Les taudis de la rue de Versailles bientôt démolis
Les immeubles insalubres de la rue de Versailles et des rues adjacentes doivent faire l'objet d'une acquisition par la puissance publique. Les bâtiments les plus dégradés devront être démolis. Le quartier devrait être un des sites prioritaires du projet partenarial de lutte contre l'habitat indigne.
Les immeubles insalubres de la rue de Versailles.
Ces quelques immeubles décatis surplombés par l’autoroute A7 pourraient servir de maisons-témoins du mal-logement. Parmi ceux-ci, le 7 rue de Versailles tient le haut du pavé de l’indignité. Marsactu a raconté comment, plusieurs mois après un arrêté d’insalubrité rendant cet immeuble inhabitable, des enfants en bas âge continuaient de gravir les degrés d’un escalier à ciel ouvert, de pousser des volets à la peinture au plomb qui s’écaille, de respirer des émanations de poubelles, stockées dans ce qui servait de cour (lire notre article). Pour tenter d’y mettre fin, la préfecture a mis en demeure les propriétaires de reloger les locataires et saisi le procureur au titre du nouveau groupe de lutte contre les marchands de sommeil. Cela a eu quelques effets, la Ville s’efforçant de trouver une solution temporaire à certaines familles vivant là.
Pour l’heure, l’immeuble n’est toujours pas vide. Au premier, une famille de quatre personnes attend un relogement “une fois que les travaux seront finis”, à quelques rues de là. Selon le père de famille, d’autres locataires patientent toujours dans les étages. Leur relogement serait rendu complexe par les trois générations qui vivent dans deux pièces inadaptées.
Dans l’escalier, un autre homme semble rentrer chez lui. Il reconnaît ne pas être locataire mais vivre là “en attendant de trouver un toit”. Effectivement, un appartement a sa porte arrachée, laissant voir un intérieur où traînent quelques meubles abandonnés. Cet immeuble fantôme devrait avoir disparu dans quelques années. Et, avec lui une bonne part de ses voisins, ainsi que les trois immeubles qui forment l’angle avec la rue Hoche.
Objectif acquisition
Le conseil d’administration de l’établissement public foncier (EPF) a voté le principe d’une maîtrise foncière de ces huit bâtiments et 132 logements. Le terme désigne tout bonnement un achat soit par voie amiable, soit par expropriation “via une déclaration d’utilité publique”. “Cela fait l’objet d’une convention d’intervention foncière avec la métropole, la Ville et Euroméditerranée, indique-t-on à l’EPF. Nous allons réaliser ces acquisitions, le temps de laisser les partenaires construire un projet global à l’échelle du quartier. Euroméditerranée aura la charge de réaliser les études pré-opérationnelles”.
Pour l’heure, l’établissement public ne commente pas l’avancée du projet. Notamment parce que la réhabilitation de ces petites copropriétés -voire leur démolition pour certaines- doit être coordonnée avec le projet de démolition-reconstruction du collège situé au fond de l’impasse (lire notre article). La petite cité HLM voisine devrait également subir une rénovation dans le cadre du même projet.
L’hypothèse d’une démolition
Mais le principe est d’ores et déjà posé d’une démolition possible d’une partie des immeubles de la rue de Versailles. Le 7 figure bien sur cette liste. Il est frappé d’un arrêté de péril depuis 2014 et d’un arrêté d’insalubrité depuis 2018. Par ailleurs, lui comme ses voisins est construit autour de puits de lumière qui sont loin d’offrir des conditions acceptables pour y vivre. “Soit on maintient en l’état et ce n’est pas satisfaisant, soit on prend deux appartements pour en faire un seul et ce n’est pas gérable pour un bailleur social d’avoir un ensemble immobilier qu’avec des grands appartements”, estime un fin connaisseur du dossier. La démolition paraît donc une hypothèse plausible.
Le même destin inéluctable pourrait voir disparaître les trois immeubles de bord d’autoroute, visités lors d’une exploration de la sous-face de l’autoroute A7 (lire notre reportage). D’autres démolitions sont à prévoir dans les pâtés de maisons voisins situés entre les rues Pottier et Fourcroy, tant l’état de dégradation de certains immeubles laissent peu d’espoir sur leur réhabilitation. “Ces décisions dépendent des conclusions des études menées par Euroméditerranée”, indique-t-on à l’EPF.
Plus globalement, ce projet s’inscrit à la croisée de la nouvelle stratégie métropolitaine de lutte contre l’habitat indigne présentée après le drame de la rue d’Aubagne et le plan Initiative copropriétés porté par le gouvernement. Dans quelques mois, la rue de Versailles, et plus largement l’ensemble des immeubles de ces quelques rues de Saint-Lazare, feront partie d’un des “îlots démonstrateurs” de la grande opération d’urbanisme (GOU) du futur projet partenarial d’aménagement (PPA). Le quartier deviendrait à terme un exemple d’une politique d’éradication de l’habitat indigne menée à son terme. Une sorte de maison témoin d’une dignité retrouvée.
Commentaires
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Dans ces logements insalubres s’est aussi développé une délinquance liée au trafics divers ,vols à l’arraché , vente de drogue en particulier et ceci depuis une quinzaine d’année !
La négligence des pouvoirs publics quant à ce quartier est scandaleuse , n’est ce pas Mme le Maire de secteur ?
C’est la face que l’on voulait cachée de cette circonscription laissée à l’abandon social et sanitaire .
Décharges sauvages ( 7 salengro ), maison en ruine menaçant de s’écrouler depuis plus de 10 ans ( rue Potier ) chantier abandonné ( angle Potier et place Joséphine Roussel ) et tant d’autres !!!
Toutes les interventions et actions des riverains n’y font rien , les “responsables “se renvoyant la patate chaude de l’un à l’autre : ce n’est pas moi c’est …? l’autre …
La direction de la salubrité a été interpellée plusieurs fois , a fait semblant de s’alarmer et de s’intéresser au problème , puis s’est rendormie ….paisiblement .
Elle vient d’être à nouveau saisie par des riverains en colère et déterminés à en finir avec cette saleté et l’ insécurité qui profite de cet abandon par les services publics .
Nos impôts locaux sont démesurés par rapport à cet environnement qui n’a rien de plus que la rue d’Aubagne .
Si Marsactu pouvait nous donner un coup de main ce serait bienvenu !
La Provence est bien venue à l’appel d’un riverain ,il y a un an ou deux , mais le résultat fut un petit article banal qui vraisemblablement n’a pas secoué les élus !
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