L’impossible distanciation physique dans les bus de la RTM
Déjà surchargées pendant le confinement, certains bus de RTM font face à une forte affluence. Dans ce contexte, et même si l'offre est revenue à 78 % des circulations habituelles, il est difficile pour les passagers de respecter les règles de distanciation pour empêcher la circulation du coronavirus.
Photo : Lisa Castelly
Sous l’œil attentif des agents de la RTM, le bus 31 s’apprête à quitter la station Canebière Bourse. Une jeune femme entre discrètement dans le bus en cachant son visage derrière son tee-shirt. “Ça ne va pas suffire madame, il vous faut un masque”, interpelle l’un des contrôleurs posté à l’extérieur, devant la porte. En conservant sa protection précaire, elle tente timidement de convaincre les agents avant de se résigner et de quitter le bus.
À l’intérieur, avant même le départ, difficile de respecter la distanciation physique requise pour lutter contre le coronavirus : moins d’un mètre sépare chaque passager et beaucoup s’assoient sur les sièges marqués d’une grande croix. Les contrôleurs ne régulent pas le nombre d’usagers, ils n’en n’ont pas la consigne. Or une bonne partie des passagers devraient rester à quai pour garantir les règles de distanciation.
Dans un 31 toujours aussi chargé, des passagers masqués
Déjà pendant le confinement, nous avions pu constater l’engorgement de cette ligne menant aux Aygalades (lire notre reportage dans le 31 en plein confinement). Comme pour beaucoup d’autres bus qui desservent le nord de la ville, la situation ne semble pas s’être améliorée. “Les distances de sécurité sont impossibles à respecter pour les passagers”, témoigne Éric*, conducteur sur plusieurs lignes du dépôt d’Arenc, aux portes du 15e arrondissement. David Gimenes, chauffeur du 38 et syndiqué à la CGT, confirme ce constat, “Dans mon bus de 18 mètres [le 31 est lui un bus standard, NDLR] , il y a parfois 80 personnes”.
Depuis le 11 mai et le déconfinement, les bus circulent de nouveau sur toutes les lignes, avec une meilleure fréquence et plus d’usagers. “On constate une montée en puissance sur le réseau. Il y a 10 jours nous étions à 20 % de la fréquentation que l’on observe en temps normal, désormais nous sommes à 30-35 %”, confirme Pierre Durand, directeur général adjoint en charge de l’exploitation à la RTM.
Dans le 31, à l’arrêt Jules-Guesde, quelques minutes après le départ, un afflux de passagers rejoint le bus. Pas le choix, il faut oublier les principes de distanciation pour se tasser. Une quarantaine de personnes est désormais à bord et rares sont ceux qui laissent entrevoir leur visage. “Je suis étonné qu’autant de personnes portent le masque”, avoue Éric. Plus ou moins bien porté, le masque devenu obligatoire dans les transports en commun semble avoir en effet conquis son monde. La RTM estime à 80 %, la part des usagers respectant le port du masque dans les bus et 96 % pour le métro. Un taux que nous avons pu constaté lors de nos déplacements en bus.
“Aujourd’hui, 78 % de l’offre nominale”
Le véritable problème est ailleurs. Sur les lignes en tension, la fréquence des bus est encore trop faible pour garantir des conditions sanitaires satisfaisantes. “Chaque semaine, nous avons des retours d’arrêts maladie et de chômage partiel. Mais ce n’est pas encore suffisant pour assurer un retour à la normale du trafic”, explique Nicolas Rougerie, responsable de la CFDT RTM.
Pour les lignes les plus fréquentées, dont la 31, les horaires “semaine” sont assurés. D’autres lignes suivent les horaires “vacances”, avec une fréquence ralentie, tandis que les lignes les plus calmes se calquent sur les horaires “samedi”. “Aujourd’hui, nous disposons de 78 % de l’offre nominale [c’est-à-dire la fréquence qui s’applique hors vacances scolaires, NDLR]. Un chiffre qui correspond également à la part des chauffeurs qui travaillent actuellement”, résume Pierre Durand.
Depuis le début du confinement, l’offre ne cesse d’évoluer, en essayant de s’ajuster aux besoins des lignes les plus fréquentées. De leur côté, les chauffeurs voient trop rarement arriver ces renforts. La ligne 25, menant sur les hauteurs des quartiers Nord, est régulièrement citée en exemple par les salariés de la RTM. “C’est une ligne qui charge régulièrement toute la journée, avec environ 60 passagers” témoigne Salim*, conducteur sur le 25. Nous avons l’impression d’être une ligne oubliée”.
À la direction de la RTM, on semble presque impuissant. “Nous sommes au maximum de l’utilisation des ressources à notre disposition, justifie Pierre Durand. Mais nous envoyons des renforts ponctuels sur les lignes. Nous avons aussi une réserve d’une dizaine de chauffeurs-volants pour apporter leur soutien pendant les heures de pointe.”
