Mauvais trip dans la Crau pour les anti-Sarkoval

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le 5 Mai 2011
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Mauvais trip dans la Crau pour les anti-Sarkoval
Mauvais trip dans la Crau pour les anti-Sarkoval

Mauvais trip dans la Crau pour les anti-Sarkoval

A première vue, ce n’était qu’une rave party illégale. Mais le rassemblement qui a attiré entre 2500 et 4000 teufers venus se caler devant une trentaine de sound systems pendant trois jours était en fait le pendant non autorisé du Noise festival, qui se déroulait en parallèle sur une base militaire dans l’Aisne. Un pacte passé avec le ministère de l’Intérieur – qui a poussé les organisateurs à abandonner la traditionnelle appellation Technival « trop connoté », comme le raconte Owni – qu’ont eu du mal à avaler une bonne part des adeptes des « tekos »

Technival des « insoumis »

Après années de diabolisation du mouvement par les autorités malgré un rapport parlementaire invitant à la « dédramatisation » et de lois sécuritaires, dont l’amendement Mariani, chef de file de l’UMP au conseil régional Paca et membre du collectif Droite populaire, haï des teufers, ils ont rebaptisé l’événement Sarkoval et ont mis sur pied le « Fuck Noise ». Pour le coup, la région, avide de titres de capitales, était donc ce week-end the place to be pour les « insoumis ».

Le problème, outre la violation d’un prévisible arrêté préfectoral « d’interdiction de tout rassemblement festif à caractère musical » c’est que la fête a eu lieu sur ce qui a pu sembler à certains un champ de cailloux avec un peu de vert autour, mais est en fait la dernière steppe aride d’Europe, avec une longue tradition de pâturages. « En pleine période de reproduction (notamment d’espèces rares comme le Ganga cata, ou le Faucon crécerellette, ndlr), on ne pouvait pas faire pire », peste Jean Boutin, directeur du Conservatoire Etude des Ecosystèmes de Provence (CEEP), l’un des gestionnaires de la réserve naturelle des Coussouls de Crau, à l’ouest des Bouches-du-Rhône.

« Faire un exemple »

Un site qui connaît des raves « très régulièrement » et ce « depuis sa création en 2001″, raconte-t-il. « C’est malheureusement un problème récurrent, et c’est aussi pour cela, et devant l’ampleur de cette manifestation, que nous avons voulu faire un exemple nous avons demandé à la préfecture qu’il y ait une pression forte sur les organisateurs et que le matériel soit saisi, ce qui est possible dans les textes mais n’est pas souvent pratiqué. L’objectif n’est pas d’embêter mais de faire un exemple », poursuit-il. En plus des immanquables soufflés de ballon et saisies de drogues, la préfecture a donc saisi 34 murs de son et 20 véhicules, et le conservatoire a porté plainte contre X.

Si, après la mise à disposition de bennes à ordures par la mairie d’Arles sur demande du CEEP, « on a globalement eu pour cette rave un rendu du site relativement propre, avec 5 tonnes d’ordures, par contre la bergerie a été taguée  et le toit a beaucoup souffert », note-t-il. Les éleveurs et agriculteurs de la zone sont d’ailleurs eux aussi très remontés, et ont mis en place un barrage filtrant dans le week-end. Outre un incident avec un berger qui tentait d’empêcher un chien de s’attaquer à son troupeau, la Chambre d’agriculture, co-gestionnaire du site, dénonce « l’impossibilité d’utilisation du site pour le pâturage avant nettoyage et réhabilitation ».

Des « arguments » à « ceux d’en face »

On l’aura compris, les organisateurs du « Sarkoval », et les tenants de la ligne dure face à ces rassemblements, en sortent plus renforcés que leurs alter ego « insoumis ». Comme le constatent certains commentateurs sur les forums, où l’habitude est de « report » (faire un rapport) du déroulement des rave parties. « Tu donnes à ceux d’en face un argument de plus contre toi », déplore l’un d’eux. « Sur une réserve naturelle… Et ça va critiquer ceux qui bossent avec l’Etat… Je crois que tout le monde doit balayer devant sa porte », ajoute un autre. « Désolé pour les sons saisis, en même temps les infos ne sont pas difficiles à trouver pour savoir si une zone est protégée ou pas ! (…) On veux un mouvement responsable et autonome et on s’organise en faisant n’importe quoi… », peste un autre.

