Les parents d’élèves de Bellevue mettent un pied dans la porte de l’école internationale
À la rentrée 2025, l'école Bellevue doit entrer en phase de travaux. Mais, pour l'heure, aucune solution n'existe pour continuer à scolariser ensemble les élèves du groupe scolaire. En quête de solutions, les parents d'élèves vont manifester devant l'école internationale Jacques Chirac, à un quart d'heure de chez eux, lors de son inauguration ce mercredi. Ses locaux flambant neufs restent à moitié vides en attendant d'accueillir des élèves de tout Marseille.
L'entrée de l'école primaire Parc Bellevue, à Saint-Mauront. (Photo : B.G)
Il y aura du beau monde, ce mercredi 20 novembre, au pied des deux gratte-ciel d’Arenc, pour l’inauguration du bâtiment habillé de résille de la cité internationale Jacques-Chirac. Le président de la région, Renaud Muselier, porteur du projet, accueillera Martine Vassal, présidente du département, le maire de Marseille, Benoît Payan, Claude Chirac, la fille du défunt président, et tous les représentants des services de l’État, qui cofinance le site. Mais il n’y aura pas que des élus et des casquettes à feuilles de chêne dorées à l’entrée du bâtiment dessiné par Rudy Ricciotti et Roland Carta.
Des parents d’élèves du secteur entendent mettre un pied dans la porte de ce site d’excellence qui s’ouvre à un quart d’heure de chez eux. Avec le soutien de plusieurs syndicats enseignants, Sud éducation, le SNUipp et FO, les parents de l’école Bellevue vont manifester ce mercredi devant le premier établissement scolaire international marseillais. Ils réclament d’être accueillis durant les travaux prévus dans leur propre école vétuste. Pour l’heure, la cité scolaire internationale ne reçoit des élèves que pour quatre niveaux (CP, CM1, sixième et seconde) avant une montée en charge progressive, année après année.
“Le projet est top. Qui ne rêverait pas de mettre ses enfants à la cité internationale pour recevoir un enseignement en plusieurs langues, reconnaît Sandia Mbae Ali, représentante des parents d’élèves. Mais la rénovation de notre école butte sur la relocalisation des élèves durant les travaux. Or, à un quart d’heure de chez nous, il y a un établissement flambant neuf qui peut nous accueillir, au moins durant les travaux.”
Une école d’élite aux portes d’un quartier populaire
L’habitante de la cité Bellevue perçoit bien la dimension symbolique de ce pied dans la porte. Eux, les voisins de la cité sensible, parents d’élèves en établissement siglé Réseau d’éducation prioritaire renforcé, viennent s’immiscer dans un établissement international, pensé pour accueillir les enfants des cadres supérieurs.
Le député La France insoumise de la circonscription, Manuel Bompard, et son collègue à l’Assemblée nationale, Sébastien Delogu, se sont fendus d’un communiqué en soutien aux familles, trop heureux de renvoyer dos à dos la Ville gérée par le Printemps Marseillais et la région de Renaud Muselier, qui pilote le projet de cité internationale.
“On sait qu’en faisant cela, on fait de la politique, reprend la parente d’élève. Mais il faut entrer dans leur jeu si on veut faire bouger les choses. On a même écrit à l’Élysée pour que le président Macron s’en mêle.”
L’école Bellevue fait partie de la seconde vague de chantiers de la société des écoles, née dans la foulée du lancement du plan Marseille en grand. Les travaux du groupe scolaire vétuste, coincé entre un stade de proximité et les hautes tours de la copropriété, sont censés démarrer à la rentrée 2025, si un scénario de relocalisation débouche sur un consensus. Ce qui n’est pas gagné.
Le retour des préfabriqués de Ruffi
“Pour l’heure, ils nous proposent une solution mixte où une partie des élèves seraient accueillis sur le site de l’ancienne école Ruffi et d’autres sur place, reprend Sandia Mbae Ali. Mais de cette solution, on n’en veut pas. L’école Ruffi a été fermée il y a plusieurs années parce qu’elle était vétuste et trop petite. Et c’est là qu’on va mettre nos enfants ? Et les autres, ce n’est pas mieux, puisqu’ils seront maintenus sur place, dans le bruit et la poussière… Ça, on ne l’accepte pas.”
