L’État tranche et impose le projet d’extension de l’aérodrome d’Aix-les-Milles
La préfecture a donné le feu vert à l'extension de l'aérodrome, avec la construction d'un bâtiment de 600 m2. La Ville d'Aix s'était d'abord prononcée favorable au projet avant de se raviser. Arrivé hors délai, ce revirement n'a pas été pris en compte par le représentant de l'État
L'aérodrome d'Aix-les-Milles est situé au Sud-Ouest de la ville. (Photo : Dubble / Wikipedia Commons)
La préfecture des Bouches-du-Rhône a déployé le parachute de secours pour le projet de d’extension de l’aérodrome d’Aix-les-Milles. Les services de l’État ont en effet signé le permis de construire déposé pour la construction d’un nouveau bâtiment de plus de 600 m2, attribué à la société Edeis, qui gère le site d’aviation d’affaires et de loisirs dans le cadre d’une délégation de service public depuis 2018. Le document a été affiché sur les grilles de l’aérodrome cet été. La Ville d’Aix avait pourtant émis en juin un avis défavorable aux plans de développement de l’entreprise, que le préfet a choisi de ne pas prendre en compte.
S’il a pu balayer cette opposition, c’est parce que le dossier contenait déjà un précédent avis de la Ville, favorable lui. Et arrivé avant le bouclage du dossier. Au sein des services de l’État on indique en effet à Marsactu que la procédure d’instruction du permis de construire était close depuis plusieurs semaines, lorsque, le 6 juin 2023, la maire d’Aix a fait connaître son changement d’avis sur le projet.
La préfecture se base donc sur “l’avis favorable du maire d’Aix-en-Provence”, dont une note signée par l’adjoint chargé de l’urbanisme Jean-Louis Vincent, donnait en effet une recommandation positive au dossier “au vu de son intérêt pour le territoire”, avec, malgré tout, des précautions quant au raccordement du site aux divers réseaux publics existants. Le projet consiste plus précisément à construire un bâtiment unique avec à la fois une aérogare et des locaux essentiels pour le site d’aviation, notamment la caserne des pompiers et les services d’exploitation.
Mais lors du conseil municipal du 9 juin, la maire (UDI) Sophie Joissains a annoncé avoir changé de point de vue dans ce dossier. La municipalité a alors invoqué des avis négatifs sur le projet, notamment celui de la mission régionale d’autorité environnementale (MRAe). Dans le nouvel avis transmis au préfet, cette fois-ci signé par Sophie Joissains elle-même, il est écrit que “le dossier ne permet pas, en l’état, d’avoir une vision globale et d’ensemble du projet, nécessaire pour apprécier l’impact de sa mise en œuvre”.
Plusieurs recours gracieux déposés
Le texte précise en conclusion que “le présent avis annule et remplace celui en date du 8 décembre 2022”. L’arrêté du préfet, aurait dû, aux yeux de la maire, prendre en compte ce changement de position. “L’autorisation est entachée d’illégalité, estime ainsi Sophie Joissains dans un courrier adressé à ce dernier le 31 juillet. C’est la raison pour laquelle, je sollicite son retrait par la présente valant officiellement recours gracieux.”
D’autres recours gracieux ont été déposés. Le Collectif danger Aix avenir (CD2A), qui regroupe notamment des habitants du quartier, a déposé le sien le 14 août. Les riverains mettent en avant les conséquences sur l’environnement et les populations voisines. CD2A se mobilise depuis plusieurs années sur ces problématiques.
Pour la préfecture, le projet n’aura pas d’impact notable sur l’environnement.
