Musée du savon de Marseille, le nouvel appeau à touristes
ANF et la Grande savonnerie ont signé vendredi soir le bail de ce qui devrait être d'ici avril 2017 le musée du savon de Marseille, à deux pas du Vieux-Port. Un deuxième musée porté par un petit nouveau qui vient jouer les trouble-fêtes dans un petit monde déjà très concurrentiel.
Musée du savon de Marseille, le nouvel appeau à touristes
L’emplacement est presque trop beau pour être vrai. Face au musée d’histoire de Marseille, à quelques mètres du Vieux-Port, en face des galeries Lafayette et surtout, littéralement à deux pas de l’endroit où les cars déposent les croisiéristes qui visitent le centre de la la ville. Pour ce musée du savon de Marseille, on pouvait difficilement rêver mieux. L’ancien espace Vieux-Port, un temps occupé par feu la communauté urbaine du temps d’Eugène Caselli, accueillera à partir d’avril 2017 un lieu dédié à la fabrication artisanale de ce produit toujours censé assurer la notoriété de la ville dans le monde entier. Même quand il est made in China.
L’annonce a été faite sans plus de détails il y a quelques semaines par le promoteur ANF qui possède une partie de la rue de la République et tente d’en commercialiser les rez-de-chaussée commerciaux.
Le projet est porté par un entrepreneur, Jean-Baptiste Jaussaud qui a repris en 2010 la Grande savonnerie, comme l’expliquait La Provence le 25 novembre. Le soir même, l’intéressé signait, sous le regard ravi de Solange Biaggi et Didier Parakian, respectivement adjoints au commerce et à l’économie, un bail avec le promoteur qui met à sa disposition le local de 400 mètres carrés.
12 euros l’entrée
Première précision, et non des moindres, il s’agit en réalité du second musée du savon de Marseille puisque la savonnerie de la Licorne a ouvert le sien au printemps dans 600 mètres carrés quai de Rive-Neuve. La formule est presque la même : une exposition sur l’histoire de ce savoir-faire, des objets historiques et un atelier de fabrication où le client/visiteur peut participer. Le tout pour deux euros, savon compris. Pour le MuSaMa, petit nom du projet porté par Jean-Baptiste Jaussaud, il faudra débourser 12 euros, savonnette là encore comprise. Sont prévues des expositions temporaires avec pour le thème de la première, en realité virtuelle, la “salle de bain du futur”.
L’arrivée de ce musée privé arrange tout le monde dans une artère qui peine à s’épanouir. Ainsi le bail commercial prévoit “un loyer en pourcentage du chiffre d’affaires, pour accompagner le projet”, explique la directrice générale adjointe d’ANF Ghislain Seguin. “Je cherchais désespérément un lieu, c’est l’écrin qu’il nous fallait”, se réjouit Jean-Baptiste Jaussaud. Sa société, la Grande savonnerie, dispose depuis 2013 d’une boutique-atelier situé Grand-Rue, à deux pas de là.
“De la place pour tout le monde au soleil”
Mais dans le monde très glissant du savon de Marseille, où deux groupes d’entreprises défendent déjà deux cahiers des charges différents pour l’établissement d’une indication d’origine contrôlée, le projet ne laisse pas indifférent. Surtout que, dès son annonce, l’entrepreneur assure que les autres savonniers ne seront pas oubliés et qu’ils seront même associés. En première ligne, on retrouve la Licorne, qui dispose donc déjà de son propre musée et ne semble guère inquiétée. “En 1900, il y avait 100 savonniers à Marseille, relativise Serge Bruna, le patron. Même en étant sur le même créneau il y a des débouchés. Le savon a le vent en poupe, j’ai un client en Chine qui vend les cubes 25 euros !”.
Côté Fer à cheval, la direction explique être au courant du projet de musée mais ne pas avoir été contactée récemment sur la question d’un partenariat. “Je souhaite collaborer avec tout ceux qui veulent mettre le savon de Marseille en valeur”, tient à préciser le nouveau directeur Raphaël Seghin.
D’autres semblent très éloignés de ce projet. “Je viens d’apprendre cela dans le journal, répond-on à la Savonnerie du Sérail. On est un peu choqués, être savonnier cela ne s’improvise pas. A Marseille, nous ne sommes plus que quatre à fabriquer du vrai savon de Marseille. Il y a de la place pour tout le monde au soleil mais il ne faut pas mentir non plus. Qui c’est cette Grande savonnerie?”
Relancé à partir du simple nom
L’histoire mérite qu’on s’y attarde. Si la Grande savonnerie peut s’enorgueillir, sous son logo, de la mention “maison fondée en 1884”, l’affaire est un brin plus complexe. Jean-Baptiste Jaussaud a en effet racheté en 2010 le nom, tombé en désuétude, de cette marque de savon qui a appartenu à la famille Fourrier, celle qui avait fondé la marque Le Chat au XIXe et l’a vendue aux américains de Procter&Gamble (aujourd’hui propriété de l’allemande Henkel). “J’ai tout remonté à partir de zéro”, explique-t-il. L’usine historique de Fourrier, en activité jusqu’en 1939 et, dit-on, la plus grande d’Europe à l’époque, se trouvait à l’emplacement actuel de la cité Felix-Pyat qui a été construite sur ses ruines.
Avec son associé Sylvain Dijon, savonnier, ils acquièrent donc le nom et relancent une production selon le procédé de fabrication traditionnel avec des machines italiennes. “Nous étions dans le 15e arrondissement mais la toiture du bâtiment s’est effondrée. Depuis nous produisons à Meyrargues, explique Jean-Baptiste Jaussaud. Nous utilisons, non pas des chaudrons, mais des cuves. Cela revient au même”. Il partira, début décembre, au Japon avec une délégation emmenée par la mairie de Marseille pour faire connaître ses produits.
Si aujourd’hui “15 à 20 %” du chiffre d’affaires de la Grande savonnerie se fait à l’export, l’entrepreneur a compris le potentiel de ce produit. “Les chinois adorent les cubes traditionnels”, explique t-il. Pour son musée, il espère “40 000 visiteurs la première année et 100 000 à 5 ans”, soit 20 000 de plus que la fréquentation actuelle du musée d’Histoire de Marseille. Un objectif ambitieux à 12 euros l’entrée. La boutique ne se limitera pas aux petites cubes car “le savon ne doit pas rester seul”, estime Jean-Baptiste Joussaud. Lavande, calissons, cigales, santons… Toute la Provence touristique en un lieu, ou presque. Cette boutique-musée, si elle parvient à accrocher le chaland, à une minute de la descente du car des croisiéristes, pourrait aussi faire de l’ombre aux vendeurs de souvenirs du Vieux-Port.
Commentaires
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Bravo pour le choix du titre : l’appeau.
C’est tout à fait ça. Mon grand père appelait aussi ça “pipeau”.
C’est vraiment pour les croisiéristes ou les éventuels touristes. Il faut espérer aussi que ceux ci ne soient pas très finauds…..car on voit vite la “supercherie”.
Pour ce qui me concerne j’attends avec impatience….voir au même endroit les calissons et le savon…ça va être sympa pour les odeurs !!
et un savon sans odeur il n’est pas de Marseille !!
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Si des touristes paient 12 euros pour ce genre de visite, c’est qu’il n’ont rien de mieux à faire… Les croisiéristes qui n’ont qu’une heure de temps libre au cours d’une excursion, ou ceux qui ne veulent pas dépenser 45 à 50 euros pour une visite guidée au départ de leur bateau, ne vont probablement pas se précipiter dans le “musée” en question. Et le prix d’entrée risque de les éloigner rapidement!
Est-ce que les boutiques de souvenirs dont l’entrée est gratuite atteignent une fréquentation de 100 000 visiteurs-acheteurs facilement ? Pas si sûr…
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Sauf à prouver le contraire, il n’y a pas de savonnerie qui saponifie à Meyrargues.
Aux dernières nouvelles les bondillons utilisés par la Grande Savonnerie venaient d’Espagne.
Cette entreprise n’est que du vent, avec un faux maître savonnier (jamais formé), et de très très gros appuis à la mairie.
Peut-être que Marsactu pourrait aller faire un tour à Meyrargues?
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Même l’histoire du savon Le Chat est fausse.
En 1891, la Maison Fournier (bougies) et C. Ferrier & Cie (savon Le Chat) fusionnent pour devenir les Etablissements Fournier-Ferrier.
Les établissements Fournier-Ferrier sont absorbés par UNIPOL (Union des Industries de Produits Oléagineux) en 1975 alors qu’UNIPOL se fond dans l’Union Générale des Savonneries de Marseille en 1975, créée pour sauver ce qu’il reste des Savonneries en les rassemblant.
Devenue le premier fabricant de savon de Marseille, l’UGSM étend sa gamme avec le lancement de la première lessive en poudre au savon de Marseille, hypoallergénique et adaptée à tout type de textile, Le Chat Machine, en 1981.
L’UGSM est rachetée par Henkel en 1986, essentiellement pour récupérer la marque Le Chat Machine.
On est loin du raccourci fait par les propriétaires actuels de la marque.
Une dernière chose, Sylvain DIJON n’est pas plus maître savonnier que vous et moi, il suffit là aussi de chercher un peu…
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Sur la photo, ça sent l’embrouille : “extra pur 72% d’huile” veut dire 72% d’huile de coprah et de palme et peut-être aussi de l’huile d’olive de très mauvaise qualité (on ne fait pas du savon avec de l’AOC)… xème pression et noyaux d’olives + il est écrit à la main “cubes olives” pour laisser à penser qu’il s’agirait d’huile d’olive, mais là le vendeur rétorquera qu’il s’agit de la couleur de l’olive verte, couleur venue d’on ne sait où ?
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72% d’huile, cela vient de l’édit de Colbert. C’est obligatoire sur un savon de Marseille.
C’est toujours de la deuxième pression qui est utilisé, c’est d’ailleurs pour ça que Marseille est devenue capitale du savon, il fallait utiliser ce qu’il restait après la première pression qui donnait l’huile d’olive..
S’il vous plaît, ne mélangeons pas tout.
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Bonjour,
Je ne suis pas une experte mais il me semble important de rappeler que 72% c’est le taux d’huile végétale. Il s’agit souvent d’un mélange d’huile à plus ou moins grande proportion d’huile d’olive. Je parle sous le contrôle de Vam13 qui me semble connaître très bien le sujet mais l’utilisation du mélange huile de palme/coprah n’est pas une nouveauté. D’ailleurs que ce soit Fer à Cheval, Sérail ou Marius Fabre, sont proposés un savon “vert” à l’olive et un “blanc”.
Sur la bataille autour de l’IGP et de la recette “traditionnelle”, je vous renvoie d’ailleurs à un article que nous avons écrit il y a un an : https://marsactu.fr/la-bataille-du-savon-de-marseille-est-ouverte/
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Je reviens, très tardivement, sur le dernier post de Clémentine. En effet, 72%, c’est le taux d’huiles végétales minimum dans le savon. Aujourd’hui, avec le séchage par centrifugation, le taux dans le produit final oscille entre 84 et 86%.
Dans le blanc, n’y a pas du tout d’huile d’olives (huiles de palme, coco, coprah).
Dans le vert, la proportion courante est 80% d’huile d’olive, 20% d’huile de coco ou de coprah.
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