Opéra et Vélodrome : Jean-Claude Gaudin veut se séparer de ses bijoux de famille

Actualité
le 1 Juin 2017
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En juillet prochain, le conseil métropolitain doit décider quels équipements devront être transférés à la métropole en janvier 2018. Le maire de Marseille a bien l’intention de poser dans le panier de la mariée deux symboles marseillais fort coûteux : l’opéra et le stade Vélodrome…

Illustration Orange.
Illustration Orange.

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Le 15 juin, les 92 maires de la métropole ont rendez-vous pour une réunion à hauts risques. Le conseil des édiles d’Aix-Marseille Provence aura la lourde tâche de mettre en débat la liste des équipements communaux, liés au sport, à la culture et aux cimetières qui seront transmis à la métropole avant la date butoir du 1er janvier 2018. On aurait pu croire les maires fort rétifs à voir monter à la métropole leur stade de foot, bibliothèque ou théâtre. Il n’en est rien, bien au contraire. Pour ce qui est des équipements culturels, 38 communes ont fait le choix d’inscrire le transfert d’un de leurs bijoux de famille vers l’échelon supérieur de l’intercommunalité.

En la matière, le maire de Marseille n’est pas ingrat. Lors du repas de presse préparatoire au dernier conseil métropolitain, en mai, il se disait tout disposé à voir transférer deux symboles communaux d’envergure : l’opéra et le stade Vélodrome. “Je crois que l’intérêt communautaire de ces deux équipements n’est plus à démontrer. Les amateurs d’opéra comme de football viennent de tout le département, voire de plus loin. Et, pour l’opéra, cela permettra enfin d’obtenir des aides que nous avons tant de mal à avoir jusque-là.” La tirade est usée comme le cuir du fauteuil du maire. On le sait, le budget de l’opéra est très largement dépendant d’une subvention d’équilibre municipale de 19 millions d’euros. L’aide du département ne vient que peu alléger cette charge.

“Attention, prévient Daniel Gagnon, vice-président dédié à la culture. Nous ferons très attention aux conditions. Les communes devront également transférer l’intégralité des subventions qu’elles versent. Il n’est pas question que cela coûte un sou de plus à la métropole. Nous sommes très regardant, y compris sur les charges de personnel et les consommations courantes comme l’eau et l’électricité.” Or, si d’importants travaux ont déjà été réalisés notamment pour rendre étanche le toit de l’opéra, la liste des chantiers est longue comme une aria.

Des travaux à l’opéra avant 2024 ?

Dans un entretien au journal culturel Zibeline en 2014, le patron de l’opéra Maurice Xiberras reconnaissait que les travaux avaient été remis à plus tard : “On assure la maintenance et la sécurité mais ce serait bien que les travaux soient achevés en 2024 pour le centenaire de la réouverture de l’opéra”. En le transférant directement à la métropole avant la fin de l’année, il pourrait trouver une manière de faire payer par d’autres les coûts de la rénovation.

Pour le Vélodrome, le problème est inverse. Rénové à grands coups de centaines de millions d’euros dans le cadre d’un partenariat public-privé controversé, le stade Vélodrome est flambant neuf. Quant à son intérêt métropolitain, personne n’en disconvient. En revanche, avec le transfert du stade et de son carré vert, la métropole se prendrait une belle charge financière. “Cela représente au bas mot 15 millions par an pendant 35 ans, calcule à la louche Benoît Payan, président du groupe socialiste au conseil municipal de Marseille, qui a demandé une mission d’information sur ce contrat. Je souhaite bien du courage à mes collègues de la métropole, une telle annonce devrait faire réagir”.

“Unique et indispensable”

Pour l’heure, le groupe de travail présidé par le maire de Marignane Éric Le Dissès n’a pas mis le Vélodrome à l’ordre du jour. Il s’est attelé au transfert de piscines pour assurer “le savoir-nager” des petits métropolitains. Mais le transfert d’équipements sportifs communaux existants “revêtant un caractère unique et indispensable” est également prévu par les textes si les maires y sont favorables. Gaudin devra toutefois convaincre ses collègues métropolitains d’assumer le coût du stade pour les prochaines 35 années. Il pourrait bénéficier d’un délai pour les laisser soupeser le pour du contre : la métropole a demandé au gouvernement de pouvoir étaler le transfert des équipements jusqu’en 2020. En commençant par le plus simple, c’est-à-dire ni l’opéra ni le stade.