Lors du conseil d’école du 17 octobre, dont Marsactu a consulté le procès-verbal, un parent d’élèves scolarisés à Bellevue s’est écrié : “J’ai cinq enfants dans cette école, je ne veux pas en sauver deux et en laisser crever trois.”
Sur le parvis de l’école élémentaire, ce mardi 19 novembre à 11 h 30, alors que les parents d’élèves viennent chercher leurs enfants pour la pause du déjeuner, le sujet est sur toutes les lèvres. Angelina Angelova tient fermement les deux cannes de sa poussette : “J’ai un enfant de huit ans en primaire et l’autre à la maternelle, explique-t-elle. Si l’un est sur un site et l’autre ailleurs, comment je vais faire ? Et s’ils doivent être maintenus sur place, c’est dans quelle situation ? Mes deux enfants sont asthmatiques. La poussière, ce n’est pas leur ami.”
Les bras chargés d’une brassée de baguettes, Moifaka Ahamada opine du chef. “Dans une réunion, on nous a proposé de donner des casques de protection pour protéger les enfants du bruit. Mais comment ils comptent faire cours avec des casques sur les oreilles ?” Aucun des parents d’élèves présents sur place ce matin-là n’imagine maintenir ses enfants sur place pendant la durée du chantier.
Du côté de la société publique des écoles marseillaises (SPEM), on reconnaît des “tensions” sur cette question de la relocalisation des élèves durant la phase chantier. “Aucun marché n’est lancé avant de trouver la meilleure des solutions“, affirme-t-on à la SPEM.
Même ton consensuel dans l’appareil municipal. On y affirme être aux côtés des parents, dans la recherche d’une solution viable. “Cela fait vingt ans que l’on sait que ce groupe scolaire nécessite d’importants travaux, indique-t-on du côté de l’hôtel de Ville. Durant les dix-huit mois de travaux, il faut un site pour accueillir les classes de maternelle et d’élémentaire. Le site de Ruffi nous permet d’accueillir la maternelle. Il faut donc trouver une solution de repli pour les six classes d’élémentaire.”
Une école tiroir dans la cité scolaire ?
Cela peut se faire sur place, en site occupé, avec les désagréments liés à un chantier à proximité. La Ville étudie également la possibilité de faire entrer toutes les classes de Bellevue dans l’ancienne école Ruffi, en mettant à profit un terrain, propriété d’Euroméditerranée, situé à proximité, et en agrandissant le module préfabriqué destiné à accueillir la cantine. Le meilleur des scénarios doit être arrêté avant la rentrée 2025, pour un démarrage des travaux à l’automne.
Dans l’éventail des possibles, la Ville ne se dit pas hostile à une solution provisoire au sein de la cité scolaire internationale. “Pierre-Marie Ganozzi a posé la question à l’État lors du dernier conseil d’administration de la société publique des écoles marseillaises, détaille-t-on à la Ville. On avait entendu qu’il y avait un non de principe qui était opposé aux parents et on avait besoin de comprendre pourquoi.” D’après la municipalité, ce refus pourrait trouver une forme de modulation — ou au moins d’explication — dans les semaines à venir, au cours d’une réunion programmée sur le sujet avec le rectorat et la préfecture.
Reste à savoir comment la région, qui gère la cité comme un lycée, prendra la balle au bond, elle qui est si critique sur le volet écoles de Marseille en grand. Pour l’heure, la région rappelle que les écoles sont une compétence municipale. Nul doute que Benoît Payan, élu de ce secteur en 2020, aura à cœur de rassurer les parents du quartier avant d’aller couper les rubans avec la droite locale.