« J’ai eu la surprise d’avoir hier a téléphone un raveur qui m’a appelé pour s’excuser en me disant qu’il n’avait pas compris que c’était une réserve », raconte Jean Boutin. « Je lui ai fait remarquer qu’il y a forcément des panneaux et il m’a répondu « qu’on nous trouve des sites tranquilles aussi ». Moi je suis prêt à pousser dans ce sens, avec l’Etat, mais je pense que ce n’est pas la volonté de tous les raveurs. La majorité est dans une optique de liberté totale… » Et effectivement, sur les forums, entre ceux qui daubent sur les « donneurs de leçons » qui critiquent ceux qui ont le cran de « sortir les sons » malgré les interdictions et ceux qui ironisent sur l’ampleur toute autre de la catastrophe écologique que représentent la rupture du pipeline qui traverse la Crau ou du complexe industrialo-portuaire voisin de Fos,

Le CEEP pourrait-il éditer une sorte de carte des zones à éviter histoire que personne ne puisse dire qu’il n’est pas au courant ? « Il y a des sites Internet qui existent où toutes ces infos sont disponibles et surtout les terrains sont balisés ». Bon courage tout de même pour rassembler tout cela dans une carte claire… Les cartes interactives de l’Inventaire national du patrimoine naturel sont par exemple séparées par types d’espaces protégés.  On peut toujours nous dire de faire plu
s en terme de communication, mais je pense que c’est illusoire. »
Ce week-end, il y avait des barrières, des chaînes, qui ont été enlevées à la meule électrique. Ce sont des gens déterminés »
.

Actualisation le 10 mai : quatre associations ont publié un communiqué de presse commun qui, sans dédouaner les dégradations et excuser les incidents, insiste sur le « contexte répressif à l’égard de ce mouvement » qui a accentué le « jeu du chat et de la souris » et ne « facilite pas le choix de sites adaptés ».

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Commentaires

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  1. céhère céhère

    L’égoïsme poussé au maximum chez certains. Ils ne sont pas très différents au fond su sarko qu’ils honnissent.

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  2. Silvano Silvano

    Pauvre plaine de la Crau, on la considère comme un vaste terrain vague sans interet. Résultat : on y fout tous les trucs qu’on veut pas ailleurs; pipelines, incinerateur, éoliennes, rave party…

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  3. mounia mounia

    Il est déplorable de voir a notre époque que des gens soi disant du “mouvement techno” puisse ne pas réfléchir, des personnes qui essaie de perpétuité ce mouvement, de le faire connaitre dans le bon sens, seulement en trois jours les efforts de 30% de cette catégorie de personne soit foutu en l’air. Finalement, l’image en redeviens gâcher une fois de plus, ce monde la ne tourne pas que autour de la drogue, mais comme toute passion, il y’a de multiple facettes a découvrir (art de la rue, mixe, fabrication, création, décoration…) cependant, le mouvement a était gâcher, par des gens non réfléchie, même si “fos” reste un endroit qui pour ma part n’est tout sauf naturelle ! s installé, démonter, faire fuir, relève d’une intolérance totale ! le monde techno n’est pas un monde destructeur : depuis 1995 jusqu’en 2005, l’auto gestion et le plaisir était au rdv, aujourd hui le mouvement s’autodétrui, notre culture, ne peut être prise au sérieux quand l on clame au et fort que nous sommes pour la protection de la nature et que nous en fesont tout le contraire.

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  4. Zob Zob

    C’est de loin le meilleur article sur le sujet que j’ai eu l’occasion de lire jusqu’ici !

