Nos antisèches pour le retour de la métropole au Sénat
Nos antisèches pour le retour de la métropole au Sénat
Les acteurs sont en place, les positions figées. Lundi soir, les négociations entre les élus locaux et l'État sur la métropole Aix-Marseille Provence ont débouché sur un constat de désaccord. "A la veille du débat public sur la loi NOTRe qui s’ouvre demain au Sénat, les élus se sont accordés pour considérer qu’ils ne se retrouvaient pas dans les amendements rédigés par le gouvernement", a indiqué l'union des maires dans un communiqué. À l'inverse, le sénateur-maire de Marseille Jean-Claude Gaudin (UMP), s'est "réjoui de voir le gouvernement prendre en compte ses propositions et rejeter celles tendant à dénaturer ou retarder la mise en place de la métropole". La version officielle est tombée ce mardi avec un communiqué du préfet Michel Cadot détaillant les amendements consentis, mineurs au regard des attentes de l'union des maires (voir en fin d'article).
La configuration est donc toujours la même que celle qui précédait la conférence métropolitaine de décembre. D'un côté, les maires du département estiment avoir été floués après une rencontre avec le premier ministre Manuel Valls, le 9 décembre. De l'autre, les défenseurs de la métropole tentent de maintenir le cap : une fusion en 2016 des six intercommunalités concernées (autour de Marseille, Aix, Aubagne, Salon-Berre, Istres-Fos, Martigues), telle que le prévoit la loi du 27 janvier 2014.
Ces derniers mois, Marsactu a reçu sur son plateau les représentants de toutes les tendances politiques qui devraient trouver des relais au Sénat. En voici une compilation :
Au fil des interviews, quatre griefs majeurs se dégagent. Le plus institutionnel concerne la gouvernance de la future structure, qui associera 93 communes. La répartition actuelle (détaillée dans cet article) accorde environ 45% des sièges aux représentants de la ville de Marseille. L'union des maires souhaite revoir les règles pour donner plus de poids aux autres territoires quitte à faire fi du principe républicain qui assoie la représentation sur une base démographique. Or, à la sortie de Matignon, l'union des maires réclamait une pondération en tenant compte de la taille des communes et de leur poids économique.
Le retour des amendements Gaudin
De longue date, les maires sont également préoccupés par le transfert de leurs prérogatives en matière d'urbanisme. En décembre 2013, la ministre Lebranchu répondait que "le droit de veto réclamé par les maires n'est pas possible mais on va sortir par le haut de cela" (voir son intervention en vidéo). L'unique amendement déposé au Sénat par Jean-Claude Gaudin porte sur ce sujet. Il propose un système dérivé du droit de veto, "en obligeant le conseil de la métropole à approuver les projets de PLU [plan local d'urbanisme, ndlr] à la majorité des 2/3 des suffrages exprimés en cas d’avis défavorable émis par une commune". Ce qui revient quasiment au même, tant on imagine mal un si grand nombre de conseillers métropolitains forcer la main à un maire. Le combat plus anecdotique de Jean-Claude Gaudin pour que les recettes des casinos reviennent toujours aux communes devrait être défendu par le gouvernement comme l'avait évoqué Marylise Lebranchu, à la tribune de la conférence métropolitaine.
Les partisans et opposants au projet de métropole s'empaillent également sur le statut des conseils de territoire. Très technique, ce débat apparaît essentiel aux yeux des élus. En dotant, les futures entités d'une personnalité pleine et entière, la loi maintiendrait la possibilité que ces intercommunalités puissent conserver du patrimoine, du personnel et des ressources fiscales. Si le gouvernement concède qu'il faudra bien doter les conseils de territoire d'un "statut juridique", il paraît intransigeant sur la nécessité que les actuelles intercommunalités soient maintenues à titre transitoire. Dans le cas contraire, le fameux "mille-feuilles" administratif serait doté d'une couche supplémentaire de complexité.
Le dernier point qui cristallise les tensions est celui des impôts locaux. Avec une structure unique, ceux-ci augmenteront forcément pour s'aligner sur Marseille, lourdement endettée. C'est la thèse rappelée fin 2014 par la mairie d'Aix-en-Provence dans un supplément du magazine municipal sur "les dangers de la métropole" – ou plutôt la "monstropole". En visite à Marseille en mai 2013, la ministre Marylise Lebranchu avait balayé cette question : "Il n'y a pas de sujet fiscalité dans la métropole". Notre analyse des fiscalités et des dettes des six intercommunalités disait pourtant le contraire, même si elle nuançait les alarmes aixoises (voir notre fact-checking "La métropole va-t-elle manger nos enfants ?").
Marseille regarde le Grand Paris
Aujourd'hui, la signature d'un "pacte financier et fiscal" fait bien partie des chantiers prioritaires de la ministre. "Il s'agit de garantir aux conseils de territoire qu'ils pourront exercer leurs compétences et aux communes qu'elles conserveront les ressources qu'elles ont aujourd'hui", expliquait-elle en décembre. Il s'agit notamment de permettre la pérennité des équipements intercommunaux souvent oubliés des débats, des piscines aixoises aux médiathèques d'Ouest Provence. Cela ne satisfait pour autant par les opposants, qui notent que élus du Grand Paris ont obtenu plus de souplesse, avec une cotisation foncière des entreprises gérée jusqu'en 2020 par les conseils de territoire.
Mais le Grand Paris n'a ni la même histoire ni la même envergure. Avec ses sept millions d'habitants, il regroupe non pas six mais dix-neuf intercommunalités existantes. Contrairement à Aix-Marseille Provence, celles-ci ne seront pas conservées mais fondues dans des "territoires" d'au moins 300 000 habitants. C'est la conséquence d'un fait qui n'est pas souvent souligné : du point de vue de l'organisation intercommunale, les Bouches-du-Rhône étaient plutôt en avance sur la région parisienne, encore très morcelée. Hormis la très petite communauté d'agglomération de Martigues (trois communes), la carte n'avait donc pas de raison d'évoluer.