“Le préfet ignore les avis négatifs exprimés par 298 citoyens et 14 associations lors de la procédure d’avis public, ainsi que par le maire d’Aix-en-Provence, par de nombreux élus, par plus de 4 300 citoyens suite à une pétition”, indique le collectif dans son recours. La mairie estime pour sa part dans sa requête que “l’autorisation ainsi délivrée est susceptible de causer de multiples préjudices à la commune : impact considérable sur la qualité de vie des habitants, nuisances sonores, nuisances environnementales, impact écologique compte tenu de l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre engendrée par le projet”. “Chacun porte ses arguments, mais globalement, on est sur les mêmes longueurs d’onde”, commente François Cabet, président du CD2A.
L’arrêté préfectoral évoque toutefois ces inquiétudes relatives à l’impact environnemental. “Le mémoire en réponse prévoit des mesures destinées à éviter, réduire et compenser ces impacts”, assure la préfecture, concluant donc que : “le projet n’aura donc pas d’impact notable sur l’environnement”.
Le ministère des Transports interpellé
De son côté, le collectif a également sollicité le ministre des Transports, Clément Beaune, dans ce dossier. “Il nous paraît anachronique de créer par ces nouvelles infrastructures les conditions favorables au développement de l’aviation d’affaires, détaille CD2A dans une lettre au membre du Gouvernement le 7 juillet. Il nous paraît souhaitable que la délivrance des permis soit suspendue le temps nécessaire à une large concertation sur les risques et opportunités de ce type développement et sur le modèle de gestion de l’aérodrome.”
Leur message est bien arrivé jusqu’à Paris. “Le ministre a pris connaissance de vos préoccupations, indiquent les équipes de Clément Beaune dans un courrier en réponse le 21 juillet. Et a confié le soin à Claire Rais Assa, conseillère transports aérien, transport fluvial et dialogue environnemental au sein de son cabinet de vous recevoir.” Un premier rendez-vous a été convenu, mais annulé. “Le 31 août, le secrétariat de Claire Rais Assa nous alertait du report du rendez-vous à une date indéterminée au motif que le ministère souhaite attendre la fin de la procédure”, reconnaît cependant François Cabet. Les opposants au projet devront attendre le prochain vol.
Commentaires
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A propos du climat Macron à dit ”qui pouvait savoir”.
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Toujours cette parfaite cohérence des autorités, très soucieuses du défi climatique dans le discours, et totalement je-m’en-foutiste dans les actes. Mais il est vrai que le type qui est à l’Elysée n’est au courant de rien, et a pratiquement dit l’autre jour que l’écologie, “c’est pas son truc”. Depuis 6 ans, on s’en était aperçu.
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Macron et l’écologie…et l écoute des citoyens…
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On marche sur la tête
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Il n’y aura sans doute que des avions à moteurs électriques silencieux et sans dégagement de gaz nocifs, puisque depuis 2007 l’aérodrome Aix-les Milles a été doté d’une charte sur les nuisances sonores et d’un comité de suivi par décision de la CCE (Commission consultative de l’environnement) présidée par le sous-préfet des Bouches-du-Rhône.
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Qui utilise cet aérodrome ? Des patrons, des élus, des chirurgiens, des magistrats, des stars du showbiz et du sport,…. ?
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J’espère bien. Marre de côtoyer des prolos avec leurs avions pourris qui mettent des heures à décoller, se baladent sans plans de vol précis et qui atterrissent n’importe où en laissant des morceaux de carlingue rouillés sur le tarmac.
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De deux choses l’une: soit la mairie de z’Ais ne compte plus aucun conseiller juridique en état de fonctionnement satisfaisant, soit ce revirement est un moyen bien florentin de ménager la chèvre qui désire l’extension et les choux écologistes ou simplement riverains qui sont contre. A nos actes manqués…. comme nous dit le chanteur préféré des français.
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C’est pour faciliter et justifier le prochain déplacement de Borne et Attal par avion. Comme pour aller à Rennes.
L’amateurisme de la ville d’Aix est lamentable. Ou alors un coup tordu pour gagner sur les deux tableaux. Je suis pour et contre. Après tout le « en même temps » vient d’en haut. Espérons que la justice y mette bon ordre. Les recours gracieux c’est du pipeau.
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