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  5. Nertek Nertek

    J’étais présent a cette “fuck” et je trouve le commentaire de mounia très juste ! je ne suis pas resté pendant les 3 jours , et heureusement vu le déroulement final du week-end ( je n’aurais pas aimé payer les pots cassé d’une minoritée de personne n’ayant rien compris a l’autogestion ) .Le site etait à priori mal choisi vis-a-vis de la faune et de la flore mais si le directeur du CEEP dit que “on a globalement eu pour cette rave un rendu du site relativement propre, avec 5 tonnes d’ordures” c’est qu’il est forcé de reconnaitre que le bilan final n’est pas si mauvais pour une “grosse” free party” si diabolisé . Je suis persuadé que 99% des personnes présentes regrettent profondément la débilité des caillasseurs de berger ainsi que des alpinistes de bergeries ( notre voiture etait garée a 5 mètre de cette bergerie et je peux jurer d’avoir ,parmis d’autres, gueulé pour les faire descendre. Surtout quand le but est uniquement de prendre une belle photo… En ce qui concerne le berger caillassé, ça fait partie du top5 des histoires de connards vues en 9ans de “soirées techno” … bref , vraiment désolé que la fete soit gachée par une poignée de gros connards qui n’ont rien comprit au mot ” fête”. Bye

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  6. Dedesh Dedesh

    C est clair qu il ne faut pas laisser faire ce genre de fete sous pretexte que l on refuse l odre etablis beacoup de sound systeme n osent meme pas ou plus taper des entrepots alors
    Ils se permettent de se poser n importe ou dans un site qui est beau ou au milieu de null part j ai abandonné tout ca parceque les mentalités non pas changé voir empiré entre les racailles qui depouillent les dileurs qui vendent tout et n importe quoi , et ceux qui viennent pour tagger et graffer tout ce qui est possible et ne pas respecter les gens qui vivent autours alors voila pourquoui ils sont reduits a etre confiné et cadré avec barrieres police et controle a la sortie quand j entends encore les hustoires de dingues qui se passz encore dans ce milieu ca me fait bien rire

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  7. Luky Luky

    Vous me faites simplement rire.
    Renseignez vous sur ce qui s’est passe et a quel point nous avons été un exemple ce soir la.
    (juste une petite chose que vous aimez passer sous silence, le paysan qui fut envoyé a l’hôpital, n’a t’il pas essayé d’egorger un chien..?!)
    Un raver Subjugué par vos réactions.

    Des réactions, parlons en : Lucas.bonomi@gmail.com

    Je suis navré pour vous d’en etre a penser de telles choses.

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  8. tribalspirit tribalspirit

    salut
    cette annee est pr moi la 13ieme ds le monde des teufs. plus le tps passe et plus ca me degoute de voir ce que ce mouvement est devenu. entre les cailles ,les connards qui doivent croire que maman va venir passer l aspi derriere eux comme elle fait ds leur chambre , ceux qui laissent leurs pq et les abrutis qui caillassent ,critiquent le mec qui tente comme il peut de proteger ce qui lui appartient et qui le fait vivre. la free est devenue malgré elle un terrain de jeu pr les immatures en ts genres. les precurseurs du mouv sont deja bien loin d ici . la honte de voir que ce qu ils ont laisser sur leur passage par la france soit si eloigné de la pensée d origine. et meme si c est normal que les choses evoluent ,changent ou se diversifient la on ne peu parler que de degradation. je prefere les ptits calages entre potes ou certaines teufs rares ou on retrouve une bonne mentalite et un vrai gout pr la fete sans y faire n importe quoi juste parce que c est “free”. faut pas s etonner d avoir une si mauvaise reputation surtout face a un etat repressif . soyons plus intelligents et montrons nos valeurs c est la seule chose qu on a pr contrer les apprioris

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  9. nada nada

    La révolte de salon dans toute sa splendeur. Le plaisir de pourrir, de foutre en l’air tout ce qui appartient aux autres, bien entendu loin de chez soi, avec l’exigence d’être pris en charge en cas de pépin. Les nouveaux beaufs, l’arrogance, et la bêtise en plus.

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