Martine Derain : "Les grands ensembles ont été labourés par le documentaire"

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le 26 Juil 2013
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Martine Derain : "Les grands ensembles ont été labourés par le documentaire"
Martine Derain : "Les grands ensembles ont été labourés par le documentaire"

Martine Derain : "Les grands ensembles ont été labourés par le documentaire"

Martine Derain prend les mots au pied de la lettre. Quand MP2013 est venu solliciter cette artiste et photographe installée à Marseille pour participer à un Quartier créatif dans une cité ciotadenne, elle a pris l'appellation dans son sens plein. En juin 2011, elle investit donc un atelier au coeur même de cet ensemble de logements sociaux construit en 1956 par des élèves de Le Corbusier, Georges Candilis, Jean-Louis Sourdeau et son fils Jean-Marie.

Au pied de la lettre et des bâtiments, c'est là qu'elle convoque sa bande. Il y a le collectif de cinéastes de Film Flamme, l'infatigable arpenteuse de mémoires Christine Breton, la peintre Raphaëlle Paupert-Borne, la photographe Suzanne Hetzel et la compagnie de danse Ex Nihilo, dont elle est l'artiste associée. Sa bande est là car Martine Derain ne peut envisager son travail autrement que dans une approche collective et sur la longue durée. "Il s'agit pour moi de rassembler dans tous les sens par la danse, le cinéma, l'édition, la photo…" et la liste n'est jamais exhaustive.

En face d'elle, il y a les habitants de l'Abeille avec dix jeunes qui tiennent les murs et justifient à peu de frais la réputation "Chicago, Bronx" franchement usurpée qui a cours à La Ciotat. Il y a aussi l'Abeille elle-même et "c'est très beau". La cité est signée par l'architecte Georges Candilis, qui travailla à côté de Le Corbusier avant de s'en écarter. On trouve trace de son oeuvre à Marseille (La Viste) mais aussi à Casablanca. Le décor est là mais pas question d'en faire l'arrière-plan d'un regard documentaire. "Tout de suite, les gens m'ont dit qu'ils avaient déjà tout dit à d'autres. Les grands ensembles sont labourés par le documentaire"

Elle s'écarte donc de cet angle affligé/affligeant pour plonger les deux pieds dans la fiction. Les habitants la suivent pas mécontents d'enfiler cothurnes, toges et quelques lianes de vigne au front. Les dieux grecs sont convoqués pour Demeter à l'Abeille, une comédie antique où Monsieur Secci, fabricant de calendriers perpétuels, devient Zeus sans peine. 

Aujourd'hui, Martine Derain et ses comparses se coltinent l'énorme matière amassée. Elle en restituera une partie lors d'une balade dans le quartier, les 14 et 15 septembre prochains, à partir du Vieil Abeille, immeuble promis à la démolition dans le cadre d'un projet de rénovation urbaine. Les 12 et 13 novembre, certains des sept films seront présentés au cinéma l'Eden.

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Commentaires

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  1. PourVoir PourVoir

    Bravo ! C’est tout de fragilité, de retenue et d’audace. Car il en faut pour inviter à danser, à se montrer.
    C’est éphémère. Mais un long travail préparatoire, tenace, précède. Il y aura des traces. Peut-être aussi des survivances. Et ça aussi, ça mérite d’être salué.

    N B : MarsActu propose de nombreux “talks culture” (sic)conscrés aux quartiers créatifs et aux initiatives du terrain. Merci. A quand une carte (vous en faites de si pertinentes !)qui localiserait ces quartiers et indiquerait les modalités d’accès ? Je suis très demandeur ! C’est si discret et si aventureux … Si nécessaire et si remuant …

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