Un Marseille-Cassis sous état d’urgence

Actualité
le 21 Oct 2016
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Le Marseille-Cassis aura bien lieu le 30 octobre malgré l'état d'urgence. Des commerçants cassidains s'inquiètent d'un possible acte terroriste et réclament l'annulation de la course.

Une coureuse lors du Marseille-Cassis 2013 - Flickr/Akunamatata
Une coureuse lors du Marseille-Cassis 2013 - Flickr/Akunamatata

Une coureuse lors du Marseille-Cassis 2013 - Flickr/Akunamatata

Même le Paternel n’a pas suffi à dissiper les craintes. Lundi soir, sous la lumière tamisée du Chai cassidain, la cave du village, ils sont une douzaine de commerçants à s’être réunis pour partager leur inquiétude quant à la tenue dimanche 30 octobre de la course Marseille-Cassis. Restaurateurs ou vendeurs de vêtements, ils craignent “une attaque terroriste ou même un simple mouvement de foule : 40 000 personnes sur le port de Cassis, ça peut aller vite !”

La liste des mesures de sécurité leur a été envoyée par la maire de Cassis. Le courrier se conclut par un “désolée !” manuscrit lourd de sens mais n’a pas eu pour effet rassurer les commerçants. La “zone rouge piéton” imaginée pour permettre une arrivée rapide des secours concentre les craintes. Du port de Cassis à l’autoroute A 50, seuls les riverains pourront déambuler sur le trajet dégagé de tout obstacle.

“40 000 personnes sur le port de Cassis”

Une partie des commerçants sera donc contrainte de fermer mais, jusque sur le port où se situe la ligne d’arrivée, d’autres rideaux resteront baissés, affirment-ils. Leur lettre ouverte à l’association organisatrice, la SCO Sainte-Marguerite se fait grave : “Estimez-vous raisonnable, pour ne pas dire simplement sensé, de laisser s’agglutiner 40 000 personnes sur le port de Cassis ? […] Ne soyez pas étonnés si cette année, de nombreux Cassidens n’ont pas envie de jouer avec vous : ils n’ont simplement pas envie de jouer avec la vie des gens.”

Impossible pour nous d’obtenir de réponse de la SCO comme de la préfecture de police, ceux-ci ayant réservé leurs commentaires ce jeudi aux “médias partenaires” de l’événement à l’issue de la dernière réunion de cadrage (voir la réaction de Marsactu ici). Nous avions toutefois pu interroger le préfet de police Laurent Nunez ce mardi en marge d’une conférence de presse. “Il n’y a pas de raison de penser que la course ne se tiendra pas”, expliquait-il alors avant d’ajouter en aparté : “Je n’ai pas eu de remontées des services sur le Marseille-Cassis.” Interrogé par 20 minutes, le président de l’association Claude Ravel a délivré le même message : “Même si c’est contraignant, on le fera. Des gens viennent du monde entier pour participer.”

Des aménagements de sécurité

Reste que l’événement en lui-même pose question : ce sont effectivement 40 000 personnes dont 15 000 participants qui sont attendues à l’arrivée. D’autres manifestations comparables car en plein air et diffuses ont été annulées récemment. On peut prendre comme exemple, à Marseille, le show aérien de la patrouille de France prévu le 13 août  et annulé car la police avait jugé impossible de sécuriser l’ensemble du littoral. 20 minutes détaille aussi l’annulation de la Foulée des gazelles à Toulon qui devait se tenir le 16 octobre.

Dans un long communiqué, le président de l’association Marc Vernet détaillait les mesures de sécurité successivement réclamées par la police et la mairie qui l’ont finalement conduit à annuler pour le “respect que nous devons à chacune des participantes et pour la crédibilité de cette manifestation sportive d’envergure”, malgré les dépenses déjà engagées. De manière générale, “environ 8%” des courses – dont les semi-marathons de Nancy et Lille – ont été annulées ces derniers mois selon la fédération française d’athlétisme citée par Le Monde.

