"On ne fera pas de Marseille Monaco"

"On ne fera pas de Marseille Monaco"

Doigts sur la couture, et menton en avant. Une partie des 205 nouveaux policiers appelés en renfort pour amener un peu d'apaisement à la deuxième ville de France sont au garde-à-vous. Dans un garage au coeur des quartiers nord, ces nouveaux bleus attendent les discours croisés du préfet de police Bonnetain et du nouveau directeur départemental de la sécurité publique (DDSP), Pierre-Marie Bourniquel. La presse a été largement invitée et les discours ont été rédigés en grande partie à leur intention. Il s'agit d'ancrer dans le concret les promesses du comité interministériel du 6 septembre dernier. Et, par la bande, de répondre aux vertes critiques sur le manque de moyens relayées par La Provence le jour même et La Marseillaise la veille.

Dans son intervention, le préfet Bonnetain mentionne incidemment qu'il a accompagné Manuel Valls, le 21 septembre dernier, lors d'une visite du commissariat Félix-Pyat. Contredisant ainsi La Provence du jour. Pour le reste, il s'en est tenu au discours de la méthode : présence visible sur terrain, contact fréquent avec les habitants, les associations et les élus, réelle proximité avec la population. Il a appelé également à un strict respect de la déontologie : "Si la population vous doit le respect, vous devez également vous respecter, vous et votre fonction", a-t-il ajouté.

Petit vélo

Mais c'est le DDSP, Pierre-Marie Bourniquel qui a déclenché le tir de riposte : "Nous serons en ordre de bataille dans un mois. Il ne sert à rien de se précipiter. J'ai lu ça et là que nous avions des problèmes d'équipement. Nous n'aurions pas de voitures, de menottes et même de café. Bon. Nous allons acheter des dosettes. Quant aux VTT, ils seront là dans 11 jours exactement. Il faut le temps de les choisir pour qu'ils soient le mieux adaptés aux agents".

Des VTT? Eh oui, Pierre-Marie Bourniquel a un petit vélo dans la tête. Il revendique même d'être un pionnier en la matière. "Il ne s'agit pas d'un gadget. Je suis le premier dans la police nationale à avoir mis en place des VTT. En 1991, j'ai eu la chance de faire un stage aux USA. Une des vertus de la communauty policing, ce sont les VTT. Les patrouilles en voitures éloignent de la population. De retour en Nouvelle Calédonie, j'ai repris l'idée. Cela a été repris ailleurs par la suite puis c'est retombé. C'est ici que je souhaite le relancer. Ils seront d'abord bientôt 22 puis 44 dans un proche avenir".  En revanche, pour les véhicules à quatre roues, "c'est moins simple, il faudra attendre encore quelques mois". 

On imagine mal les policiers aux gros mollets faire la course aux scooters. "Ils n'ont pas pour vocation à combattre le crime en centre-ville. Ils devront travailler avec la brigade motocycliste et les hommes de la Bac", affirme-t-il. Ils pédaleront en centre-ville mais aussi au sud de la ville, sur les plages et l'ensemble du littoral. Avec Bourniquel, la police, c'est Venice Beach. Bientôt les bleus en roller blade ? "On ne fera pas de Marseille Monaco, rétorque-t-il. Ce que je veux c'est revenir à une qualité de vie acceptable". Il suffit de connaître les limites de l'acceptable.