Maryse Joissains dénonce "la métropole des promoteurs marseillais"

Maryse Joissains dénonce "la métropole des promoteurs marseillais"

Chiche, on laisse Aix hors de la métropole et on voit qui s'en sort le mieux. C'est le pari en forme de bravade lancé par Maryse Joissains, maire UMP candidate à un troisième mandat. Malgré la promulgation de la loi qui crée une métropole Aix-Marseille-Provence, elle espère toujours déjouer les plans du gouvernement de mettre en place "une structure monolithique, bureaucratique, technocratique, qui coiffera tout le territoire". Car ce n'est qu'au 1er janvier 2016 que la fusion des six intercommunalités, dont le pays d'Aix qu'elle préside, sera une réalité. D'ici là, si elle est élue, elle compte bien continuer à faire le siège de la métropole. Avec une certitude : c'est Marseille qui a besoin d'Aix, pas l'inverse.

"La mission de préfiguration ne peut pas prétendre régler tous les problèmes dans les deux ans à venir si les maires et présidents d'intercommunalités ne collaborent pas". Si Laurent Théry, préfet délégué à la mission métropolitaine, pense ouvrir une période de négociation avec les maires à partir d'avril (voir notre talk de janvier), les bases ne sont pas partagées par Maryse Joissains. À défaut de la "politique de la chaise vide" critiquée sur notre plateau par le candidat socialiste Edouard Baldo, elle défendra une version plus légère de la coopération métropolitaine. "Il faut faire la métropole des besoins stratégiques du territoire. Les transports, bien entendu, on en meurt, la coordination économique, l'aménagement du territoire, l'environnement et les ports". Mais attention : côté économie, les zones d'activités ne sont pas comprises, tout comme l'aménagement du territoire ne sous-entend pas les plans locaux d'urbanisme, qui resteraient aux communes, ni les schémas de cohérence territoriale, laissés aux intercommunalités…

La peur des grands ensembles

Les conseils de territoire, destinés à récupérer à un niveau intermédiaire ce qui ne relève pas de ces grands thèmes métropolitains, ne jouent-ils pas un rôle intermédiaire, propre à nuancer la centralisation ? "Du pipeau", balaye-t-elle. N'est-ce pas un peu tard pour convaincre, après des années de rendez-vous manqués entre Marseille et ses voisins ? "Si nous avions accepté le syndicat mixte des transports, nous n'aurions pas la métropole aujourd'hui, c'est la faute irréparable de la maire d'Aix", assénait son concurrent UDI Bruno Genzana, l'été dernier sur notre plateau. Pas ébranlée, Maryse Joissains met en avant la signature des maires pour un tel syndicat… en février 2013. "C'est facile pour Bruno Genzana de refaire l'histoire (…) mais amener toutes les intercommunalités à aller vers une coopération métropolitaine, vous croyez que ça se fait en une nuit ?"

La "main tendue" qu'elle réserve à Marseille semble toutefois prête à se retirer au moindre signe négatif. "Je ne veux pas que ça soit la loi du plus fort", martèle-t-elle. Si Aix et Marseille on réussi à s'entendre pour une candidature commune pour un label numérique, elle tire un bilan amer de la capitale européenne de la culture, d'ordinaire présentée comme un exemple de coopération réussie : "Ça n'a pas été la réussite que j'espérais car les opérateurs ont surtout travaillé sur Marseille. Sur certaines manifestations, on s'est débrouillés tous seuls. Sur Camus, par exemple, on n'a pas du tout été soutenus." Par dessus tout, la politique urbanistique et foncière semble l'effrayer : "Cette métropole, c'est celle des promoteurs et agents immobiliers marseillais", estime-t-elle, évoquant le retour des "grands ensembles". Les maires du pays d'Aix ont longtemps entretenu le retard de planification de logements sociaux, et continuent d'agiter le chiffon rouge des HLM marseillais comme symbole de la future métropole…