Loin des négociations, le front populaire avance déjà sur le terrain marseillais

300 personnes environ ont participé au lancement de campagne d'Hendrik Davi (LFI). (Photo : JML)

“On vient de me demander un Cerfa !”, lance Hendrik Davi. “Fumée gris clair”, rétorque un militant. Jeudi à 19 h, le député sortant LFI attend encore, loin des arcanes parisiens, la confirmation qu’il est qualifié par l’alliance de gauche pour se représenter. Deux heures plus tard, l’accord entre les forces de gauche est finalisé et le “nouveau front populaire” n’attend plus que les votes internes aux partis pour lancer sa campagne. À l’heure tardive où nous bouclions, Hendrik Davi devait en être, mais s’est couché sans certitude.

Pendant 24 heures, l’hypothèse d’un retour à Marseille de Jean-Luc Mélenchon a plané ; mais cette fois dans la cinquième circonscription. Comme l’a raconté Libération, l’hypothèse a poussé le maire de Marseille Benoît Payan à faire barrage en menaçant de s’y présenter à son tour. “On verra bien demain, mais c’est un autre jour. Pour l’instant, on lance la campagne”, résume devant ses militants le chercheur en écologie forestière. “C’est inimaginable qu’alors qu’on a ce front populaire, que le maire et l’ancien candidat à la présidentielle s’affrontent, ça ferait un super topic pour Baron noir mais c’est impossible”, glissait-il au préalable aux journalistes venus en nombre.

Trois cents personnes ont répondu à son appel pour remplir le jardin du théâtre des Chartreux. “On est nombreux à être là pour dire que ce ne serait pas acceptable”, affirme un participant. De fait, les militants locaux, notamment de la France insoumise, du PCF ou des écologistes, mais aussi des militants associatifs se relaient pour soutenir le sortant au service de l’union. Un appel de soutien signé par de nombreux militants de gauche de tous horizons a été publié par le candidat dans la journée pour afficher son ancrage.

Le PS 13 prêt pour le “commun combat”

Jacqueline Vespirini, militante locale du Parti socialiste, cite Louis Aragon : “Quand les blés sont sous la grêle/ Fou qui fait le délicat/ Fou qui songe à ses querelles/ Au cœur du commun combat.” Comme elle, le PS local a aisément pris parti pour l’union dès mercredi soir lors d’un conseil fédéral. “Ç’a été réglé en une heure trente, c’est la démonstration qu’on est tous d’accord, ça fait longtemps que j’avais pas vu ça”, sourit un adjoint au maire.

Autour d’Hendrik Davi, les “front populaire, front populaire” résonnent après certaines prises de parole. Quand le candidat évoque les mesures pour le logement, un “que fait Payan ?” résonne suscitant réprobation générale et appel à l’unité. “Le souffle qui court dans le pays est bien plus puissant que nos organisations et nous oblige à sceller ces accords”, porte la militante féministe Pauline Tournier, à nouveau suppléante du candidat.

Fin de négociations serrée

L’affluence comme l’enthousiasme témoignent d’un groupe prêt à partir en campagne pour empêcher un pays gouverné par le Rassemblement national. Les grands élus et autres hiérarques des partis ne sont pas présents, happés depuis dimanche par les négociations entre boucles Whatsapp, suivi du réseau X et coups de fil à leurs émissaires parisiens. Dans l’attente d’un accord, un prudent appel à ne pas participer aux meetings des sortants, trois insoumis, a circulé au sein de la municipalité Printemps marseillais – qui regroupe tous les partis de gauche, hormis La France insoumise.

Monté à Paris dès lundi, le maire de Marseille s’est imposé autour de la table des négociations. “Il prend toute sa part, ce qui est normal. Le Printemps marseillais a gagné la ville en 2020 et la dirige depuis quatre ans. On a une place dans ces négociations”, explicite son adjointe Audrey Gatian (PS). Il s’agit de montrer, malgré les 21,54 % de Manon Aubry aux dernières européennes que la dynamique municipale est à prendre en compte. “Si l’ancrage local peut apporter quelques points en plus, pourquoi s’en priver ?”, abonde le sénateur Jérémy Bacchi, secrétaire départemental du PCF qui devra d’abord sauver la circonscription de Martigues et Istres tenue par Pierre Dharréville et tentera de reconquérir celle d’Arles.

Au jeu de la répartition, les écologistes et les socialistes se disputaient encore jeudi soir la 2e circonscription (7e et 8e arrondissements) où ils espèrent qu’un profil de centre-gauche – Laurent Lhardit (PS) ou Christine Juste – pourra ravir la circonscription à Claire Colomb-Pitollat (Renaissance) et empêcher que cet ancien fief de la droite ne bascule au RN. Dans la 3e circonscription du Nord-Est de la ville, cette fois, n’est pas l’insoumis Mohammed Bensaada mais un socialiste ou un écologiste qui sera candidat. Enfin, une Casaque PS sera sur la ligne de départ dans la 1ʳᵉ circonscription face à la secrétaire d’État Sabrina Agresti-Roubache. Montée sur scène au soutien d’Hendrik Davi, l’adjointe d’arrondissements Norig Neveu (Ensemble) le rappelle : pour espérer traduire l’élan en une majorité de gauche, “il faudra gagner d’autres secteurs”.

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