"L'impérieuse nécessité" de l'incinérateur de Fos-sur-Mer

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le 26 Nov 2013
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"L'impérieuse nécessité" de l'incinérateur de Fos-sur-Mer
"L'impérieuse nécessité" de l'incinérateur de Fos-sur-Mer

"L'impérieuse nécessité" de l'incinérateur de Fos-sur-Mer

18 heures. C'est très précisément le temps qu'il aura fallu au préfet Michel Cadot pour autoriser la reprise de l'incinération des déchets à Fos-sur-Mer. À minuit jeudi dernier, les membres de la commission de suivi de site (CSS) – industriel, services de l'État, élus, représentants associatifs – se disaient bonsoir après 7 heures de débat sur les causes, conséquences et suites de l'incendie du 2 novembre, qui a détruit une partie de l'installation. Officiellement, le sujet n'était alors pas encore tranché. À 18 heures le vendredi, la préfecture annonçait la signature d'un arrêté autorisant l'exploitant Everé à rallumer les fours.

"Ce n'est qu'à l'issue de la CSS que la décision concernant le redémarrage partiel de l'activité pourra être prise par le préfet", avaient assuré ses services le 15 novembre. Promesse tenue… "On a fait une réunion pour nous amuser, pour qu'on ne puisse pas dire qu'il n'y a pas de concertation. Mais pendant ce temps l'arrêté était déjà prêt", souffle René Raimondi, maire de Fos et président du San Ouest Provence. Une rapidité qui a même "surpris" Pascal Gilet, le représentant de la communauté urbaine de Marseille, à l'origine de la création du centre de traitement des déchets.

"Mais je m'attendais à ce qu'il autorise la reprise car la situation semblait claire", commente l'élu PCF de Châteauneuf-les-Martigues. Le communiqué de la préfecture laisse effectivement peu de place au doute. "A ce stade, les analyses menées ne montrent pas d’impact significatif des effets de l’incendie sur l’environnement, de sorte que des mesures conservatoires n'apparaissent pas nécessaires", explique-t-il au sujet des études imposées à l'exploitant du site par le préfet. "Les contrôles demandés par l'inspection des installations classées de la Dreal (direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement, ndlr) permettent de confirmer la disponibilité et le bon fonctionnement des équipements et des dispositifs de sécurité de l’incinérateur", poursuit-il sur le volet fiabilité.

L'industriel en première ligne

Fermez le ban. Pas de point presse, pas de présentation des études hors du cercle autorisé de la CSS. Contactée lundi, la préfecture n'a pour l'heure pas donné suite à notre demande. C'est donc d'Everé que proviennent les seuls documents dont nous disposons. L'industriel a accepté de nous fournir ses deux présentations faisant le point sur l'incendie et les perspectives de redémarrage, ainsi que les deux synthèses des bureaux d'études missionnés sur les végétaux, les sols et l'eau (voir en fin d'article). Elles ont depuis été mises en ligne sur son site. Pour le rapport de la Dreal, il faudra s'armer de patience…

Une situation à l'image de la communication sur ce dossier. Entre le premier arrêté préfectoral – pris le lendemain de l'incendie pour demander "des analyses approfondies" – et le second, autorisant le redémarrage, c'est Everé qui a assuré l'information du public : cinq communiqués et un dossier de presse. La communauté urbaine a elle aussi brillé par son absence, passée la réunion d'urgence du lundi 4 novembre, qui lui a permis d'afficher des perspectives rassurantes de reprise. Sans compter qu'élus et riverains de l'incinérateur ont encore en travers de la gorge qu'aucune personnalité politique marseillaise ne se soit déplacée sur le site au moment de l'incendie.

"Je ne vais pas vous dire le contraire, reconnaît Pascal Gilet. En terme de représentation et d'expression, ça a été un peu léger." L'élu avance toutefois un manque d'information, sans masquer la possibilité que d'autres enjeux se télescopent. "Avec le parcours particulier de la délégation de service public d'une mandature à l'autre et les différents contentieux qui existent, peut-être que MPM a choisi de rester en retrait et laisser le délégataire prendre la responsabilité de la communication". Dit autrement, le président Caselli ne souhaitait peut-être pas se mouiller pour un équipement qu'il considère comme un "boulet" légué par son prédecesseur, d'autant plus qu'il est à couteaux tirés avec Everé sur le plan judiciaire.

