Lionel Royer-Perreaut ou la possibilité contrariée d’un retour comme maire de secteur
Après avoir perdu son siège à l'Assemblée nationale lors des élections législatives surprises de juillet, Lionel Royer-Perreaut (Renaissance) a testé l'hypothèse de retrouver le fauteuil de maire du 9/10, qu'il avait laissé à Anne-Marie d'Estienne d'Orves en 2022. Sans que l'idée trouve un large écho au sein des élus du secteur.
Lionel Royer-Perreaut devant sa permanence de La Pauline. (Photo JML)
Certaines absences commencent à se faire remarquer en cette rentrée politique. Comme celle de Lionel Royer-Perreaut au château de Forbin avec Renaud Muselier et à l’aïoli des amis de Martine Vassal à Gardanne. L’ancien député Renaissance de la 6e circonscription des Bouches-du-Rhône se fait discret depuis sa flagrante défaite aux élections législatives cet été. “Je m’astreins à une cure d’expression politique”, balaie-t-il. Toutefois, selon nos informations, l’élu a travaillé cet été à son possible retour à la tête de la mairie des 9e et 10e arrondissements, qu’il avait laissée à Anne-Marie d’Estienne d’Orves (divers droite) en 2022 pour devenir député.
Mais aujourd’hui, après avoir perdu sa place au palais Bourbon, il lui faut rebondir et potentiellement préparer les échéances à venir. “À un moment, il reviendra, et pour le moment, il teste”, glisse un élu de la mairie de secteur. Façon de dire que l’ancien maire de secteur tâte le terrain, ce que confirment plusieurs sources.
“Il envoie des sondes”
Lionel Royer-Perreaut a fait un rapide retour sur le devant de la scène, ce jeudi 12 septembre. Pas lors d’une conférence de presse, d’un événement politique, ou sur les bancs d’une des multiples institutions où il siège, mais dans la salle des pas perdus du tribunal administratif. Président du groupe d’opposition Renaissance à la mairie de Marseille, l’élu attaque une délibération autorisant une subvention de 30 000 euros à l’association de sauvetage en mer SOS Méditerranée. Il précise être venu “par respect”, mais se refuse encore une fois à tout commentaire politique.
L’ancien député finit par promettre de donner de ses nouvelles publiquement fin septembre. S’il laisse planer le doute, dans le 9/10 on l’affirme sans détour : il s’est demandé s’il ne pouvait pas redevenir maire. Un membre de la majorité municipale précise qu’il “envoie des sondes”, et qu’il lui arrive aussi de convier çà et là un élu à un déjeuner ou un café. “Avec une volonté de négocier élu par élu et avec une liste au père Noël, il y a une possibilité que Lionel Royer-Perreaut revienne à la mairie”, pique Hervé Menchon, adjoint (EELV) au littoral et à la mer, conseiller d’arrondissement d’opposition.
Elle ne démissionnera pas. Il a cru qu’elle serait un pantin et elle ne l’est pas
Un connaisseur de la mairie de secteur
Blaise Rosato, le premier adjoint Horizons de l’actuelle maire de secteur, confirme avoir été contacté par “les émissaires” de Lionel Royer-Perraut. “Je leur ai tenu le discours que je vous tiens aujourd’hui : Anne-Marie d’Estienne d’Orves a été élue en 2022 et on veut qu’elle aille au terme de son mandat en 2026. Changer à nouveau de maire serait une aberration qui ne ferait que désorganiser la mairie et son fonctionnement. Ce serait préjudiciable pour les administrés comme pour les agents”, cadre-t-il. Contactée par Marsactu, Anne-Marie d’Estienne d’Orves dit ne pas désirer commenter ces questions. “Elle ne démissionnera pas. Il a cru qu’elle serait un pantin et elle ne l’est pas”, répond-on dans les couloirs de la mairie de Maison-Blanche. “Elle ne va pas quitter son poste et n’a pas de raison de le faire”, observe Blaise Rosato.
Majorité relative
Dans ce secteur de 157 000 habitants, rituellement bien ancré à droite, la majorité actuelle repose sur deux groupes. Le premier, d’obédience centriste et dans lequel siègent Anne-Marie d’Estienne d’Orves et Lionel Royer-Perreaut, compte 20 élus. Le second, estampillé Les Républicains, en rassemble 13. “Si Lionel Royer-Perreaut se représente, il n’est donc pas certain qu’il ait la majorité”, calcule un élu. Cette majorité relative n’a pas échappé à Didier Réault, qui préside le groupe LR dans le 9/10 et s’est présenté en binôme avec Serena Zouaghi contre le député Renaissance sortant en juin dernier. “Mathématiquement, il lui faudrait sonder les gens qui ne sont pas de son groupe. Personnellement, je n’ai pas été contacté”, prolonge-t-il.
