Les Roms de Fontainieu expulsés mais pas abandonnés

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le 4 Juin 2014
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L'été arrive à grand pas tandis que s'éloigne le temps de la trêve hivernale. Protégé à ce titre, le campement illicite de la Parette à Saint-Jean-du-Désert doit être évacué le 17 juin prochain et avec lui ses 400 habitants. La préfecture suit en cela le jugement du 28 mars dernier qui ordonnait l'expulsion.

Autre lieu concerné par une évacuation prochaine : la bastide de Fontainieu, vivent depuis octobre 2012 près de 140 Roms. Ces bâtiments désaffectés situés au pied du massif de l'Étoile sont la propriété de l'ancienne direction départementale de l'équipement. Quelques semaines après leur installation, l'ADDAP 13 (Association départementale pour le développement des actions de prévention) et la préfecture avaient entamé un travail de réinsertion avec les familles. Au fil des mois, des sanitaires et des machines à laver ont été installés, une trentaine d'enfants scolarisés, un règlement intérieur mis en place… pour aider ces familles à se reconstruire avant de prendre un nouveau et meilleur départ.

Problèmes de voisinage

Or, depuis le tout début, les riverains ne cessent de protester contre cette installation. On se souvient de la manifestation qu'avaient organisés les comités d'intérêt de quartier du 15e arrondissement avec le renfort de certains élus. Déjà, les manifestants étaient très remontésaccusant les Roms de mendicité agressive, de vols et autres méfaits.

La semaine dernière, au surlendemain des élections européennes, le nouveau maire de secteur FN a mis en pratique une promesse électorale en prenant rendez-vous avec la préfète déléguée à l'égalité des chances Marie Lajus pour évoquer le devenir des campements situés dans les 13 et 14e arrondissements. A la sortie de cet entretien, Stéphane Ravier se félicitait sur Twitter de l'évacuation prochaine de Fontainieu et d'un bidonville à Plombières : 

Cette pression des riverains et des politiques fait partie des arguments qui ont incité la Préfecture à fermer Fontainieu. Mais ce n'est pas le seul. Sur le site, la gestion devenait de plus en plus compliquée pour l'ADDAP13, dont le coeur de métier consiste davantage à accompagner les publics en difficulté que de régler des problèmes logistiques. En particulier la régulation de la circulation. "Cette occupation a toujours été temporaire, notamment pour des questions de sécurité", explique Marie Lajus, qui parle d'un "lieu désaffecté" dont les murs sont pleins d'amiante.

L'occupation était à terme problématique au-delà de ces questions de sécurité. Il y a des problèmes de régulation du lieu avec des arrivées non contrôlées. Le travail social n'est jamais vraiment parvenu à limiter les débordements. 

"Seule une partie des familles est engagée dans un processus d'insertion. D'autres familles sont plus rétives", ajoute-t-elle, évoquant des "activités illégales" et des "nuisances", en particulier sonores. Le directeur de service de l'ADDAP13 en charge de cette mission, Stéphane François est plus direct, parlant carrément de "grosse délinquance". "Entre 10 et 15% des personnes ne sont pas là pour s'insérer mais pour faire du business. On ne peut plus travailler dans ces conditions". Comme Marie Lajus, il craint que la situation ne devienne explosive, en particulier avec les riverains qui se regrouperaient en "milices" pour préparer "des opérations punitives".

"Ne pas tout perdre"

Mais la préfète l'assure, cette expulsion ne met pas un terme au travail d'insertion effectué par l'association. Du moins pas pour toutes les familles. Une quarantaine de personnes seraient en fait concernées selon Stéphane François, même si les discussions avec la préfecture sont toujours en cours. Il s'agit donc d'évacuer l'ensemble occupants de Fontainieu dans le courant du mois de juillet. Les familles seront alors choisies pour être réintégrées dans des mobil-homes, à priori sur ce même site de Fontainieu. Marie Lajus ne confirme pas cette information, précisant même qu'à terme la bastide, propriété de l'Etat, devrait être vendue pour "un projet d'aménagement pérenne" afin d'y construire des logements. Une prudence qui vise sans doute à ne pas raviver la flamme de la contestation chez les riverains.

"L'ADDAP devrait assurer le suivi des familles jusqu'à la fin du mois de décembre", indique le responsable de l'association. L'opération devra être menée rapidement en hébergeant les familles quelques jours le temps de procéder aux installations nécessaires à Fontainieu.

Il y a un risque que d'autres personnes s'installent si le site reste vide trop longtemps. L'idée, c'est de ne pas tout perdre.

Aujourd'hui, après un an et demi passé dans la bastide, les familles y ont pris leurs habitudes. Une trentaine d'enfants ont pu être scolarisés, ce dont se félicite la préfète déléguée à l'égalité des chances. "L'éducation nationale joue le jeu. Il y a plus de 150 enfants scolarisés à Marseille"

Marie Lajus reprend : "L'objectif est de pouvoir intégrer ces familles par le logement et le travail". D'ailleurs, Adoma, société d'économie mixte spécialisée dans le logement des migrants pourrait participer au projet. "Elle s'est vue confier par le gouvernement une mission de résorption des bidonvilles" au début du mois de mars, précise-t-elle. Cette mission "devrait prioritairement se développer dans les grandes métropoles" à travers deux volets : l'accompagnement social des familles avec les associations et l'aide à la recherche d'un logement. "Adoma travaille au plan national au repérage des lieux disponibles", mais Marie Lajus l'admet : il est très difficile aujourd'hui de trouver des sites décents à Marseille pour y loger les familles, en particulier à cause des risques avec le voisinage.

Une prise en charge limitée

Il n'est pourtant pas question de loger toutes les familles, "pour des questions de moyens et de profils". Trois critères sont mis en avant par la préfète. Les personnes concernées doivent se placer dans un processus d'insertion professionnelle en possédant déjà un emploi, ce qui est assez rare, ou en effectuant des démarches, par exemple auprès du Pôle emploi. Il y a ensuite un processus d'insertion familiale et sociale, en apprenant le français pour les adultes et en scolarisant les enfants. Enfin, il doivent prouver leur "insertion citoyenne", c'est-à-dire ne pas se placer "dans un parcours de délinquance".

"Le fondement du travail mis en oeuvre avec les familles, c'est de les faire entrer dans une logique de droit commun. C'est parfois compliqué, de par leur vulnérabilité et leur exclusion, en particulier vis-à-vis de leur pays d'origine". En clair, l'idée n'est pas de faire mieux ni moins bien qu'avec d'autres personnes en grande précarité mais de les aider dans leurs démarches s'ils montrent une volonté d'insertion. Quant à ceux dont la volonté n'est pas jugée suffisante, ils reprendront le chemin de l'errance.  

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Commentaires

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  1. Anonyme Anonyme

    “Intégrer ces familles par le logement et le travail” d’accord, mais sans oublier qu’à Marseille des centaines de familles sont en attente de logements et 20% de la population sont au chômage ou en travail précaire. Il faut être réaliste : ce qu’on donnera à ces gens on le prendra à ceux qui étaient avant eux sur les listes d’attente.

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  2. Malou Malou

    D’un coté “activités illégales”, “nuisances” familles qui ne sont “pas là pour s’insérer mais pour faire du business” (il vaut mieux ne pas demander lequel), et de l’autre coté les Bisounours de service, associations qui vivent de l’argent du contribuable et qui sont prêtes à défendre toutes les causes pour justifier leur existence.De quoi vivaient ces gens chez eux? avaient-ils du travail et lequel? les enfants étaient-ils scolarisés? Sur ce point on peut avoir des doutes car l’an dernier deux de ces enfants s’étant retrouvés dans l’école de mon fils, je peux dire sans risque d’erreur qu’à 10 ans ils n’avaient manifestement jamais mis les pieds dans une école. Scolarisés en CM1, ne parlant pas français, ils ont surtout été un facteur de perturbation pour toute la classe.La France n’est ni responsable ni comptable de toute la misère du monde et je pense qu’il serait préférable de s’occuper en priorité de la misère déjà existante sur notre sol.

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  3. abdel abdel

    Vous n’avez pas encore compris que nous sommes des citoyens de seconde zone, les roms ont tous les droits c’est le choix des hypocrites de gauche et surtout des verts

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  4. Anonyme Anonyme

    qu’en est-il du camp de Plombières ? il est à peine évoqué dans votre article. J’habite à côté et franchement je ne supporte plus les nuisances qu’ils occasionnent (malgré mes bonnes intentions au départ)

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  5. Kabik Kabik

    Anonyme, 5 juin 2014 à 17:16 min

    “Les bons Français de souche aux idées étroites disent qu’Abdel a tous les droits à leur détriment ; Abdel dit que les Roms ont tous les droits à son détriment. Et les Roms, qui est leur bouc émissaire ?…” Les Français de souche, qui existent contrairement à ce qu’affirme la propagande gocho haineuse, et qui commencent a en avoir assez de ce climat nauséabond d’invasion permanente, ces Français là n’ont guère d’autre solution que de s’orienter vers le seul parti qui les écoute et les respecte un tant soi peu. Plus vous défendrez vos “amis roms”, ces indésirables imposés par un traité scéléart et des pseudo-“humanistes”, plus le FN grimpera, pas compliqué…

    Et que viennent faire les Verts dans cette histoire ?

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  6. lule131 lule131

    Autant je peux comprendre l’exaspération, autant la diatribe d’Abdel me dérange. Je citerais juste Saint Saint-Exupéry, “nous sommes tous l’étranger de quelqu’un”. Par contre Je m’interroge sur les centaines de millions d’euros distribuées aux gouvernements bulgares et roumains pour gérer le problème. Qu’a fait la commission européenne ? Par contre on vient nous …. avec la SNCM….

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  7. lule131 lule131

    Autre question a quoi sert l’ADDAP13 ?

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  8. Jean Marin Jean Marin

    Seul le Front National pourra nous sauver du problème rom.

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  9. Anonyme Anonyme

    vu, hier, un reportage sur FR3, sur la proprete de Marseille. Edifiant.
    Je plains les gens qui habitent à cote du camp de Plombieres.

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  10. Christophe Christophe

    Enfant j’ai fréquenté le centre aéré du chemin de fontainieu. En voyant ce qu’il est devenu notamment avec l’installation de famille de ROMS je suis tout simplement dégouté. Ces gens ne respectent rien aucune hygiène, aucune gratitude, n’en déplaise à certains mais ces gens ne sont pas assimilable par notre société alors dehors !

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