Nadine Morano présente le service public d'orientation, les syndicats restent prudents

Nadine Morano présente le service public d'orientation, les syndicats restent prudents

Mutualiser et labelliser les organismes déjà existants pour favoriser l’orientation de tous, c’est le nouveau « challenge » du service public d’orientation, que la ministre chargée de l’Apprentissage et de la Formation professionnelle Nadine Morano est venue présenter hier, à la Cité des Métiers de Marseille. Une visite très furtive (Jean-Claude Gaudin n’est même pas venu l’accueillir), qui ressemblait d’avantage à un effet d’annonce.

Bon d’accord, tout ça n’est pas très clair, on va donc essayer de vous expliquer… Le but du décret qui devraient paraître dans les prochains jours est d’amener tous les organismes (Onisep, CIO, CIDJ, Centre-Inffo, missions locales…) à se rassembler en des « Pôles information et orientation sur les formations et les métiers ». Ce qui ne passera pas forcément physiquement par des « lieux uniques », mais dans les pôles qui obtiendront le label, lycéens, collégiens ou encore chercheurs d’emploi devraient au minimum pouvoir disposer d’un premier niveau d’information, avant d’être orientés vers un des partenaires.

La Cité des Métiers devrait faire partie de la première fournée labellisée « avant l’été », 350 pôles étant évoqués à terme par la ministre, qui promet également un portail Internet pour la rentrée 2011.

Nous sommes allés interroger Sadry Guita, secrétaire académique lycées-collèges d’Aix-Marseille et secrétaire général UL-UNSA Aubagne et Marie-Christine Contreras, résidente de la FCPE 13, fédération des parents d’élèves. Et tous les deux ont des doutes sur la prise en charge des jeunes. Si ce nouveau service semble « séduisant », est-il vraiment adapté aux jeunes collégiens et lycéens ? De même, les personnes en charge de ces jeunes auront-elles la même formation que les conseillers d’orientation ?

Autre crainte présentée par Mme Contreras : le recours aux entreprises privées pour l’orientation des jeunes. « Certaines familles auront les moyens d’avoir un accompagnement et d’autres non. C’est une inégalité que nous dénoncerons et aujourd’hui, nous craignons bien que nous allions vers ce système là ».

« Hasard des lieux et des personnes »

Plus généralement, il faudra peut-être autre chose qu’un label pour répondre à des questions comme celles soulevées dans un rapport de 2004 du Haut conseil de l’évaluation de l’école : « On ne s’étonnera donc pas de voir l’IGAENR (inspection générale de l’administration de l’éducation nationale, ndlr) conclure son bilan du suivi permanent des collèges par des propos très sévères concernant la politique d’orientation : parlant de « l’hypocrisie fondamentale qu’est l’orientation précoce ou par défaut vers les lycées professionnels des élèves en situation d’échec scolaire », elle dénonce « un net déficit de politique, perceptible à tous les niveaux en matière d’orientation. Faute d’une telle politique, le hasard des lieux et des personnes décide bien souvent du destin scolaire – et partant professionnel – des jeunes collégiens » (…).

Plus loin, les auteurs, une inspectrice de l’Education nationale-Information et orientation et un professeur des universités, relayent les discours qu’ils ont entendu sur le terrain : « Les réponses concrètes aux questions posées par l’avenir scolaire individuel des élèves restent stéréotypées et ne prennent pas réellement en compte l’observation réelle des enfants (…) Une fille dont les résultats ne sont pas très probants au collège a toutes chances de se retrouver dans un BEP « Comptabilité » ou « Secrétariat », voire, s’ils sont meilleurs, « Carrières sanitaires et sociales ». Une analyse fine de sa personnalité et de ses  performances scolaires pourrait pourtant conduire à lui proposer d’autres solutions, si on mettait  en valeur des aptitudes et des compétences mal valorisées par le système scolaire traditionnel (…) Pour  reprendre la formule d’un de nos interlocuteurs, il s’agirait de « cesser de faire de la décision d’orientation la sanction du travail scolaire pour faire un jour une orientation positive ». »

Des sujets sur lequel on aurait pu échanger avec la ministre, si le protocole ne nous avait pas expressément refusé la possibilité de poser des questions, nous enjoignant à laisser France 3 faire son travail. Dommage… On aurait aussi bien aimé lui demander de nous chanter une chanson de Renaud !

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