Les futurs infirmiers de l’école de la Croix-rouge dénoncent leurs conditions d’étude

Les futurs infirmiers de l’école de la Croix-rouge dénoncent leurs conditions d’étude

Les étudiants infirmiers de la Croix-rouge sont en plein partiels. Ils planchent sur leurs copies avec l’objectif d’obtenir leur diplôme et devenir soignant. Un métier dont les besoins en personnel sont connus de tous. Mais les élèves de l’institut de formation en soins infirmiers (IFSI) de la Croix-rouge, à Marseille (15e) sont inquiets des conditions d’obtention de ce précieux sésame. Ils dénoncent des conditions d’apprentissage dégradées : manque de formateurs, travaux dirigés en amphithéâtre, locaux provisoires… Ils s’alarment du fonctionnement d’un établissement qui enchaîne les difficultés depuis deux ans.

Plusieurs d’entre eux ont été reçus par l’agence régionale de santé, garant du suivi pédagogique des IFSI, pour évoquer certaines de leurs inquiétudes. L’institution a convoqué une réunion le 19 janvier réunissant les délégués des promotions, la direction de la Croix-rouge, des représentants de la région et la fédération nationale des étudiants et étudiantes en sciences infirmières.

Deux déménagements

Aujourd’hui, les élèves suivent leurs cours à capitaine Gèze (15e) dans des préfabriqués. Le troisième lieu en deux ans. Les potentiels futurs infirmiers et infirmières les partagent avec des promotions d’aide-soignants et auxiliaires de puériculture en devenir. “Depuis qu’on a changé de locaux dans le 15e, plusieurs étudiants ont retrouvé les vitres de leur voiture brisées. Le midi, comme on n’a pas de salle, les étudiants mangent en plaid dehors, égraine Antonin*, étudiant en deuxième année. Et quand on a cours à 8 heures à l’hôpital Nord, il y a une queue de malade !“.

Ces locaux sont provisoires et l’institut cherche un lieu fixe depuis deux ans. L’historique site du boulevard Chave a fermé au début de l’année 2021 pour des raisons de sécurité et a déménagé au boulevard Romain-Rolland (12e), avant de rejoindre Gèze.

Ce manque de stabilité a déjà mobilisé les étudiants et professeurs qui ont fait grève au mois de septembre 2021. À cette époque, Renaud Muselier – le président de la région qui finance les études des IFSI – avait même brandi la menace d’un retrait d’agrément pour les trois formations de la Croix-rouge. Une aide exceptionnelle d’urgence de 50 euros par mois, hors période de stage, avait aussi été mise en place pour les étudiants inscrits en septembre 2021.

Dans l’entourage du président de région, on assure suivre de près la situation depuis la première délocalisation et une année 2021 “catastrophique“. Des “points d’étape” sont demandés régulièrement à la Croix-rouge, mais le rôle de la collectivité se résume à celui “d’accompagnateur et de financier“, nous précise-t-on.

Départs de formateurs

Force est de constater que ces déménagements ont eu des conséquences sur les formateurs. Ces derniers mois, l’institut fait face à plusieurs départs concomitants. Liés à ce manque de stabilité, selon les deux étudiants. “Comme il manque des formateurs, les profs de 2ᵉ année vont donner des cours aux 1ʳᵉ année, et ils n’ont plus de créneaux pour recevoir leurs propres élèves“, raconte Antonin.

Une de ses camarades, Marie* témoigne aussi des conséquences sur la promotion des étudiants en deuxième année. “La formatrice de notre cours “projet de soins infirmiers” nous a donné un cours de calcul de dose, parce que la prof désignée enseignait ailleurs. Dans ces cas-là, on nous corrige plusieurs semaines après ou alors on nous dit de nous corriger entre nous“, déplore-t-elle.

Dans l’entourage de Renaud Muselier, on reconnaît les difficultés ayant entraîné des fuites d’enseignants. “Cette situation pour la région n’est pas tenable“, affirme-t-on. “Sur les départs des formateurs, la Croix-rouge a indiqué lors de la réunion qu’un recrutement était en cours“, indique-t-on à l’agence régionale de santé. Contactée, la direction de la Croix-rouge n’a pas répondu dans les délais de publication de cet article.

Un nouveau lieu dans les tuyaux

La fédération nationale des étudiant et étudiantes en sciences infirmières (Fnesi), seule association de défense des droits des étudiants infirmiers, était également présente lors de la réunion avec l’ARS. La structure a été contactée par environ 25 étudiants de l’IFSI Croix-rouge de Marseille, un nombre significatif. Présente dans un rôle de médiation, elle se dit satisfaite des “solutions évoquées“, sans en détailler les contours, par souci de “confidentialité“. “On a trouvé tous les acteurs très à l’écoute “, rapporte Pauline Bourdin, vice-présidente de la Fnesi.

Après les coups de pression du financeur de l’IFSI, un lieu fixe aurait été trouvée et fera l’objet d’une annonce prochaine. En espérant que la promotion 2023 y fera sa rentrée.