"Nos avocats travaillent pour attaquer l'arrêté"

Ceci dit, Pascal Gilet relativise le rôle de son institution. "Chacun a pris ses responsabilités et un certain nombre dépassent MPM." Exemple sur la question d'une nouvelle enquête publique, le centre ayant été autorisé pour fonctionner avec tri et méthanisation : "Cela relève du préfet. Mais même si les conditions d'exploitation ont changé, je pense que les services de l'État se sont donnés les moyens, avec un suivi renforcé sur ce redémarrage." L'arrêté augmente ainsi la fréquence des analyses de l'impact sur l'air et l'eau des rejets de l'incinérateur. L'institut éco-citoyen regrette de ne pas être associé à cette surveillance alors qu'il l'avait demandé. De son côté, l'arrêté renforce également les mesures de prévention et d'intervention sur les incendies à travers une dizaines de mesures. 

Cela ne suffit pas à convaincre René Raimondi qui a obtenu jeudi une contre-expertise du travail des bureaux d'études. "Nos avocats sont en train de travailler pour attaquer l'arrêté du préfet", annonce-t-il par ailleurs. "Je trouve tout à fait normal d'être inquiet et de vouloir protéger sa population. Mais je trouve son comportement un peu abusif alors que tous les bureaux d'études disent la même chose et qu'on lui a apporté tous les éléments de réponse", réagit Pascal Gilet.

L'un comme l'autre se rejoignent cependant sur un point, pour le dénoncer ou le mettre en balance : la quantité de déchets en jeu (plus de 1000 tonnes par jour) et la stratégie de MPM de tout miser sur le centre de Fos laissent peu de marge de manoeuvre en cas d'interruption du service. En guise de neuvième et dernier argument, l'arrêté invoque ainsi "des motifs d'intérêt général et de nécessité impérieuse de continuité du service public du traitement des déchets". On ne sait pas si ces points étaient classés par ordre d'importance, mais le vocabulaire employé pour l'ultime ne laisse planer aucune doute sur l'issue inéluctable de la décision préfectorale.

L'arrêté du préfet

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Commentaires

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  1. Anonyme Anonyme

    vraiment merci pour ce travail d’information

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  2. MG MG

    Les droits des habitants du golfe de Fos une fois de plus piétinés, juste pour que les électeurs marseillais soient débarrassés de leurs ordures sans qu’ils se posent de questions !! On se demande vraiment de quel coté est le droit de la République !

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  3. MG MG

    Cette affaire donne une idée précise de la gouvernance de la future “métropole” par les marseillais : un EMPIRE COLONIAL !!

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  4. Tresorier Tresorier

    Plusieurs commentaires :

    – on ne peut avoir soutenu la creation de l’incinerateur de la ZIP comme l’a fait le corrompu Granie pour ensuite s’instituer defenseur de l’environnement attaque par ce meme incinerateur ;
    – on ne peut s’intituler defenseur acharne de l’environnement, attaquer l’incinerateur de la ZIP et soutenir la multiplication des usines ;
    – Granie et Raondi n’ont jamais ete coherents dans cette affaire, mais totalement demagogues, clientelistes, et pour un au moins, corrompu ;
    – ou sont passees les recettes fiscales generees depuis 40 ans par la ZIP ? Pas en transports en commun en tout cas…;
    – dans une zone ou le tout bagnole est le socle de la politique locale, la metropole marseillaise est d’une ardente necessite ;
    -……

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  5. titoune titoune

    Salut MG. Et si pour les rassurer , on installait un incinérateur
    entre Marseille et Cassis, les Marseillais, pourraient ainsi profiter du parfum de leurs ordures!

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  6. Marius Marius

    @ plusieurs intervenants qui mettent l’incinérateur de Fos sur le compte des Marseillais, sans autre précision : mieux vaudrait évoquer les 18 ans de municipalité UMP, qui représente à peine plus de la moitié des votants, donc beaucoup moins de la moitié des Marseillais.
    En 2008, Gaudin n’a gagné que par un écart très faible de quelques centaines de voix.

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