Dans le 11e, les parents d’élèves et la droite pointent des failles dans le plan marseille en grandDevant l’école des Camoins (11e arrondissement) ce mardi 19 novembre, une quinzaine de parents d’élèves se sont réunis pour exprimer à la presse leur indignation face à l’état des établissements où sont scolarisés leurs enfants et leur regret de pas bénéficier du plan Marseille en grand. Le rendez-vous a été organisé par le maire de secteur Sylvain Souvestre (Les Républicains), qui souhaite “faire un parallèle avec l’inauguration du groupe scolaire Malpassé Les Oliviers” ce samedi 16 novembre et“dénoncer une dichotomie entre la communication et la réalité du terrain”. “Il y a un certain nombre de travaux à réaliser, peut-être pas aussi importants que d’autres écoles, mais tout de même”, reconnaît ainsi Morgane, parent délégué à l’école des Camoins, qui accueille des élèves malentendants. Elle affirme par exemple demander, sans succès, depuis trois ans à la direction l’installation d’une alarme incendie adaptée aux enfants sourds. “Ça peut paraître comme un détail, mais le jour où vous avez un incident…“Sébastien, président de l’association des parents d’élèves de l’école d’Éoures (11e), dénonce des problèmes structurels et sanitaires dans son établissement. “Un dortoir a été fermé car de la poussière tombait du plafond et il y avait un risque que cette poussière contienne de l’amiante”, détaille le père de famille, qui souffle : “On se demande ce qu’il faut faire pour que les choses bougent.” Lauriane, de l’école maternelle Saint-Julien 1 (12e), qui n’a plus de préau, partage cette frustration : “Comment faire pour trouver le bon interlocuteur ? C’est un ras-le-bol. On sait qu’il y a un plan à un milliard. Mais il doit y avoir une juste répartition du budget.”ML
Commentaires
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Mais en fait, l’année prochaine, l’école de la CSI aura CP, CE1, CM1 et CM2. Donc à part les CE2, ça sera rempli non ?
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non, car les CP actuels seront en CE1, et elle ne recrutera que de nouveaux CP. Il n’y aura donc que CP et CE1 l’an prochain.
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Il faudrait peut-être expliquer qu’en fait il n’y a pas la place dès la rentrée 2025 sauf à ce que la CSI retarde ses recrutements : je ne dis pas qu’elle ne peut pas le faire mais c’est quand même pas pareil que d’avoir des locaux vides à remplir comme les syndicats essayent de le faire croire. Et il faudrait peut-être rappeler aussi que la CSI est plutôt pas mal en termes de mixité au lieu de participer à dresser les populations les unes contre les autres comme pour l’histoire de l’école Ruffi. On vit plutôt bien tous ensemble ici et on a besoin que ça dure.
https://www.facebook.com/anne.pfister.98/posts/pfbid0gq3CmRyk4m8Rp7Xz4pZD1zHy2Yen1cf7MvgGrDzYmvsxGdVFj85JzP8f8pttuPfEl
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Pas si simple !
En gros le remplissage de l’école est prévu sur 3 ans comme tous les lycées qui se créent : Mandela ex “la Fourragère” ; Simone Veil, ex “lycée de Saint Mitre” ou encore celui d’Allauch devenu “lycée de Monté-Cristo”. Ils ont tous été remplis de la même façon avec nomination du personnel sur 3 années, ce qui permet d’essuyer les plâtres sans trop de stress.
Donc des locaux sont disponibles et pas encore occupés pour l”année scolaire 2025-2026 .
Mais il ne faudrait quand même pas que les croquants prennent de mauvaises habitudes ! Ni dévaloriser un espace promis à la ségrégation scolaire …
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Belle manif ce jour mais malgré tout très belle inauguration nullement entachée avec comme invité d’honneur Claude Chirac.
Mon fils cadet à fait sa rentrée en 6eme à la CSI, nous sommes du quartier et il était précédemment scolarisé à l’école Bernard Cadenat.
Je comprends totalement les parents d’élèves qui souhaitent que leur enfants puisse apprendre dans les meilleures conditions tout comme les autres enfants et les solutions qui leur sont proposées ne sont pas acceptables. En discutant avec Pauline Jagu David j’ai appris que les travaux devaient durer 2 ans. Séparer des fratries et laisser des enfants dans le bruit et la poussière pendant 2 ans n’est pas acceptable.
Je ne sais pas si la CSI souhaite les accueillir mais cela ne me paraît pas déraisonnable.
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