Les contrôleurs peuvent désormais verbaliser
Dans le bus 31, à presque 18 heures, c’est effectivement l’heure de pointe. Côté passagers, dans les discussions étouffées par les masques, la routine semble avoir pris le pas. Et aucun contrôle ne vient perturber cette tranquillité, pourtant régulièrement annoncée par la RTM. “Ce sont des effets d’annonce, nous sommes très peu contrôlés sur l’ensemble de la journée”, explique David Gimenes. “Depuis le 11 mai, je n’ai vu que deux fois la police à Gèze, au départ de ma ligne”, confirme Salim.
On nous demande de faire respecter le port du masque, mais aussi la distanciation. Mais même avec tous les chauffeurs à disposition, la charge sera toujours trop élevée.
Pierre Durand, directeur général adjoint en charge de l’exploitation à la RTM
La RTM explique agir sur 30 points de contrôle avec les services de police. De leurs côtés les contrôleurs se sont concentrés, jusque-là, sur l’information et la prévention auprès des usagers. Pourtant “depuis ce mardi 26 mai, les agents vérificateurs peuvent, au même titre que la police, verbaliser les passagers à la descente du bus concernant le port du masque”, précise Pierre Durand.
Depuis leur poste de conduite, les chauffeurs protégés par leur espace confiné (l’entrée se fait par les portes arrières), restent impuissants. Et même si Martine Vassal, la présidente de la métropole, a affirmé en avril que “les instructions ont été données de ne pas faire démarrer le bus si des passagers ne respectent pas les consignes”, dans les faits il en n’est rien. “Nous n’avons eu aucune consigne, explique Salim. De toute façon ça partirait directement à la bagarre.” À la CFDT, l’avis est partagé par Nicolas Rougerie, “les collègues font déjà de leur mieux, cela aurait été nous mettre en porte-à-faux.” De la même façon, le dispositif qui permet de signaler quand trois personnes entrent dans le bus sans masque n’entraîne pas de contrôles supplémentaires.
D’autant qu’ils auront encore fort à faire dans les semaines à venir. “Actuellement, notre inquiétude se porte sur l’ouverture des plages. Les lignes du littoral, déjà chargées pendant le week-end de l’ascension, vont être bondées”, explique l’un d’eux. Le respect des préconisations sanitaires, basées sur une double précaution, conduit la RTM dans une impasse. “Au niveau national, on nous demande de faire respecter le port du masque, mais aussi la distanciation. Mais même avec tous les chauffeurs à disposition, la charge sera toujours trop élevée”, conclut Pierre Durand.
En attendant la ruée vers le sable chaud, le 31 continue de grimper dans les quartiers Nord en se vidant petit à petit. Une femme s’agite pour jeter un coup d’œil sur la circulation avant de pester contre les bouchons qui immobilisent le bus. Pas de doute, avec ou sans distanciation physique, la vie reprend son cours.
*À la demande des personnes interrogées, les prénoms ont été modifiés.
Commentaires
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Oh Lucien , c’est qui qui gère la RTMeuuuuuuuu ?
Bé Marcel , c’est Martine , celle de la métropoleuuuuuu .
C’est quoi ce 31? , c’est une boite à sardimeuuuuuuu ou quoi?
T’en fouti Lucien , nous de Castellane à Montredon , elle va remettre le bus pour aller à la plageuuuuu et en plus elle file les masqueuuuu.
Putaing , on est bien dans les quartiers sud à Marseilleuuuuu.
Tout ceci n’est que pure fiction , toute ressemblance avec des personnages existants ne serait qu’une coïncidence fortuite
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Bravo pour ce “castigare ridendo mores” à la sauce phocéenne.
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En situation normale – 100 % de l’offre et 100 % de fréquentation -, l’offre de transport collectif est structurellement sous-dimensionnée dans cette ville. Alors quand il faut en théorie remplir les bus à 30 % de leur capacité pour respecter une contrainte de distance entre les passagers, le système ne peut qu’être vite débordé, même si la fréquentation est inférieure à la normale.
J’ajoute un point : il est rigoureusement impossible aux conducteurs des bus (et a fortiori à ceux des métros et trams) de faire respecter un quelconque taux maximal de remplissage. Ils ne disposent d’aucune indication leur permettant de savoir, à chaque arrêt, combien de passagers montent, combien descendent et combien sont présents à bord. Les normes de distanciation physique sont certainement justifiées, mais en pratique elles sont inapplicables.
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Technocratie vs vie réelle.
Toutes ces mesures ne tiendront pas, ce sera pareil à l’école, pareil partout.
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Oh Lucien Le 31 il dessert quels quartiers
Bé les quartiers Nord peuchère
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