Marseille : les Globes pas aussi cool que les vaches

À la une
le 8 Nov 2010
5
Marseille : les Globes pas aussi cool que les vaches
Marseille : les Globes pas aussi cool que les vaches

Marseille : les Globes pas aussi cool que les vaches

C’est bien connu, les suites sont toujours risquées. Après le succès de la Cow Parade, qui avait investi les rues de Marseille en 2007, les organisateurs récidivaient cette année avec les Cool Globes. Le principe : des institutions achètent des globes nus et les confient à des artistes, puis les oeuvres sont exposées dans des lieux choisis de la ville. Pour 7500 euros, elle pouvaient ainsi contribuer à étonner et sensibiliser les Marseillais et les touristes de passage à la protection de l’environnement et au réchauffement climatique (thème qui donne son nom à l’événement).

Retombées presse

L’occasion de faire parler de la ville pour la mairie, Marseille Provence Métropole, les conseil général et régional, qui ont tous acheté plusieurs globes. Et aussi pour ces collectivités et les entreprises (SFR, EDF, Renault, Société des Eaux de Marseille…) de faire une bonne opération de comm’, avec notamment « des retombées presse » promises via les partenaires La Provence et France Bleu.

Problème : si les médias locaux, et pas que les partenaires, ont bien relayé l’info, à voir la revue de presse sur le site de l’opération, les journaux nationaux et internationaux ne se sont en revanche pas bousculés pour la couvrir. Il est vrai qu’il manquait des supporters de l’équipe de rugby anglaise pour en jeter dans le Vieux-Port, comme ce fut le cas avec une vache…

Vente aux enchères décevante

Mais c’est surtout au niveau de la vente aux enchères, qui a conclu vendredi l’exposition, que le bilan est décevant. Quand les 63 vaches s’étaient écoulées à 540 000 euros, les 58 globes ne frôlent que les 200 000 euros. En tête, celui signé Ben a tout juste dépassé le prix d’achat initial avec 8500 euros. « On ne s’était pas mis d’objectif et avec la crise on s’attendait à une vente moins belle que les vaches, mais ce résultat est un peu décevant. En plus, les embouteillages ont fait que des acteurs que l’on attendait ne sont pas venus… Mais la Croix-Rouge est très contente et c’est l’essentiel », réagit Nicolas Leccia, l’un des organisateurs.

Car, comme les autres expositions Cool Globes (le concept est né en 2007 à Chicago et a déjà écumé une dizaine de villes), la moitié du produit de la vente est reversé à un organisme oeuvrant pour la protection de l’environnement. Le choix de la Croix-Rouge – plutôt que WWF pour ne citer que cette ONG – nous avait d’ailleurs paru étonnant, mis à part l’ancrage à Marseille de son président Jean-François Mattei. Mais Nicolas Leccia précise qu’« elle se lance dans une stratégie nationale et internationale 2010/2020 axée sur le développement durable. »

500 000 euros pour les organisateurs

Bref, tout ça ne serait qu’un demi-succès – pour positiver – s’il n’y avait derrière la « sensibilisation à l’environnement » et les dons aux bonnes oeuvres un côté business peu transparent. Car les organisateurs, Nicolas Leccia et Didier Girard, touchent 25% du produit de la vente aux enchères, en plus du prix de vente initial. Calculette s’il vous plaît : près de 500 000 euros pour nos deux compères. Pour quels coûts ? Mystère pour la logistique, la communication et la rétribution de la fondation américaine Cool Globes, détentrice de la licence. Une chose est sûre : au prix de la tonne de béton et du kilo de fibre de verre, les globes en eux-même ne les valent pas.

Quant aux entreprises, grâce aux 25% du produit de la vente aux enchères qui leur revient, l’opération de comm’ ne leur aura coûté en moyenne que 4000 euros pièce. Une paille, surtout elles peuvent compter, en moyenne là encore, sur une déduction fiscale d’environ 2600 euros. Car les 50% de la Croix-Rouge passent d’abord par les entreprises propriétaires du globe, qui lui « donnent » ensuite. Joli montage qui fait que, comme pour n’importe quel don, c’est in fine l’Etat qui abondera 75% de la somme versée à l’organisme. Dommage que des acheteurs plus généreux n’aient pas fait grimpé la note…

Cet article vous est offert par Marsactu
Marsactu est un journal local d'investigation indépendant. Nous n'avons pas de propriétaire milliardaire, pas de publicité ni subvention des collectivités locales. Ce sont nos abonné.e.s qui nous financent.

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

  1. icci icci

    Merci pour cet article très éclairant;

    Signaler
  2. yael yael

    Aaaaah ouais ! En fait ils auraient du le faire pour rien !! Filer 100 000 euros à La Croix Rouge et ne rien gagner ! Comme Marsactu en fait !! Faire un truc qui sert à rien pour pas un rond (et la vous savez de quoi je parle !!!)! C’est vrai que c’est un concept sympa !!

    Signaler
  3. yael yael

    Ok ! C’est juste que j’aime comprendre d’ou viennent les infos….
    Si les organisateurs manquent de transparence comme vous dites, d’ou vient le chiffre de 500 000 euros ?? En plus vous précisez que vous avez eu besoin d’une calculatrice donc je pense que tout cela est très précis au contraire….
    Je sais je suis pénible mais je suis sans emploi, bénévole dans une association et j’ai du temps pour m’informer et vérifier…. Je ne vois pas de revue de presse sur le site non plus… En même temps c’est normal l’événement vient de se terminer…
    J’aurais préféré lire qu’un événement qui égaye la ville durant 6 mois et qui à la fin verse un chèque de 100 000 euros à La croix Rouge c’est vraiment bien et rare…
    J’ai arrêté d’acheter La Provence car en bons marseillais qu’ils sont ils voient tout par le petit bout de la lorgnette.. je vais arrêter de consulter votre site pour les même raisons…

    Signaler
  4. yael yael

    Merci beaucoup d’avoir pris le temps de me répondre ! C’est on ne peut plus clair !

    Signaler
  5. pellicani Christian pellicani Christian

    L’article met en évidence la politique de marchandisation de l’espace public par JC Gaudin et sa majorité. La croix rouge et le côté mécénat permet de cacher la démarche qui vise à laisser aux privés la politique culturelle.

    Signaler

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire