Les pêcheurs s’interdisent de pêcher dans une Huveaune à sec

Actualité
le 29 Mai 2023
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Face à la sécheresse, l'Huveaune est en partie à sec. Des pêcheurs ont pris la décision de demander un arrêté préfectoral. Ils veulent protéger le cours d'eau alors que la pratique de leur loisir dépérit.

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L'Huveaune, entre Aubagne et La Penne sur l'Huveaune, avril 2023 (Photo : BM)

L'Huveaune, entre Aubagne et La Penne sur l'Huveaune, avril 2023 (Photo : BM)

Quand des pêcheurs arrêtent de pêcher de leur propre fait. Les passionnés d’hameçons ne les utiliseront pas de la saison sur la portion de l’Huveaune qui court de Saint-Zacharie à Aubagne. L’amicale de la Fario, association agréée à laquelle adhèrent 200 amateurs locaux, a expressément demandé au préfet, et obtenu, un arrêté pour interdire la discipline sur plus de dix kilomètres. Prise le 10 mars dernier, la décision concerne également les villes d’Auriol, Cadolive, La Bouilladisse, La Destrousse, Peypin, Roquevaire et Saint-Savournin. Cette initiative est la seule de la sorte dans les Bouches-du-Rhône cette année. En cause, le manque d’eau.

“L’Huveaune est réduite à peau de chagrin, voire à sec, sur notre portion”, se désole Bruno Matthieu, le président de l’amicale de la Fario. Aussi, lorsque le cours d’eau est placé en alerte renforcée le 14 février dernier, lui et le bureau de l’association s’interrogent. Ne vaut-il pas mieux prévenir que guérir ? Les pêcheurs optent pour la prévention, au nom des missions qui incombent à l’association. D’une part, la protection de la biodiversité et l’entretien des cours d’eau, de l’autre, le développement du loisir pêche.

Permettre la vie et la reproduction

Pour Bruno Matthieu, demander l’interdiction de la pratique relevait de l’évidence. “C’était indispensable, d’abord pour la faune et la flore, explique-t-il. L’Huveaune est une des seules rivières du département où les truites sauvages se reproduisent encore de manière naturelle. Mais la présence humaine détruit les frayères, en marchant dessus quand il y a moins d’eau”. Un point de vue corroboré par la préfecture, qui indique vouloir “éviter le stress des individus [les poissons, ndlr] dus aux pêches et ainsi permettre leur maintien en vie et leur reproduction”. Le vice-président de l’Établissement public d’aménagement et de gestion des eaux Huveaune Côtiers Aygalade (HuCA-Epage), et adjoint au maire de Roquevaire, Christian Ollivier, ajoute : “S’il y a peu d’eau, sa température augmente. Sauf que les truites préfèrent l’eau froide, donc nous nous devons de les préserver au maximum.”

Le président de l’amicale abonde. Et défend aussi un l’argument sanitaire : La pêche est destinée à la consommation. Avec de faibles débits, l’eau est plus facilement polluée, et donc les poissons.” Il rappelle ainsi que la station d’épuration d’Auriol rejette les eaux traitées dans le fleuve. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. “Le débit est de 150 litres par seconde en moyenne à Roquevaire, explicite Christian Ollivier. C’est moins que traditionnellement en août.” Les orages des derniers jours n’y remédient qu’à très court terme, quelques jours seulement. Un pic a été atteint avec 700 litres par seconde, avant que le débit ne replonge.

L’Huveaune est à sec, excepté lors de pics liés aux orages. Capture d’écran site Vigicrues.fr

Un soutien sans faille

L’amicale de la Fario a été soutenue par la fédération départementale de la pêche (FFP) dans sa démarche. “On ne pêche pas dans 10 cm d’eau”, commente Luc Rossi, le président de la FFP 13. Il l’assure : “C’est une décision des gestionnaires locaux des cours d’eau, la fédération ne peut qu’appuyer les demandes, pas les formuler”. Pour l’heure, aucune autre association locale n’en a fait la demande. Plusieurs d’entre-elles sont toutefois “en sommeil”, l’eau étant désormais totalement absente du lit de l’Huveaune.

La décision d’interdiction prise le 10 mars court sur toute la saison. “Cet arrêté a aussi évité que certains prennent la carte de pêche pour ne plus en profiter un mois plus tard”, rationalise Bruno Matthieu. “Les pêcheurs ont été froissés, mais ils comprennent car il n’y a plus de plaisir”, reprend le président du club halieutique. “Ce n’était pas de gaieté de cœur. Mais les pêcheurs de la zone iront pêcher plus loin”, complète Luc Rossi, qui ne craint pas l’arrêt futur de la discipline malgré la crise climatique. “Nous avons un bon réseau de rivières, on ira pêcher en Durance ou dans le Rhône.” Les hameçons ne finiront pas toujours au placard.

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