Naturalisations : Mennucci vise le zèle préfectoral sous Guéant

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le 6 Nov 2012
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Naturalisations : Mennucci vise le zèle préfectoral sous Guéant
Naturalisations : Mennucci vise le zèle préfectoral sous Guéant

Naturalisations : Mennucci vise le zèle préfectoral sous Guéant

Le rapport, comme le sujet le laissait présager, a eu son petit effet, que Patrick Mennucci a soigneusement consigné sur son site. Le député de la 4e circonscription a présenté la semaine dernière à l'Assemblée son travail sur l'accès à la nationalité française, dans le cadre de l'examen de la loi de finances pour 2013. Dès l'introduction, la conclusion cingle : "L’accès à la nationalité française a été, ces dernières années, entravé". Une situation qui résonne aussi sensiblement dans les Bouches-du-Rhône, qui comptent 112 000 étrangers, dont 66 000 à Marseille.

Quelles sont ces "entraves" dénoncées ? L'argumentation du député-maire du 1/7 part du nombre en forte baisse (-43,12% entre juin 2011/mai 2011 et la même période un an plus tard) de naturalisations (l'un des trois principaux modes d'obtention de la nationalité avec la naissance en France et le mariage) pour remonter progressivement le fil des causes : le nombre de décisions étant resté quasiment stable, c'est donc la part des décisions négatives qui a grimpé, et parmi celles-là les dossiers irrecevables n'en sont pas les responsables. "La chute du nombre de naturalisations provient en réalité d'un durcissement de l'appréciation des critères de naturalisation par l'administration", estime Patrick Mennucci.

2 dossiers sur 3 rejetés dans le 13

Dans les Bouches-du-Rhône, alors qu'en 2007 – année de l'élection de Nicolas Sarkozy – 37% des dossiers connaissaient une suite négative, ce taux est passé à 64% pour 2011 et les 6 premiers mois de 2012. Une hausse comparable à celle observée au niveau national (+26 points) mais toujours à un niveau supérieur (+10 points). Détail : si le chef du service qui en est chargé a changé depuis l'arrivée de François Hollande, le préfet est resté le même. La directrice du Centre d'accès au droit des étrangers (Cade) Aline Giemza, dont la structure accueille principalement sur ce sujet des demandeurs éconduits, confirme que "l'interprétation s'est considérablement durcie"

Le rapport d'activité 2011 de cette association, présidée par le bâtonnier de Marseille, le soulignait d'ailleurs particulièrement, avec une tendance notée au niveau national par Patrick Mennucci : "les refus de naturalisation accompagnés d’une période d’ajournement de la demande à 1, 2 ou 3 ans se sont multipliés sur le second semestre 2011". En clair, la demande n'était pas rejetée mais le postulant était invité à revenir plus tard, avec si possible une meilleure situation.

Consignes confidentielles

Il faut préciser qu'en matière de naturalisation, la décision reste à la discrétion de l'Etat. En clair : remplir les critères légaux (être majeur, avoir résidé de manière régulière en France etc.), sans quoi la demande est jugée irrecevable, n'ouvre pas automatiquement droit à la nationalité. L'administration peut toujours dire non, avec de plus ou moins bonnes raisons que les tribunaux sont toujours très frileux à contester en cas de recours. Une appréciation qui depuis 2011 – et même 2010 dans les Bouches-du-Rhône où la mesure était expérimentée – est laissée aux préfets dans le cas d'un rejet, une décision favorable devant en revanche toujours être confirmée à Paris.

Les services déconcentrés de l'Etat suivent toutefois des consignes du ministère de l'Intérieur, compétent en la matière. "Or c'est dans l'opacité la plus complète que la « doctrine ministérielle » a été modifiée, sans aucun débat public, par le biais d'instructions confidentielles adressées aux préfectures", écrit Patrick Mennucci, qui appelle au retour de "critères clairs, justes et transparents". Il s'est procuré deux documents, une "fiche d'aide à la décision" concernant la ligne à adopter concernant l'insertion professionnelle et un simple mail restreignant considérablement les possibilités de naturalisation en cas de séjour irrégulier passé, même très ancien.

Dures conditions économiques

Le Cade a ainsi pu voir toquer à sa porte une Algérienne de 21 ans, orpheline arrivée en France à l'âge de 7 mois. Prise en charge dans sa jeunesse par l'aide sociale à l'enfance, elle était en alternance dans le cadre d'un bac pro Vente, avec "une promesse d’embauche ferme pour un CDI à temps complet à l’issue de sa formation". Ajournement de deux ans, "la rémunération issue de son contrat de professionnalisation ne lui permettant pas de justifier d’un revenu au moins équivalent au Smic".

