"Mennucci – Tian, ce sera le combat de la mairie"

"Mennucci – Tian, ce sera le combat de la mairie"

On est bien à Bagatelle, le petit nom de la mairie des 6e et 8e arrondissements. Quand Dominique Tian, le locataire des lieux depuis 1995, donne ses voeux à la population, c'est sur le ton de la conversation : arrivé avec un peu de retard au théâtre Nono ce jeudi soir, il débite tranquillement les "annonces paroissiales" (travaux, ouvertures de crèches, projets immobiliers plus ou moins controversés etc.).

On est bien à la mairie du 6/8, les fonctionnaires "sont tous formidables", les élus aussi, "Bagatelle, c'est une équipe de copains". On les reconnaît autour de lui à leur écharpe d'un rose MP2013. Le 6/8, c'est de là que le maire Jean-Claude Gaudin, accoudé au pupitre, est parti et on y trouve encore les historiques (Vlasto, Servant, Malrait) comme les héritiers (les trois présidents de groupes UMP dans les collectivités locales : Moraine, Caradec, Vassal). Même la socialiste Nathalie Pigamo est à la tribune, note Dominique Tian. Tant de douceur doit la changer des batailles internes du PS…

"Tu vas nous quitter !"

Seuls ceux qui n'ont pas l'écharpe, Valérie Boyer et Roland Blum en délicatesse dans le 11/12, ou encore Lionel Royer-Perreault, le représentant du maire du 9/10 Guy Teissier, rappellent que la droite marseillaise a aussi ses tensions. Mais la fausse note du jour à la vie en rose version Bagatelle, même si elle n'a pas empêché le buffet de se vider, c'est le "secret de polichinelle" de Tian : "Je ne serai pas candidat aux élections municipales dans ce secteur l'année prochaine. Vous me dites « tu vas nous quitter !», mais je ne vous abandonne pas, je terminerai mon mandat."

Élu en juin député de la nouvelle circonscription du 7/8, il poursuivra en mars 2014 son glissement géographique en allant défier le maire du 1/7 Patrick Mennucci. Un autre enfant du 6/8, l'adjoint aux Sports Richard Miron ira lui "chercher à gagner des parts de marché" dans un autre secteur de gauche, le 13/14. Heureusement, "si [Tian] veut partir, moi je reste ici", a lancé Jean-Claude Gaudin, qui conduira la liste dans son secteur de toujours. Le maire ne cache pas qu'il l'a "fait réfléchir pendant longtemps, je n'ai pas donné mon accord tout de suite à cette histoire".

"Il ne voyait pas cela d'un très bon oeil parce qu'il pensait que le risque politique – que je perde – était trop important, explique Tian. Mais j'ai la conviction depuis deux ans que cela va se jouer dans le 1/7, le seul secteur qu'on peut reprendre, et les gens aiment bien les gens courageux qui mènent le combat".

Au combat

Le combat ? Certains le disaient encore il y a quelques mois dilettante, plutôt désireux de rester au chaud à Bagatelle et pour tout dire sans réelle ambition pour la mairie, quand les Muselier, Teissier voire Blum fourbissaient leurs armes. Cette idée est remise en cause par son duel face à la "grande gueule" Mennucci. Le tout dans un secteur qui comprend des quartiers populaires bien loin de son électorat traditionnel, sans parler de son positionnement très à droite accentué par la présence répétée à ses côtés de l'ex-FN Stéphane Durbec.

Si un jour je veux être maire de Marseille, il faut bien que je prouve quelque chose. Comment tu prouves si tu es resté planqué toute ta vie ?

Un peu comme Guérini qui en 2008 a abandonné son Panier pour aller défier le tandem Muselier/Gilles dans le 4/5 et tenter de ravir la mairie centrale en l'emportant sur ce secteur ? "Exactement. D'ailleurs j'étais un peu de ceux qui pensaient que Jean-Claude Gaudin aurait pu le faire en allant dans le 1/7, mais ce n'était pas pareil, c'est un secteur qu'on détenait". De là à dire que Gaudin est un planqué, il y a un pas qu'il ne franchit pas.

"Au cas où" Gaudin n'y va pas…

En tout cas, même si Gaudin est tenté de rempiler pour un quatrième mandat, il se prépare "au cas où (…) J'ai un déficit de notoriété à rattraper", explique-t-il au Figaro. Pour cela, il y a sa technique classique, d'autant plus facile qu'il est financièrement à l'aise en tant qu'actionnaire de cliniques et d'hôtels et laissé libre par des règles électorales qui ne limitent pas les budgets à plus d'un an des élections. Dominique Tian affiche, affiche et affiche encore. Il aura même un bus à son effigie. Mais le 1/7 lui offre un autre atout : "Les médias vont être attirés par ce combat, Mennucci/Tian, qui va être le combat de la mairie".

Tant pis pour Yves Moraine, que "ça démangeait" d'aller se frotter à Mennucci. "Il fallait quelque chose pour remplacer ce combat, le 6/8 c'est le secteur historique de Jean-Claude Gaudin, ça me touche beaucoup que son choix se soit porté sur moi pour être le futur maire de secteur". À Bagatelle, il y a des étapes qu'il faut savoir ne pas brûler.