, je ne sais pas d’où il sort cela mais il n’a pas le mien en tout cas.
Se connecter pour écrire un commentaire.
Une fois de plus charcutage et embrouilles prévalent dans ce dossier… marseillais pur sucre!Qui y comprend encore quelque chose, entre les coups de gueule de matamore des uns ou des autres? JC Gaudin ce matin encore dans la Provence prétend que “Paris ne peut rien imposer à Marseille”… encore la théorie du complot des Parisiens et nous, pôvres marseillais, dos au mur… ou plutôt dos au Frioul, arqueboutés sur une “négociation”… on sait ce qu’il advient de ces pseudo-négociations : ce ne sont pas les gabians, les girelles et oiseaux des calanques qui en tireront le meilleur bénéfice, mais les politiques marseillais, …encore une fois!
Se connecter pour écrire un commentaire.
Encore une fois, tous les extrémismes mènent à des échecs. Il existe des usagers du milieux marin. Retirer une partie de la rade sud et un partie du Frioul est une bonne mesure. Comme l’indique Monsieur Tatoni, ce parc concerne une grande métropole. Il est raisonnable d’en tenir compte. Vous tenez des propos excessifs et insultants. Avez vous prix connaissance du périmètre du cœur de parc ? Comme croire que cet ajustement minime porte un coup fatal au PN ? C’est ridicule. En revanche cette modification légère permet l’adhésion de tous a ce fabuleux outils de protection des milieux. On ne peut pas imposer les vues radicales à une population et imposer un parc contesté de fait pas les usagers du milieux marin.
Pour ceux qui ne sortent jamais en mer, il est facile de réclamer un coeur de parc sans mesure. Ce genre de comportement n’est pas constructifs et pour le coup les élus ont joué leur rôle dans ce dossier.
Les pro parcs devraient accepter que le principe des compromis est l’essence même de la démocratie. Ca leur évitera d’insulter les responsables de ce projet à tord et à travers.
Se connecter pour écrire un commentaire.
Ils sont surs d’avoir le soutient de la population? ils verront bien aux éléctions.
Nous , nous sommes pour l’abandon pur et simple de cette énormité, pondue par des mégalomanes assoiffés de popularité.C’est une spoliation de toute la cote Marseillaise, afin de la livrer en pâture aux croisièristes, tout-opérators et affairistes de tous genres. Ce méga parc, à court terme; commencera à Carro et finira à l’ile verte de la Ciotat, puis rejoindra celui de Port Cros.
La Louisiane Européenne sera créée, mais sans les Marseillais, comme en Chine pour les JO, comme en Afrique du Sud pour le mondial.
Marseille va devenir , d’un coté, une vitrine et de l’autre, la cour des miracles. Comme à la réunion, les retombées économiques seront pour d’ autres, par pour les Marseillais.
NON AU PARC DU BUSINESS ET DU TOURISME DE MASSE.
Se connecter pour écrire un commentaire.