"J'ai dans ma circonscription un grutier tunisien qui travaille volontairement depuis vingt ans dans des boîtes d'intérim, car il y est mieux payé que dans les grosses entreprises du BTP : il n'a pas le droit de demander à devenir français", s'exclamait Patrick Mennucci lors du débat à l'Assemblée autour du rapport. De quoi potentiellement compromettre un "parcours d'intégration" dont la naturalisation constitue selon lui "une étape essentielle", sinon la dernière. Sans parler du ressenti que ce rejet de la demande peut susciter, de l'incompréhension à l'amertume…

Pour Patrick Mennucci, les instructions portant sur la situation professionnelle et les revenus des candidats ont eu d'autant plus d'effet à Marseille que "les étrangers dans une zone sont à l'image des nationaux". Vu les difficultés économiques de la ville, les Marseillais auraient donc été potentiellement "plus impactés".

Valls prend sa plume

Constat transcrit dans une circulaire (voir ci-dessous) envoyée par le ministre de l'Intérieur Manuel Valls le 16 octobre pour inverser la vapeur : la situation professionnelle au moment du dépôt du dossier "ne saurait, dans un contexte de crise économique et sociale qui frappe un grand nombre de citoyens, écarter systématiquement de la naturalisation des personnes victimes d'une situation de l'emploi difficile". D'après le document "c'est la cohérence et la persévérance dans le parcours qui doivent être appréciées". Il comprend également des consignes pour faciliter l'obtention de la nationalité pour certains étudiants, et revient sur le caractère rédhibitoire d'une période de séjour en situation irrégulière.

Cette circulaire traite également de l'entretien sur "la connaissance de l'histoire, de la culture et de la société françaises et l'adhésion aux principes et valeurs essentiels de la République française". Les questions de l'agent de la préfecture "devront s'intégrer dans le cours naturel de la conversation, afin d'éviter que ses interventions prennent le caractère artificiel d'un questionnaire", indique Manuel Valls. Exit définitivement donc le QCM qui n'a de toute manière jamais été vraiment appliqué.

Patrick Mennucci précise que cette circulaire règle "des choses qu'il fallait changer de façon évidente", mais qu'une seconde plus large est prévue pour "le début de l'année prochaine". Sur cette refonte plus globale des critères, le rapport est plus vague, s'attachant davantage au chapitre des recommandations à nuancer le caractère préfectoral de la décision avec la proposition de plateformes inter-départementales et à améliorer les conditions d'accueil.

Des travaux mais pas de loi

Dans les Bouches-du-Rhône, "les locaux sont totalement inadaptés, j'ai demandé à ce que l'on règle le problème des hygiaphones [à travers lesquels se passent les entretiens évoqués plus haut] J'ai vu le préfet, des travaux sont prévus", indique-t-il, sans pouvoir donner d'échéance ni de montant. "Bien souvent, aujourd’hui, l’accueil par téléphone est un moyen de décourager les candidats à la naturalisation ou au titre de séjour", déplorait également Manuel Valls en commission à l'Assemblée.

Mennucci comme Valls sont en revanche d'accord sur un point : pas question de revenir sur le caractère discrétionnaire de la décision : "Il n'y a pas d'arbitraire, il n'existe que dans un gouvernement qui veut l'arbitraire (…) Je suis pour que cela reste de la responsabilité de l'Etat, même s'il faut des critères et qu'ils soient connus", répond le député marseillais. D'où le rôle de contrôle renforcé qui doit selon son rapport être confié au Parlement. Sans pour autant passer, comme l'a demandé mardi la Cimade, par le vote d'une loi (le gouvernement précédent en a fait voter une en 2011) au lieu des circulaires signées par Valls. "Nous ne souhaitons pas re-rentrer dans un débat sur la nationalité (…) on sait qu'ils sont utilisés et souvent mal utilisés", justifie-t-il. Il est vrai qu'il a déjà fort à faire avec celui sur le droit de vote des étrangers…

>> La circulaire de Manuel Valls

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Commentaires

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  1. militant militant

    moi je suis heureux de voir que le Député Mennucci, comme il le fait depuis son élèction à la tête de la Mairie de secteur “Travaille”, et je suis sur que Marseille sera entendu dans la capitale. merci Monsieur Mennucci.

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  2. dali là dali là

    Enfin, un homme de convictions et de terrain dans le paysage marseillais, un élu qui travaille dans le bon sens, Marseille n’attendait que ça.

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  3. lucide lucide

    il ne sert à rien de cacher la poussière sous le tapis comme GUÉANT l’a fait et comme trop souvent Jean Claude GAUDIN et ses sbires le font à Marseille,mieux vaut être…lucide et volontaire.Bravo Mennucci

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  4. laurent laurent

    SIc le député Menucci “pas question de revenir sur le caractère discrétionnaire de la décision Je suis pour que cela reste de la responsabilité de l’Etat” …… donc tempête dans un verre d’eau ….. Y a pas plus intéressant comme sujet ?

