Où sont les terrains que l'État veut solder à Marseille ?
Où sont les terrains que l'État veut solder à Marseille ?
"Sur les neuf terrains, il n'y en a que deux qui sortent du chapeau – et c'est très bien – pour les autres il y avait déjà un calendrier de cession prévu". C'est la première réaction nuancée de l'adjointe au logement de la mairie de Marseille, la centriste Arlette Fructus, après la communication de la liste des terrains de l'État qui devraient bénéficier d'un rabais de plus de 35% – plafond actuel – allant jusqu'à la gratuité. Voilà la carte :
Pas étonnant que ces sites marseillais de différents ministères (Défense, Intérieur, Éducation) étaient pour la plupart promis à la vente, répond le ministère du Logement, dont la locataire Cécile Duflot a présenté ce mercredi en conseil des ministres son projet de loi de "mobilisation générale" (sic) : ses services ont visé "des terrains déjà dans le viseur des collectivités pour des projets plus ou moins aboutis mais qui se heurtaient à la question du prix. C'est la décote la grosse nouveauté".
Cette précision apportée, Arlette Fructus estime bienvenu que "l'État mette la main à la pâte. Le problème de raréfaction du foncier plombe les opérations de logements sociaux. Comment voulez-vous en proposer quand vous rachetez la caserne d'Aurelle à 10 millions d'euros [7e arrondissement, initialement pour construire un collège mais où la maire prévoit un programme immobilier en complément, ndlr]. Mais j'attends de voir quelles modalités on va nous proposer". Bref, c'est toujours ça de pris pour une collectivité pauvre dans un territoire où les demandes se comptent en dizaines de milliers.
Formule pas encore arrêtée
Exemple avec le terrain d'environ 400 m2 situé rue Nationale (1er) : "on est déjà en cours d'acquisition, dans le cadre de l'opération Grand centre ville, est-ce que l'on va réviser le prix ?" Oui, répond le ministère, "en fonction du projet". Au-delà du principe – "plus il y aura de logements sociaux, plus la décote sera forte" – il invite à attendre le décret qui suivra la loi – avant un examen le 10 septembre par le Sénat – pour connaître la formule précise de détermination du rabais.
Arlette Fructus regrette en tout cas de ne pas avoir été consultée à propos de la liste. "On aimerait bien savoir comment ils ont été choisis. Il faudrait une méthode cohérente via une concertation pour savoir ceux sur lesquels on peut être réactifs pour accélérer les cessions." Si le recensement a été mené exclusivement par les services du ministère, le dossier de presse promet que de nouvelles dispositions iront "de pair avec une gouvernance renouvelée de ce dispositif pour permettre d’accélérer la cession effective des terrains déjà identifiés", sans qu'il soit pour l'instant possible d'avoir davantage de précisions sur ce point.
Quatre des terrains déjà vendus
Illustration : dans la liste, on retrouve l'ancienne caserne de gendarmerie de la Guillermy (15e). "Un gag" selon Samia Ghali, la maire socialiste du secteur. "Le terrain menace de s'effondrer, est inondable et situé en bordure d'une autoroute, qui constitue le seul accès", entame-t-elle. Pire : "c'est ahurissant que les services de la préfecture l'aient intégré alors que ce terrain a déjà été racheté par un promoteur immobilier pour construire des logements sociaux. J'avais refusé comme je l'avais fait quand on voulait y installer des Roms." Une opposition rejointe par Arlette Fructus.
A Bel Air (14e), le terrain a été acquis par la mairie et revendu à SNI pour un projet de 80 logements dont 40 sociaux. Idem à Plombières, où le rachat de l'ancienne caserne Cardot dans le cadre d'une opération Anru a été acté lors du conseil municpal du 25 juin. A Arenc, à deux pas de la tour CMA CGM, un terrain présenté comme appartenant à la DDE du Var est en fait propriété d'Euroméditerranée depuis plus d'un an, qui l'a acquis auprès de la SNCF. Un immeuble y accueille encore des locataires et à terme un programme mixte bureaux-logements dont certains sociaux devrait sortir de terre.
Quatre occasions de moins pour bénéficier d'un rabais qui en allégeant le coût des opérations aurait peut-être pu gonfler le nombre de logements sociaux projetés. "Cette liste a été réalisée en mars et va être mise à jour avec une publication mi-septembre. Nous avons demandé aux préfets de faire remonter des informations pour l'affiner et l'enrichir", précise le ministère du Logement. De nouveaux terrains pourraient donc être proposés à Marseille.
Au sud, rien de nouveau
Autre critique, venue des rangs de la gauche : la répartition sur la ville, avec un seul cas dans le sud, un site militaire à Sainte-Marguerite. "Comme par hasard, on trouve encore des terrains sur les 13e et 14e arrondissements. On peut peut-être aussi en trouver dans le 6e, le 7e, le 8e, le 12e, par exemple. Il faut faire un effort d'équilibre et de juste répartition sur l'ensemble des territoires", réagit Garo Hovsépian. Même s'il se déclare favorable à la construction de logements pour étudiants sur le site universitaire de Saint-Jérôme (avenue Normandie-Niémen et rue du Pèbre d'Ail).
Le fait est connu : si elle approche les 20% de logements sociaux exigés par la loi SRU (objectif que le projet Duflot veut faire passer à 25% avec des sanctions accrues), Marseille accuse toujours un déséquilibre flagrant, y compris en terme de constructions nouvelles, entre arrondissements de la ville. "Ca ne résout pas le problème du rééquilibrage, reconnaît Patrick Mennucci, député et maire du 1/7 (PS). Mais c'est déjà pas mal, soulignez déjà le côté positif".
Du côté de la mairie de Marseille, le sujet est toujours sensible. Le dernier programme local de l'habitat (PLH) de la communauté urbaine, construit sous l'impulsion de la mairie pour ce qui concerne son territoire, est loin de rattraper cette mauvaise tendance. Interrogée, Arlette Fructus affirme "tenir compte des réalités des possibilités de production", mais s'empresse immanquablement de revenir à la perspective plus large de la ville, "où l'on est à 30% et non 20%. On fait des efforts, comme la délibération du conseil municipal de mai accordant des conditions préférentielles de vente pour les logements sociaux dans les zones d'aménagement concertées".
Il n'empêche : à l'angle du boulevard Louvain et de l'avenue du Prado, en plein coeur du si dépourvu 8e, l'appel à projet de la mairie n'impose aucune condition en la matière. Dommage : le foncier étant ici déjà propriété de la collectivité, l'occasion était idéale et ne nécessitait aucun coup de pouce de l'État…
Article actualisé le 6 septembre à 13h avec la précision du ministère du Logement concernant l'actualisation de la liste.
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Avenue de l’Escadrille Normandie-Niemen : le terrain des Estudines est prévu pour être aménagé en espace public de voirie dans le cadre de l’opération de Bus à Haut Niveau de Service Château-Gombert / Saint-Jérôme. Cela ne permettra sûrement pas de créer des logements supplémentaires !
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12 bis et 12 ter rue d’Anthoine : le terrain fait parti de la ZAC CIMED d’Euroméditerranée. Il était déjà prévu à terme la construction de logements neufs à cet endroit.
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