Pape Diouf, dernier espoir du Sursaut

Pape Diouf, dernier espoir du Sursaut

Pape Diouf se tâte et cela fait des mois que cela dure. Partira, partira pas aux prochaines municipales ? Et sous quelle couleur politique ? De sources concordantes, l'ancien président de l'Olympique de Marseille devrait annoncer sa décision lundi 20 janvier, au cours d'une conférence de presse. Même si certains de ses proches continuent d'entretenir le flou sur la date précise de sa décision : "Il rendra publique sa décision dans la semaine du 20…"

Du côté du Sursaut avec lequel les discussions sont les plus avancées, on a accéléré le compte à rebours : "Nous devons arrêter définitivement notre stratégie ce mardi avec l'idée de partir en campagne dès mercredi, explique un de ses animateurs, l'écologiste Sébastien Barles. J'espère que nous aurons eu la réponse de Diouf d'ici là".

La question intéresserait jusqu'au plus haut sommet de l'État puisqu'on prête à l'ancien journaliste sportif une récente visite vespérale à l'Elysée. Le nom de Pape Diouf n'apparaît pas dans l'agenda du chef de l'Etat. En revanche, le sien regorge de rendez-vous : il a multiplié les rencontres politiques, du Modem de Bennahmias à la convention citoyenne de Philippe Sanmarco. "À chaque fois, il a des objectifs distincts, précise Sébastien Barles, l'un de ses interlocuteurs. Quand il voit Sanmarco [ancien secrétaire général de la ville sous Gaston Defferre et candidat sur les listes Gaudin en 2008, ndlr], c'est pour comprendre comment fonctionne la Ville et comment on peut la réformer". Un commentaire qui laisse entendre qu'il se prépare sérieusement à la campagne et à la gagne.

Rencontres à tout-va

Sur les questions d'urbanisme, il a rencontré André Jollivet, le président de la maison de l'architecte et membre du Sursaut. Il s'est aussi entretenu avec les deux animateurs des Groupes d'actions métropolitaines (GAM), Jean Viard et Jacques Boulesteix, qui – dit-on – étaient en charge de le ramener vers la liste de Patrick Mennucci où l'attendait une candidature dans les 9e et 10e arrondissements. "Ce n'était pas cela, rétorque l'astrophysicien et conseiller municipal. Je fais partie de ceux qui pensent que Marseille a besoin d'inventivité et d'expérimentation. On ne peut pas laisser l'avenir de Marseille aux seuls techniciens et élus. C'est pour cette raison que j'ai rencontré Pape Diouf à l'automne et, à nouveau récemment en compagnie de Jean Viard".

Jacques Boulesteix n'est pas beaucoup plus disert sur l'issue de ces rencontres. En revanche, il dresse un portrait flatteur de l'homme : ouvert, synthétique, "il s'inscrit dans une logique d'humanisme et d'efficacité". Si l'homme est à l'écoute, il n'est pas franchement bavard sur ces intentions. Jusqu'à la semaine prochaine, Pape Diouf refuse toute communication médiatique. D'après ce qu'en disent ses interlocuteurs, Pape Diouf poserait comme condition la nécessité d'un large rassemblement. Et c'est là que cela coince. Parmi les futurs candidats du Sursaut, certains ne veulent pas entendre parler d'une alliance avec le Modem.

Quant au Front de gauche, l'assemblée générale du Sursaut a voté début janvier le principe d'un rapprochement avec les listes menées par Jean-Marc Coppola. Durant plusieurs semaines, les contacts étaient quotidiens entre les deux mouvements. Les discussions ont fini par échouer ce vendredi. "On ne partira pas avec le Front de gauche, affirme Sébastien Barles, d'un ton plutôt amer. Les discussions n'ont pas abouti. Nous en avons pris acte ce vendredi midi de cet échec. C'était compliqué, le Front de gauche compte trois composantes et ils considéraient le Sursaut comme une quatrième sans prendre en compte l'aspect citoyen de notre projet".

Pas de Sursaut avec le Front de gauche

"Le Sursaut donne parfois l'impression d'avoir le monopole de l'engagement citoyen, s'agace Ludovic Tomas, co-directeur de la campagne du Front de gauche. Mais nous ne sommes pas hors-sol ! Nous présenterons dans les prochaines semaines la présence à nos côtés de plusieurs personnalités qui ont un engagement politique sans être membre d'un parti. Nos propositions ne sont pas insultantes. Elles sont réalistes par rapport aux projections basées sur les résultats électoraux précédents. Elles comportent des places dans les 5/6 premiers de liste dans tous les secteurs et une tête de liste. Je ne suis pas sûr qu'on puisse aller beaucoup plus loin dans les concessions voire dans les sacrifices."

Sur le plan du programme aussi, les discussions ont achoppé, notamment sur la métropole entre les pros (le Sursaut) et les antis (Front de gauche). Les scénarios commencent donc à s'amenuiser pour les défenseurs d'une liste citoyenne et écologiste : faire un coup sur quelques secteurs, tenter de rassembler les collectifs épars aux quatre coins de la ville ou espérer encore et toujours l'homme providentiel : Pape Diouf.

Sans Europe écologie, sans le Modem, sans le Front de gauche, le chemin semble de plus en plus étroit. Le rassemblement de personnalités vendu par Barles ne tiendrait que par l'aura attribuée à l'ex-président de l'OM. Lundi, le suspense devrait prendre fin. Si Diouf ne s'engage pas, certains pourraient bien se réveiller en sursaut. Et à poil.