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  5. Anonyme Anonyme

    Et pendant ce temps, Obama casse la baraque.

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  6. GM GM

    bravo Mr Menucci

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  7. jdeharme jdeharme

    à militant et à dali là et à GM

    Heureusement qu’il travaille à 12000 euros mensuel c’est le contraire qui serait choquant. Je trouve assez incroyable que des personnes soient impressionnées et remercie Mr Mennuci de travailler pour une indemnité qui est égale à 12 smic

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  8. Patrick Mennucci Patrick Mennucci

    L’indemnité de député et de maire font un total de 8100€ moins la contribution au PS de 800€

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  9. Jdeharme Jdeharme

    Merci de votre réponse
    RSA 450 euros
    SMIC 1080 euros
    SALAIRE MOYEN EN FRANCE 1600 euros
    DÉPUTÉ MAIRE 8100 euros + indemnité pour frais non imposable et non justifiable puisque dans un grand élan de solidarité les députes de tous bords a part quelques uns qui l ont fait ont voté contre le contrôle de cette indemnité
    Merci d intégrer cette indemnite dans vos revenus ce qui les porte à environ 14 000 euros et non 12000
    Car dans les 12000 je n avais effectivement pas ajoute les revenus de maire donc
    14000 euros soit 14 fois le SMIC.
    Après la somme n est pas un problème ce qui est un problème c est
    La faiblesse des salaires des français puisque le salaire moyen de 1600 euros montre bien
    Que c est peu car si votre job de député vaut 8000 euros beaucoup de gens travaillent
    Autant que vous et pour des salaires bien inférieurs et vu le niveau des prix en France cela explique une consommation en berne a cause d un pouvoir d achat trop faible car meme avec 8000 euros si ce n’est plus
    Les français achèteraient beaucoup plus qu avec 1600 euros
    CQFD En tous les cas merci de votre réponse et de votre franchise sur vos revenus

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  10. Militant Militant

    Jdharme, moi meme pour 12000€ je fais pas ce que fait Mennucci, il est 7/7 jours sur le terrain, ce boulot est un truc de fou quand on veut le faire jusqu’au bout comme lui, il n’y a qu’à suivre son emploi du temps en consultant son blog, le site de la mairie de secteur et s’inscrire à sa news , alors oui je le remercie, car j’en connais d’autres qui au même salaire se l’a coulent douce,

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  11. beboumax beboumax

    Merci Monsieur Mennucci par ci, Merci Monsieur Mennucci par là ce n’est plus un blog c’est le Mennucci Show sur Marsactu !!!

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  12. dali là dali là

    A jdeharme : Je ne suis pas du tout impressionnée et je ne remercie pas, je souligne juste son engagement et son implication sur le terrain, il travaille certes et il travaille bien. Le montant de son salaire ne change rien à l’affaire, d’autres élus sont aussi bien payés et ne bronchent pas un cil.

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  13. dali là dali là

    A jdeharme : Je ne suis pas du tout impressionnée et je ne remercie pas, je souligne juste son engagement et son implication sur le terrain, il travaille certes et il travaille bien. Le montant de son salaire ne change rien à l’affaire, d’autres élus sont aussi bien payés et ne bronchent pas un cil.

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  14. Jdeharme Jdeharme

    Donc en fait sur une indemnité de 8100 euros soit de l argent public donc provenant des impôts payés par les citoyens 800 euros retournent au PS.
    Est ce bien logique que l argent des contribuables retournent aux partis politiques
    L argent devrait provenir de la poche de l intéresse et non d’un reversement d’argent public paye par les impôts des plus pauvres car il n y a pas que les riches qui paient des impôts. La TVA est payée par tous les citoyens riches, classe moyenne et même pauvres et très pauvres quand ils font leurs achats ou le plein d essence etc….

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  15. le marseillais le marseillais

    oui mennucci vas sauver marseille bravo,pauvre marseille avec des guignols comme lui

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  16. le marseillais le marseillais

    enfin un H qui travaille et qui grossi surtout en meme temps que son compte en banque

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  17. Anonyme Anonyme

    Les 2 exemples pris,pour la démonstration sont assez incroyables.
    une orpheline de 7 mois qui arrive en France?
    Un grutier qui préfère l’intérim,a une place stable car il gagne plus.
    C’est du foutage de gueule,il n’y a pas d’autre mot

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  18. Taliesine Taliesine

    remercier un elu qui fait son travail est limite ridicule mais bon il faut bie flatter les ego-istes !!!

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