Les législatives font monter la pression des débats à la métropole

L'hémicycle métropolitain le 27 juin 2024. (Photo : ML)

Tout a pourtant bien commencé. Le conseil métropolitain de ce jeudi 27 juin débute dans le calme avec un hommage à Jean-Claude Gaudin, décédé le mois dernier. À quelques jours du premier tour des élections législatives anticipées, les élus se sont mis d’accord pour ne pas parler du scrutin, alors que dans l’hémicycle se trouvent de nombreux candidats. Mais après deux bonnes heures de débat, Martine Vassal, présidente divers droite de la métropole, craque et rompt elle-même sa promesse de ne pas inviter la campagne dans les débats.

À l’occasion d’une délibération sur le boulevard urbain sud, la présidente dénonce d’abord “l’obsession idéologique” de la majorité municipale marseillaise pour le vélo. Son propos dérive alors vers les législatives. “Continuez comme ça avec des accords de la honte !”, attaque ainsi Martine Vassal, en référence au Nouveau front populaire, alliance de partis de gauche, dont la France insoumise, scellée pour ces législatives. Derrière elle, son équipe a du mal à dissimuler sa surprise. Mais rien ne l’arrête. La présidente repart à la charge. “Ça nous arrangera bien en 2026”, dit-elle en visant les prochaines échéances municipales.

“Quand on leur dit la vérité, ça les gêne”

Le Printemps marseillais s’offusque évidemment des piques de la présidente de la métropole. Sophie Camard, maire Printemps marseillais du premier secteur de Marseille, qui préside ici le groupe d’opposition, demande à prendre la parole pour lui répondre. Ce qui lui est refusé. Plusieurs élus de gauche décident alors de sortir de l’hémicycle. “Quand on leur dit la vérité, ça les gêne (…). Quand tu es pas d’accord avec eux ils s’en vont”, s’exclame alors une Martine Vassal montée en pression.

Quelques minutes plus tard, une fois le calme revenu dans l’assemblée, son entourage explique qu’il fallait simplement voir là de “l’exaspération face à l’obsession idéologique sur le vélo” du Printemps marseillais. Si l’incident de séance n’a pas duré longtemps, le groupe d’opposition Pour une métropole du bien commun convie la presse en fin de conseil à un point informel pour s’exprimer sur l’événement. “C’est grave de ne pas donner la parole pour un rappel au règlement”, avance Sophie Camard, qui regrette que “Martine Vassal n’ait pas respecté sa propre politique” de ne pas évoquer les enjeux électoraux ce jeudi. “Alors, il ne fallait pas inscrire des dossiers politiques à l’ordre du jour.”

Jean-Baptiste Rivoallan pointé du doigt

Mais l’intrusion des législatives se poursuit dans les couloirs de la métropole. Car, au moment de quitter l’hémicycle, plusieurs élus du Printemps marseillais pointent du doigt Jean-Baptiste Rivoallan (LR), président du groupe majoritaire Une volonté pour la métropole et conseiller municipal à la Ville de Marseille, en criant “Front national !”. Interrogée à ce sujet, Sophie Camard paraît d’abord mal à l’aise pour expliquer le geste et les propos de ses collègues. “Il distribuait des tracts du Rassemblement national tout à l’heure”, finit par lâcher l’élue métropolitaine.

Sur une photo que Marsactu a récupérée, on aperçoit Jean-Baptiste Rivoallan en compagnie d’Olivier Rioult, le candidat investi par le RN dans la 2e circonscription de Marseille, qui englobe donc les environs de l’hémicycle. Présenté comme une prise de guerre par le parti d’extrême droite, Olivier Rioult se trouve être un collaborateur de Martine Vassal, secrétaire général des groupes majoritaires de droite à la métropole et au département. Sur la photo, les deux hommes, réputés proches, apparaissent côte à côte, et Olivier Rioult a des tracts à la main.

Selon l’entourage de Martine Vassal, les deux hommes se sont effectivement bien croisés plus tôt dans la journée et ont bu un café ensemble. Mais on nous précise que leur rencontre était le fruit du hasard et absolument pas une action commune de tractage de l’élu métropolitain au profit du candidat RN.

Jean-Baptiste Rivoallan s’était déjà fait remarquer le 11 juin dernier. Dans un message sur X, depuis supprimé, l’élu marseillais encarté chez LR, félicitait Éric Ciotti, le président contesté des Républicains d’avoir “posé un acte courageux” en s’alliant avec le RN pour les législatives. Contacté par Marsactu, l’élu n’a pas répondu dans les délais de publication de cet article. Mais un conseil municipal de Marseille est prévu ce vendredi 28 juin avec quasiment le même casting politique. Les présidents de groupe se sont là aussi mis d’accord pour ne pas évoquer les législatives. À voir s’il ne s’agira pas plutôt d’un match retour.