Marseille n’a plus de maire, et maintenant ?
La démission de la maire de Marseille après moins de six mois de mandat place la ville dans une situation politique inédite. Le cas est toutefois fréquent dans des plus petites communes et le déroulé du processus est décrit précisément par la loi. Explications.
Marseille n’a plus de maire, et maintenant ?
Depuis ce mardi, Marseille n’a plus de maire. Si la suite se dessine déjà avec la préférence de Michèle Rubirola pour Benoît Payan, approuvée par son groupe majoritaire, cette situation politique rare pose plusieurs questions. Quel calendrier, quelles procédures, qui assure l’intérim ? On vous fournit les réponses.
Qui assure l’intérim ?
Successeur désigné par la maire démissionnaire, Benoît Payan assure déjà son intérim. La loi prévoit en effet qu’en cas “d’empêchement”, le maire est “remplacé, dans la plénitude de ses fonctions, par un adjoint, dans l’ordre des nominations”. Ce rôle échoit donc au premier adjoint. Cela avait d’ailleurs déjà été le cas pendant près d’un mois cet automne, lors de la convalescence de Michèle Rubirola après une intervention chirurgicale. Cette “plénitude” est toutefois limitée aux affaires courantes pour éviter une carence de la gestion municipale.
Comment se passe la désignation d’un nouveau maire ?
La première et l’une des rares décisions qu’a à signer Benoît Payan pendant cette suppléance est la convocation du conseil municipal pour procéder à l’élection d’un nouveau maire. La loi lui donne 15 jours pour le faire, en s’y prenant six jours à l’avance. En pratique, si la maire de Marseille n’a pas fixé de calendrier dans son allocution, la convocation devrait avoir été lancée ce mardi pour une séance le 21 décembre, date initialement prévue pour le conseil “normal”.
Le déroulé sera strictement identique à la séance du 4 juillet, après le second tour des municipales. Tout conseiller municipal peut présenter sa candidature. Il faut au moins 51 voix sur 101 pour être élu, à moins que personne n’y arrive pendant les deux premiers tours. Auquel cas le candidat qui recueille le plus de voix est élu au troisième tour. Pour Benoît Payan, cette majorité devrait être moins difficile à réunir que le 4 juillet, à moins que les neuf élus du groupe de Samia Ghali, qui ne s’est pas encore exprimée, ne reviennent sur leur alliance. Les 30 adjoints seront également à nouveau désignés, cette fois-ci sur une liste.
Et si on revotait ?
C’est la réaction logique de certains électeurs face à une démission : puisqu’il n’y a plus de maire, il faut retourner aux urnes. C’est aussi la position défendue par l’opposition RN ainsi que LREM, au nom de la clarté démocratique. Mais, si les campagnes électorales se focalisent sur les têtes de listes puisqu’elles sont appelées à exercer les fonctions les plus centrales, ce n’est pas ce que prévoit la loi. Une élection municipale n’est pas une élection présidentielle : le maire n’est pas élu directement par les électeurs mais par le conseil municipal. De Fos à Berre en passant par La Penne-sur-Huveaune, les exemples récents de transition en cours de mandat sont d’ailleurs nombreux, à l’initiative de maires soucieux de mettre le pied à l’étrier d’une autre personnalité avant la prochaine élection. Ils sont en revanche beaucoup plus rares pour une ville de cette taille et après un mandat si court.
Le conseil municipal peut en revanche, collectivement, provoquer une nouvelle élection via une démission de ses membres. Ce cas n’est pas inédit, même s’il est d’ordinaire plutôt motivé par des conflits au sein de la majorité qu’une question morale de sincérité vis-à-vis des électeurs. On a par exemple revoté à Rognes en 2018. Dans le cas marseillais, le nombre minimum de démissionnaires – un tiers du conseil soit 34 élus – paraît atteignable pour une opposition LR et RN qui compte 45 membres. Mais l’opération est moins aisée qu’il n’y paraît car l’ensemble des personnes qui suivent sur les listes doivent, l’un après l’autre, refuser la place libérée par ceux qui les précèdent. Soit 606 personnes pour une démission complète des deux listes.
Commentaires
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à mettre en perspective avec un autre “empêchement ” dans l’histoire municipale de Marseille : en 1986 suit au décès de Gaston Defferre la nomination de Robert Vigouroux l’intérimaire qui fera une saison de plus …
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tout à fait;
a mettre aussi en perspective avec le maire du 6° secteur qui n’est pas celui élu par les électeurs. Pour la troisième fois.
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Bonjour,
plus précisément c’est le premier adjoint Jean-Victor Cordonnier qui avait assuré l’intérim pendant dix jours avant l’élection de Robert Vigouroux.
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Il y a une autre époque à mettre en perspective. C’est celle de Simon Sabiani.
En 1929, Le dissident socialiste, S. Flaissières, est réélu maire de Marseille. Sabiani devient le premier adjoint et « le maître du jeu politique marseillais ». Les socialistes sont battus.
Le véritable maire c’est Sabiani qui profite du prestige de S. Flaissières qui fête ses 78 ans.
Il est maire par intérim, en 1931, à la mort de Flaissières, décédé à l’âge de 80 ans.
En 1932, avec le soutien d’une partie de la droite locale, il est réélu aux élections législatives. Le maire suivant va conforter sa position d’homme qui tire les ficelles. Sabiani a 43 ans et désormais il fait la pluie et le beau temps sur la ville. Comme pour le maire précédent il devient le premier adjoint du maire « qu’il a fait élire et qui lui doit tout, le Dr Ribot. Un personnage falot qui lui permet de diriger de fait la mairie jusqu’en 1934, bien que le conseil municipal lui soit hostile. Il poursuit à ce poste sa politique clientéliste et se croit au-dessus des lois ».
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Lors des dernières élections régionales la droite LR a présenté Christian Estrosi comme tête de liste. Celui-ci a été élu président de la région et quelques temps après les électeurs ont eu la surprise de voir que Renaud Muselier devenait président de région à la place de Christian Estrosi.
De même dans le 6° secteur de Marseille lors du 2° tour de l’élection municipale de 2014 les électeurs ont élu Robert Assante et après une nuit de tractation dans le bureau de Jean-Claude Gaudin, c’est Valérie Boyer qui est ressortie maire de secteur.
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A quand un délit de recel de position électorale ? :))
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