Toutefois, comme l'a reconnu récemment sur notre plateau le conseiller général André Guinde, il manquait à Marseille l'équivalent du Stif, qui gère l'ensemble des transports en Île-de-France (train, RER, métro, tram…). Plusieurs études ont aussi montré la fragilité du territoire, malgré des atouts évidents. C'est le cas du rapport de l'OCDE, très commenté il y a un an, qui faisait le constat de fractures et d'inégalités importantes. C'est aussi, plus récemment, ce qui ressortait des derniers chiffres du recensement de l'Insee, où l'agglomération marseillaise apparaît bien moins dynamique que ses homologues de Toulouse, Montpellier ou Rennes.
Le communiqué du préfet Michel Cadot
Commentaires
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vivement cette métropole, que l’on supprime une bonne foi pour toute les départements, que l’on supprime aussi la clause de compétence générale des communes, agglomérations et régions. chacun sa compétence propre et plus de doublons ou triplettes… dans les postes et emplois de la fonction publique territoriale.
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Mme Lebranchu ne doit rien lacher face à Maryse Joissains et sa clique de clientélistes!
Notre territoire a besoin de la metropole pour recouvrer de la croissance, attiter des entreprises et mettre fin aux doublons institutionnels qui decoulent des ces 6 EPCI!
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NON A L’EMPIRE COLONIAL MARSEILLAIS !!!
OUI A UNE METROPOLE POUR TOUS !!! Mais ça n’en prend pas le chemin…
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Les marseillais disent que tout le monde veut de la métropole ? Pourquoi alors refusent-ils un référendum ??
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C’est intéressant pour nous de pouvoir lire quelqu’un qui balise sur le sujet et qui est allé à l’essentiel sans nous imposer des kilomètres de texte.
« L’unique amendement déposé au Sénat par Jean-Claude Gaudin porte sur ce sujet. Il propose un système dérivé du droit de veto, “en obligeant le conseil de la métropole à approuver les projets de PLU [plan local d’urbanisme, ndlr] à la majorité des 2/3 des suffrages exprimés en cas d’avis défavorable émis par une commune”. Ce qui revient quasiment au même, tant on imagine mal un si grand nombre de conseillers métropolitains forcer la main à un maire. »
Pour ma part, je ne pense pas que ça revient au même que cet impensable droit de véto que voulait l’Union des Maires. Si une commune se met en travers d’un projet métropolitain pour des raisons peu fondées, elle ne sera pas sauvée par le gong. La simple existence de cette disposition crée un contexte de négociation raisonnable.
« Nous vous résumons les enjeux grâce à une compilation de nos articles ». C’est utile et réussi, mais quand nous direz-vous aussi : « nous avons fait une synthèse de vos commentaires qui font ressortir les objections et les attentes suivantes : » ?
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A lire (ou relire) aussi, cet article de L’Express datant de 2013 qui dresse un tableau assez nuancé de “l’exception marseillaise” : http://www.lexpress.fr/actualite/societe/marseille-la-grande-ville-qui-fait-peur_1297891.html
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Au préalable, je tiens à féliciter Total R recyclé sous un autre pseu, pour nous faire rire tout en se ridiculisant, le bébé qui vient de naitre à Marseille etant lui aussi pour TR un affreux colon, à se tordre de rire. Trouble obsessionnel compulsif, ayant pour source Marseille ! Quant aux réctions excessives anti-métro de certaines municipalités et personnalités, elles devraient se régler devant les tribunaux…
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On comprend bien le motif de cet article, la veille de la reprise du débat au sénat, l’utilité d’un point d’étape, un récapitulatif des interventions précédentes… Mais tout de même, Marsactu, on reste sur sa faim et ça nous semble devoir durer. Vu l’importance des enjeux, leur complexité, les besoins de prise en compte des réalités et spécificités du territoire… Vu également les simplifications très abusives que ce sujet suscite, tant dans le projet gouvernemental que dans les “”plaidoiries”” de nos “marseillais” de service (ici même notamment et à feu continu)… Il serait non seulement souhaitable mais, selon moi, urgent d’élargir le débat et d’y impliquer tout le monde. Votre phrase relative aux “représentant de toutes les forces politiques qui devraient trouver un relais au sénat” (???) est à peu près incompréhensible, et en tous cas très malheureuse. N’y aurait-il pas de sénateurs/sénatrices Front de Gauche ou des verts dans ce sénat? Auriez vous décidé qu’ils n’ont rien à dire?… Sur un tel sujet, avoir droit à Amiel,Carlotti, Vassal, Joissains, pensez vous que le compte y est? Que la démocratie y retrouvera ses petits? Quelle sortira renforcée de ce délicieux exercice d’expressions croisées ou alors un peu plus abimée encore mais c’est pas grave? Pensez vous que l’offre politique à laquelle nous avons “droit”, déjà d’une grande pauvreté, à pleurer misère, se réduise à ça, U.D.I, U.M.P, et Solferino? Et accessoirement, ne craigniez vous pas d’être, pour le coup, quelque peu inclus dans le main stream? Il serait, je trouve, grand temps d’élargir, de récolter la position de toutes les forces politiques (à défaut du referendum qu’on n’aura pas), que les citoyens puissent prendre date, pour juger ensuite des dégâts collatéraux. Qui plus est, cela permettrai de les mettre tous et toutes devant leurs responsabilités, ce qui ne serai pas non plus inutiles.
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