Cette fois, la course sera donc maintenue avec quelques aménagements : des mesures qui auront un coût important pour l’État comme pour les organisateurs. Ainsi, des véhicules militaires bloqueront les accès à la course et les coureurs, après avoir été fouillés, partiront en plusieurs vagues. Par ailleurs, des frégates devraient patrouiller dans la rade afin de prévenir toute attaque venue du large.

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Commentaires

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  1. one live one live

    Quelle honte, jouer la mauvaise carte pour quelques sous et surtout la satisfaction des égos, indépendamment du fait que la plupart des cassidains subissent cette attraction depuis des années: envahissement des campagnes, des résidences, de la ville, plage transformée en pipi drome, parkings réservés aux grosses commissions, jardins publics dévastés; sans compter l’interdiction de sortir de dix heures à quinze…….
    Merci d’avoir pensé aux frégates pour prévenir les attaques.
    Prions, il ne nous reste que cette voie, pour qu’il n’arrive rien et que la raison revienne sur ce territoire qui n’est la propriété de personne et ou la maladie du gabian semble frapper cruellement!

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    • Magnaval Magnaval

      Ce territoire n’est pas plus la propriété des “cassidains” autoproclamés que des autres… Le lobby des petits propriétaires retraités nimbystes, frileux et conservateurs, ennemis de tout et de rien, éternels râleurs égoïstes, est en train de tuer ce pays.

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    • Court-Jus Court-Jus

      Pour ce qui est du non respect des lieux par les coureurs (ordures, déjections, vandalisme) c’est effectivement inadmissible et mal géré par les organisateurs et les forces de l’ordre. Mais ce qui ressort de votre commentaire c’est surtout que quelques Cassidains aimeraient bien se débarasser du Marseille-Cassis et entendent profiter des potentiels problèmes de sécurité pour ce faire …

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    • Magnaval Magnaval

      Il est évident que ce qui gène ces quelques mauvais coucheurs est non pas les risques qui menacent les coureurs, mais les contraintes même de sécurité, comme l’interdiction de stationner et de circuler durant un week-end qu’ils pouvaient espérer juteux.

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  2. Guaco Guaco

    Tout à fait d’accord avec mikeoscar : “jouer la mauvaise carte pour quelques sous”
    C’est plus la SCO Sainte Marguerite, c’est la SCO Sainte Subvention.
    Faire prendre délibérément un risque pareil à 40.000 personnes, ainsi qu’aux forces de l’ordre chargées de la sécurité de cette course, c’est tout simplement honteux.
    Un collectif s’est créé à Cassis contre la tenue de la course ce 30 octobre.
    Pour suivre :
    https://fr-fr.facebook.com/pages/Le-Chai-Cassidain/137192832995082

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    • Magnaval Magnaval

      Voilà un lien bien intéressant. Cela ramène ces râleries au niveau qui est le leur : la discussion de comptoir en fin de soirée avinée.

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  3. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Au delà de la question de l’opportunité de maintenir, ou non, cette manifestation dans le contexte actuel, je veux souligner cette anomalie grave qui consiste à choisir, au sein des médias, ceux qui ont le droit d’avoir des informations.

    Pour qui se prend la SCO Ste-Marguerite, avec la complicité inadmissible de la Préfecture ? Qu’est-ce que cette atteinte à la liberté de la presse, et comment la justifie-t-elle – étant entendu qu’elle n’est pas justifiable ?

    L’état d’urgence ne peut pas tout expliquer. En particulier, il n’est prévu ni pour museler la presse, ni pour remplacer le journalisme par la publicité.