L’hypothèse d’un retour de LRP en premier magistrat du 9/10, Didier Réault l’évacue pour l’heure : “Qu’il y ait pensé ne me surprend pas plus que cela. Mais Anne-Marie d’Estienne d’Orves assume cette responsabilité et elle ne démérite pas. Ce serait comme dire : quand j’ai besoin, je te mets, et quand je reviens, je t’enlève. Ce ne serait pas très correct humainement. Certes, entre l’humanité et le politique, il y a parfois une grande marge…”
Rivalités et fractures
La rivalité politique entre les deux hommes n’est un secret pour personne. Et les dernières législatives risquent de “laisser des traces” dans le secteur, reconnaît Laure-Agnès Caradec, présidente de la fédération LR des Bouches-du-Rhône, qui siège dans cette mairie de secteur. “Lionel est quelqu’un qui s’interroge et je le comprends. C’est sûr qu’il faut du temps pour digérer ce qu’on a tous vécu. Mais il ne m’a rien dévoilé”, synthétise celle qui plaide pour que l’union à laquelle travaille la droite au niveau départemental prenne aussi corps au niveau des secteurs. “Il faut continuer à faire équipe”, intime-t-elle. “Il n’y a rien d’irréparable, encore faut-il entrer en dialogue”, veut croire Didier Réault. Alors que cette fracture entre les lignes centriste et LR dit aussi la complexité pour la droite locale de se fédérer sous le double leadership de Renaud Muselier et de Martine Vassal.
À Maison-Blanche, comme ailleurs, chacun garde en ligne de mire les élections municipales de 2026. Si lointaines et si proches. “À quoi ça lui servirait de récupérer la mairie ? Pour après ? Car quand on est maire de secteur, on a plus de chance d’être élu en mairie centrale ?”, interroge avec un rien d’ironie Hervé Menchon. La mairie d’arrondissements comme marchepied pour atteindre l’hôtel de Ville du Vieux-Port ? “Bien sûr que Lionel a dû y penser, synthétise un élu d’arrondissement, mais entretemps les législatives sont venues tout bouleverser.” Frédéric Guelle, lui aussi élu dans la majorité du 9/10, s’agace un brin : “Notre préoccupation n’est pas les psychoses des uns et des autres.” Il faudra pourtant les surmonter pour escompter conserver le secteur, préalable à tout espoir de ravir la mairie centrale au Printemps marseillais.
Cet article est l’illustration même de la nocivité de la loi PLM. Malheureusement son abrogation éventuelle va tomber dans les oubliettes du Parlement.
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Oui, ce sera l’un des multiples effets collatéraux de la dissolution décidée par le génie de l’Elysée : enterrer pour longtemps un certain nombre de projets de la législature précédente, dont celui-ci. On n’a pas encore fini de mesurer l’ampleur des dégâts du macronisme jupitérien. Mais puisqu’il a toujours raison, c’est sûrement pour le bien de la populace.
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Ah, je comprends mieux ! C’est donc parce qu’il a lui-même (été) passé par-dessus bord, qu’il s’en prend à un navire de secours aux naufragés en mer…
Laissez-le donc barboter, ca lui apprendra !
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Tout s’éclaire en effet !
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Petitesse et décadence
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Ce besoin d’exister… il y a des spécialistes que l’on peut consulter.
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hey, il doit sacrément s’enquiquiner le pauvre lionel…lui qui avait tant d’activités !!!
j’espère pour lui qu’il n’en veut pas trop à macron quand même, de l’avoir privé de sa principale casquette !
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Ces élus qui s’entredéchirent n’ont-ils pas été élus sous la même bannière d’une cheffe naturelle ?
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Il devrait suivre ciotti qui a bien compris ce qui se passera aux prochaines élections
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Curieusement la rédaction de Marsactu semble valider les propos d’un élu qui situe M. Royer-Perreaut dans un groupe centriste. Il faut cependant rappeler que pour le deuxième tour des élections législative de juin 2024 si Royer-Perreaut a bien retirer- tardivement -sa candidature conformément aux consignes qui lui ont été données il s’est bien garder d’appeler à voter pour Christine Juste dans le cadre d’un front républicain . Il s’est ainsi rendu complice de l’élection d’Olivier Fayssat, le candidat Les Républicains – RN.
Royer-Perreaut n’est donc pas un centriste et de fait il se situe désormais en dehors de l’arc républicain.
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Il est possible qu’il s’agisse, de la part de Marsactu, d’une allusion au concept “d’extrême-centre” qui, pour certains historiens et philosophes, est une passerelle vers l’autoritarisme et l’illibéralisme d’extrême-droite.
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ne pas oublier que dans ses pétulantes jeunes années, à la fin du siècle dernier, LRP a été l’assistant d’une parlementaire célèbre décédée tragiquement, venue du FN et passée à l’UDF.
LRP a le centrisme très à droite, comme en témoigne, sous couvert du droit, son recours contre SOS Méditerranée
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Marsactu n’a pas mis à jour ses tablettes à jour . Perreaut centriste, Bernardini divers gauche…la dérive à droite semble ignorée
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