Michèle Rubirola attribue des délégations en mille-feuilles à ses adjoints

Décryptage
le 22 Juil 2020
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Quinze jours après son élection, Michèle Rubirola a dévoilé les délégations de 28 de ses 30 adjoints. Les deux placés en garde à vue dans l'affaire des procurations n'en ont pas. Le premier adjoint Benoît Payan est installé en véritable maire bis, sans domaine d'intervention privilégié.

Michèle Rubirola et beaucoup de ses futurs adjoints arrivent à la mairie le 2 juillet. Photo Emilio Guzman.
Michèle Rubirola et beaucoup de ses futurs adjoints arrivent à la mairie le 2 juillet. Photo Emilio Guzman.

Michèle Rubirola et beaucoup de ses futurs adjoints arrivent à la mairie le 2 juillet. Photo Emilio Guzman.

“Éducation populaire”, “développement harmonieux de la ville”, “tourisme durable”, “culture pour toutes et tous”, “retour de la nature en ville”… Au jeu de la dénomination des postes d’adjoints, la maire de Marseille Michèle Rubirola et son équipe ont choisi de surligner les différences avec la précédente municipalité.

Cliquer sur l’image pour découvrir l’équipe de Michèle Rubirola

Après deux semaines d’attente, les trente adjoints doivent désormais plancher sur une feuille de route à un an et une autre à six ans qu’ils transmettront à la maire. Celle-ci devrait leur répondre par un ordre de mission. Petite revue des principales caractéristiques de la répartition.

Marguerite Pasquini et roland Cazzola sur la touche

À peine nommés, déjà déshabillés. Les deux colistiers de Samia Ghali qui ont été placés en garde à vue dans l’enquête sur les procurations bidons n’obtiennent pas de délégation. Ils restent en revanche adjoints. “Concrètement, cela veut dire qu’ils n’ont aucune délégation de signature, décrypte un spécialiste des administrations municipales. Ils gardent leur rang dans la hiérarchie des adjoints et sont officiers d’état civil pour pouvoir célébrer des mariages mais c’est tout. La loi dit bien par contre qu’ils sont élus adjoints pour l’ensemble du mandat.” En revanche, ils ne conservent pas les indemnités afférentes à leur poste (plus de 4000 euros bruts), la loi précisant qu’elles sont conditionnées à “l’exercice effectif” de leur mandat, soit à l’attribution d’une délégation. Ils se contenteront de celles de conseiller municipal d’environ 2000 euros.

“On attend de voir ce qui se passe. Ils pourront obtenir des délégations si tout se passe bien pour eux”, résume une adjointe. Dans l’entourage de Samia Ghali, 2e adjointe, on indique qu’elle “n’avait pas à être consultée, cette décision relevant uniquement des pouvoirs de la maire de Marseille”, avant de se refuser à davantage de commentaires. Contacté, Roland Cazzola, n’a pas retourné notre demande de réaction. “Ce procédé est pour moi indigne dans une assemblée qui se dit démocratique, a indiqué pour sa part Marguerite Pasquini dans un communiqué envoyé par son avocat. Si le moindre questionnement doit entraîner de telles conséquences, sans le moindre respect du contradictoire, alors nous sommes dans une vision de la démocratie que je ne saurais soutenir.” Elle met ainsi la pression sur Michèle Rubirola, dont la majorité absolue au conseil municipal ne tient qu’à un siège.

Benoît PAyan, maire bis

Benoît Payan avait renoncé à candidater à la mairie centrale pour devenir le porte-parole omniprésent de Michèle Rubirola. Le socialiste hérite d’une délégation qui l’installe en maire bis. Il n’aura pas d’attribution spécifique contrairement à son prédécesseur, Dominique Tian, qui coiffait transports et emploi. Son portefeuille incarne la feuille de route de la nouvelle majorité : “action municipale pour une ville plus juste, plus verte et plus démocratique”. Le programme du Printemps marseillais prévoyait plus sobrement “un premier adjoint à la démocratie locale.”

Les écolos à l’écologie

Les quatre adjoints issus des listes écologistes de Debout Marseille ! restent cantonnés à leurs sujets de prédilection : Christine Juste à l’environnement et à la santé, Sébastien Barles à la transition écologique, Hervé Menchon à la mer et au littoral. “On avait pris l’habitude de ne plus accepter les sujets écolos pour ne pas être coincé là-dedans. Mais là, c’est la maire qui a décidé”, explique Christine Juste, par ailleurs porte-parole régionale d’Europe écologie-les Verts.