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    • Guaco Guaco

      J’ai été choqué, comme vous, du comportement de la SCO vis à vis de la presse ce jeudi 20 octobre en Préfecture, révélatrice d’une conception pour le moins “SCOviétique” de la liberté d’opinion. Le plus désolant est que le Préfet de Police, en charge de la protection des libertés publiques, n’a aucunement protesté contre la décision de la SCO de filtrer les médias à l’entrée de la conf de “presse” pour n’y laisser accéder que la presse “partenaire”(la Provence et FTV) qui n’a pas protesté non plus contre cette atteinte aux fondements mêmes des valeurs qu’elle est censée porter. Manifestement, le Marseille Cassis est l’occasion de bien des entorses…

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  4. Tarama Tarama

    La parano galopante de certains…
    A Marseille plusieurs courses rassemblant des milliers de personnes ont eu lieu ces derniers mois, ça ne fait pas une ligne dans les médias.

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    • Court-Jus Court-Jus

      Complètement. D’ailleurs c’est assez paradoxal que ce soit de Cassis que viennent les protestations alors qu’il semble bien plus simple de contrôler le périmètre sur le port que sur le boulevard Michelet.

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    • Magnaval Magnaval

      Ce sont les mêmes qui ont tout fait pour saborder le parc national, toujours au nom de leur tranquillité et des privilèges qu’ils s’octroient sur le domaine public.

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    • Guaco Guaco

      Et à Marseille, plusieurs manifestations ont été annulées par décision du Maire en raison du risque terroriste : feux d’artifice du 15 juillet, feu d’artifice du 15 août, meeting de la patrouille de France du 13 août, le tout avec l’adhésion sans réserve du Préfet de Police, qui l’a fait savoir.
      Le même Préfet de Police qui aujourd’hui considère que laisser déferler 40.000 personnes dans la cuvette que constitue le port de Cassis n’est pas un problème. Il ne s’agit pas de “parano”, comme vous l’écrivez, mais simplement de bon sens.

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    • Magnaval Magnaval

      Il ne vous aura pas échappé que les manifestations citées suivaient de quelques jours l’attentat de Nice. Il était important de rassurer la mémé, base de l’électorat du sieur Gaudin.
      Maintenant, il faut raison garder. Si vous voulez arrêter de vivre, libre à vous, mais c’est juste donner raison à la bande de cinglés qui nous menace.
      Ce qui dérange les cassidains autoproclamés, c’est la présence d’estrangers dans leur village, qui plus est peu susceptibles de consommer dans leurs gargottes.

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  5. marseillais marseillais

    J’ai du mal à comprendre la réaction des cassidins, ces “gaulois” qui, il me semble, s’en mettent plein les poches à l’occasion de cette course
    Y participant depuis des années, je trouve sain de la maintenir au delà des aspects financiers; sinon, on fait plus rien et on reste cloitré chez soi en attendant que daesch soit vaincu….

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    • Guaco Guaco

      Votre contribution appelle plusieurs observations de la part du cassidain (et non cassidin) que je suis.
      1/ mettre en relation une perspective de gain (“s’en mettre plein les poches”) avec un risque bien réel pesant sur des milliers de participants n’est pas approprié.
      2/ la question n’est pas d’annuler toute manifestation en attendant la fin du terrorisme intégriste mais de prendre en compte l’ampleur de cette manifestation (40.000 personnes dans une cuvette) pour constater qu’il n’est pas possible aux forces de l’ordre de gérer l’ingérable, malgré l’immense implication dont la gendarmerie fait preuve.

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    • Magnaval Magnaval

      C’est quoi, l’ingérable ? Une flottille de daesch venant de la mer ? La cuvette est facilement refermable et contrôlée, justement. Un tel espace est une aubaine pour tout organisateur, contrairement à des espaces ouverts comme les plages du Prado, par exemple.
      Des courses encore plus importantes ont eu lieu sans problème ces dernières semaines (Paris-Versailles, par exemple), sur des parcours et des lieux d’arrivée bien plus difficiles à sécuriser. Il n’y a qu’à Cassis que l’on a entendu des râleurs…
      Les seuls risques pour les participants, ce sont la pluie (a priori écartée) et la voracité des “commerçants” qui les attendent à l’arrivée.

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