Pour faire passer la pilule, le maire est prêt à quelques concessions et reconnaît sans hésiter le caractère métropolitain de la nouvelle arena d’Aix, dont la construction a été lancée quelques mois avant l’avènement de la nouvelle métropole. Mieux, il ne souhaite plus voir réaliser une autre arena au cœur du parc Chanot, à deux pas du Vel’, dans un rêve de quartier métropolitain dédié aux sports et au spectacle. Mais il espère bien rénover le palais des sports en contrepartie. Alors pour qui la facture ?

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Commentaires

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  1. LaPlaine _ LaPlaine _

    Le Grogodin, toujours l’art de refiler la patate chaude à quelqu’un…

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  2. reuze reuze

    Pour être métropolitain, un équipement doit notamment avoir une desserte en transports suffisante.
    Sinon c’est juste un équipement municipal ou “de territoire”.
    Je doute que ce critère pèse lourd face à l’appât du transfert de charges financières, si tant est qu’il soit même considéré.

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  3. mrmiolito mrmiolito

    Il est vrai qu’en transférant les 15 millions de dette par an liées au PPP de notre bel éléphant blanc (le Stade Vélodrome Orange donc), on passe de 17 euros par an et par habitant pendant 35 ans (en prenant seulement les 858 000 habitants de Marseille) à 8 euros par an et par habitant pendant 35 ans (en prenant toute la population de la métropole soit 1 876 000 habitants). Habile dilution pour rendre la note invisible quelque part sur une ligne budgétaire bien cachée…

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      Euh, ce n’est pas ce que je comprends de l’article : le transfert de l’équipement doit s’accompagner du transfert de la subvention correspondante, si je lis bien. Les Marseillais vont donc continuer à payer pendant trois décennies…

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  4. Germanicus33 Germanicus33

    De la villa cédée à Solange Biaggi aux Catalans, l’ancien dépôt RTM vendu à Georges V, aux permis de construire contre des monuments historiques (Fort Saint-Nicolas, Saint-Victor, rempart de Louis XIV, ND dela Garde… ce maire aura été une catastrophe pour Marseille….Il ne peut s’enorgueillir que des projets lancés par Robert Vigouroux (MuCEM, Nouveau Pharo, lignes de métro…
    Place aux jeunes !

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  5. Assedix Assedix

    En tout cas si ça peut permettre à l’opéra municipal d’être associé au festival d’Aix, ça me paraît plutôt une bonne nouvelle…

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    • Hde mars Hde mars

      Si le festival d’aix voulait integre l’opera de marseille dans sa programmation cela serait fait depuis longtemps

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    • Assedix Assedix

      Évidemment, mais puisque la métropole est partenaire de l’événement, il ne serait pas aberrant qu’elle fasse valoir auprès des organisateurs le fait qu’elle dispose justement d’un opéra dans les environs… Cela dit, je ne connais ni les personnes impliquées dans le dossier ni leurs arrières pensées et j’essayais simplement d’imaginer le bénéfice qui pourrait être tiré de ce transfert de responsabilité

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  6. Laurent Lhardit Laurent Lhardit

    Très bonne enquête conjointe du journal Le Ravi et de Marsactu sur la tentative de Jean-Claude Gaudin de refiler à la Métropole la charge du stade Vélodrome. La ville de Marseille croule sous les dettes et il était donc prévisible qu’elle cherche à les alléger sur le dos de la Métropole. Opéra, Stade Vélodrome, il y a bien sur une logique à vouloir mutualiser la charge d’équipements qui bénéficient à des publics largement situés au delà des limites de la ville. Sauf que la rénovation du stade et le PPP qui l’accompagne coûtent beaucoup plus cher qu’ils ne le devraient et qu’il s’agit donc de faire payer par la Métropole l’incompétence qui a présidé à des choix et des négociations qui ne relèvent que de la majorité municipale marseillaise.
    L’autre problème de fond, c’est que la négociation qui s’engage va probablement donner lieu à un grand marchandage et on voit mal comment le président de la Métropole pourra refuser en échange de mutualiser d’autres dettes ou de faire de jolis petits cadeaux à des communes toujours avides de voir une partie de la manne métropolitaine bénéficier non pas à l’ensemble du territoire mais à leurs seul profit. A la suite, un lien avec la lettre ouverte que nous avions publié avec Benoît Payan il y a un peu plus d’un an pour alerter sur ce sujet, sur les risques de voir notre Métropole dilapider ses moyens financiers au détriment des équipement stratégiques dont notre territoire à un urgent besoin.

    Défendre une Métropole efficace, au service de ses habitants : https://medium.com/…/la-m%C3%A9tropole-aix-marseille-proven…
    Aucun texte alternatif disponible.

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