Une adjointe au “paquebot municipal”

L’administration municipale a désormais un adjoint dédié à son amélioration. Olivia Fortin pilotera la réforme du “paquebot municipal”. “L’amélioration des services publics est la condition sine qua non de tout le reste de notre programme”, explique-t-elle, indiquant vouloir offrir “un cadre de travail digne et motivant” pour l’ensemble des agents. Le tout, assure-t-elle, sans marcher sur les pieds du directeur général des services qui devrait être, comme l’a annoncé TPBM, Benoît Quignon qui occupait le même poste il y a quelques années à Lyon auprès du maire Gérard Collomb.

Quatre délégations pour l’éducation

Ils seront pas moins de quatre adjoints à se partager le portefeuille éducation précédemment confié à Danièle Casanova. Dans ce saucissonnage, Pierre-Marie Ganozzi, qui avait milité en tant que syndicaliste contre le partenariat public-privé des écoles, va passer de la critique à la réalisation en portant le “plan école”. Sa troisième place au tableau des adjoints vient souligner l’importance du dossier alors que dès lundi prochain, le premier budget devrait débloquer près de 50 millions d’euros supplémentaires pour des rénovations. Pierre Huguet, représentant local du parti Génération.s, professeur de lycée et proche de Michèle Rubirola, gérera de son côté la politique éducative. Avec son portefeuille “éducation populaire”, Marie Batoux hérite de l’organisation des activités périscolaires. “J’avais fait remonter dans mes discussions avec Michèle Rubirola qu’il fallait que l’éducation populaire aille avec de vrais domaines de compétences, explique l’élue. La répartition des périmètres précis est encore devant nous.” Quatrième adjointe à pouvoir toucher ce domaine, Sophie Guérard hérite du vaste sujet de la “place de l’enfant dans la ville”.

Le logement et la culture, pour lesquels avait été imaginé un même découpage sont finalement concentrés. Ces domaines sont respectivement confiés à Patrick Amico, jusqu’alors directeur du bailleur social de la SNCF et Jean-Marc Coppola, chef de file local du parti communiste.

Des délégations qui se marchent sur les pieds

“Il y a des choses à clarifier à ce niveau-là.” Quand on interroge le nouvel adjoint chargé de l’économie Laurent Lhardit, il admet volontiers qu’entre sa délégation et celle dédiée à “l’attractivité” confiée à Samia Ghali par exemple, il peut y avoir des périmètres à découper finement ou à endosser conjointement. Comme expliqué plus haut sur l’éducation, les doublons apparents sont nombreux et devront être clarifiés. D’autres délégations ressemblent aussi à des postes de lobbyiste vis-à-vis de la métropole gérée par la droite : Audrey Gatian aux mobilités et à la politique de la ville, Christine Juste à la propreté, ou encore Mathilde Chaboche pour le “développement harmonieux” devront convaincre la présidente Martine Vassal (LR) d’aller dans leur sens.

Actualisation à 18 h : Retrait d’une mention classant par erreur Aïcha Sif parmi les candidats de Debout Marseille alors qu’elle figurait dès le 1er tour sur les listes du Printemps marseillais.

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Commentaires

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  1. vékiya vékiya

    marguerite met la pression sur la maire de marseille, elle se croit encore sous gaudin. quel dommage que mme la maire ne soit pas libre de se passer de la bande à ghali qui fera tout pour l’emmerder.

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  2. Jean Pierre RAMONDOU Jean Pierre RAMONDOU

    Ils me semble qu’ils sont trop nombreux et que cela a conduit à des dilutions.
    Le plus flagrant est l’environnement et l’écologie.
    – Benoît Payan: “en charge de l’action municipale pour une ville plus juste, plus verte et plus démocratique”
    – Christine Juste: “en charge de l’environnement, de la santé, de la lutte contre la pollution et de la propreté publique”
    – Aïcha Sif: “en charge de l’alimentation durable, de l’agriculture urbaine et de la préservation des sols”
    – Sébastien Barles: “en charge de la transition écologique eu du collège du futur”
    – Hervé Menchon: “en charge de la mer, du littoral, de la biodiversité marine et des plages”
    – Nassera Benmarnia: “en charge du retour de la nature en ville, des parcs et des jardins et des espaces verts”
    Qui feras quoi ?
    Je note que si on se préoccupe de “l’agriculture urbaine” ou du “retour de la nature en ville” personnes ne se préoccupe de la ville à la campagne !

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  3. Kitty Kitty

    Les deux meilleures nouvelles de la journée touchent à l’organisation de l’administration municipale (sans doute la condition nécessaire de tout le reste) sont :
    1 L’arrivée d’un nouveau DGS en provenance d’une ville bien gérée (Lyon)
    2 La nomination d’une personnalité de la société civile (Olivia Fortin) pour piloter la réforme de l’administration qui passera par la simplification de l’organigramme. A Lyon il y a 5 directions de services alors qu’à Marseille il y en a 13 ….

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  4. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    La « place de l’enfant dans la ville » est un vrai sujet, qui n’est d’ailleurs pas propre à Marseille : toutes nos villes sont devenues hostiles aux plus petits et aux plus faibles au fur et à mesure qu’elles étaient aménagées dans un seul but, faire le plus de place possible à la bagnole.

    Se mettre à hauteur d’enfant, c’est une clé de lecture intéressante pour pacifier et rendre accessible un environnement urbain devenu hostile. A Rennes, la municipalité a créé une délégation à “la ville à taille d’enfant” : https://www.liberation.fr/futurs/2020/07/14/rennes-la-ville-taille-enfant_1794145

    Une ville vivable est une ville où les enfants peuvent se déplacer en sécurité, qu’ils soient à pied, à vélo ou dans une poussette.

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    • Kitty Kitty

      Prendre l’exemple de Rennes procède d’une excellente démarche, bravo ! Avec Nantes, ce sont sans doute les villes les plus performantes de France et ce, à tous les points de vue. On ne saurait trop conseiller à nos élus de commencer par faire une découverte de ces deux villes pour éclairer le chemin qu’ils vont devoir tracer pour transformer Marseille. Savez-vous que Rennes a créé un bureau des temps extrêmement efficace ?

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    • raph2110 raph2110

      En effet la place de l’enfant dans la Ville est un véritable sujet, particulièrement dans certains arrondissements qui ne bénéficient que de peu d’espaces dédiés comme le 1er par exemple. Il me semble qu’il serait utile dans un premier temps de mettre en place une gestion efficiente des espaces de proximité qui existent mais qui referment suite à certains dysfonctionnements et faute d’une animation de qualité qui faciliterait une utilisation sécurisée pour les enfants et les familles. Bien sûr d’autres améliorations sont à entreprendre pour la sécurisation des parcours, pour l’obtention de créneaux dans des équipements sportifs qui se trouveraient à proximité des lieux d’habitat… Bref le chantier est immense au regard des contraintes urbaines, d’usage, de ressources nouvelles à trouver… mais pour le bien-être des enfants, le courage et la volonté devraient être au rendez-vous pour relever ce challenge.

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  5. Alceste. Alceste.

    Si nos nouveaux élus visitent Rennes ou Nantes cela changera des précédents qui allaient à Miami, Boston,Moscou ou au Japon et pour quel bénéfice pour Marseille à part se faire des vacances sur le dos du contribuable.

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    • Kitty Kitty

      Et on pourrait ajouter que politiquement ça paye puisque les deux maires ont été réélues sauf erreur de ma part.

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  6. Armand BENICHOU Armand BENICHOU

    Bonsoir
    je n’ai pas vu d’adjoint aux personnes handicapées, ni à l’accessibilité

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    • LN LN

      C’est une compétence du Département (MDPH) qui a toujours fait doublon avec la mairie. Si ce service disparaît au profit d’autres ET que le Département se saisit véritablement de l’affaire, alors ce sera une belle avancée. Quelle inutilité que chacun ait son pré carré (électoral ?) et si tout va bien, le CCAS a lui aussi de sacrées compétences…

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    • raph2110 raph2110

      Même si c’est en effet une compétence majeure du Département, la question de l’inclusion de tous les enfants en milieu scolaire et périscolaire, mérite une attention particulière de la municipalité. J’espère que ce volet sera pris en compte car il comporte des spécificités, par la Délégation «Place de l’enfant» dans une articulation avec plusieurs autres délégations.

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  7. Minh Derien Minh Derien

    Espérons qu’en créant une délégation à l’éducation populaire, jusqu’à maintenant bien maltraitée, un véritable élan sera donné à ce secteur. Et surtout, qu’on ne le réduira pas “au périscolaire” , comme on peut le déplorer au niveau national !

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  8. Bigbroz13 Bigbroz13

    pur info, le lien vers le trombinoscope ne marche pas sur mon ordi en cliquant sur l’image

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    • LN LN

      je confirme

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    • aurélie guermonprez aurélie guermonprez

      Pareil

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