Les dossiers chauds du conseil municipal du 16 septembre 2019
Pour l'avant-dernier conseil municipal de l'ère Gaudin, l'ordre du jour ne compte pas moins de 300 rapports qui tiennent plus du rafistolage que du dossier structurant.
Les dossiers chauds du conseil municipal du 16 septembre 2019
D’abord la foire de Marseille, fin septembre, puis la rentrée politique. Depuis vingt ans, le rituel est quasi immuable avec seulement deux conseils municipaux organisés en septembre. Cette séance s’ajoute à ces exceptions, comme pour mieux accompagner Martine Vassal dans son entrée officielle en campagne, vendredi dernier. L’élue LR y confirmera notamment la rallonge de 50 millions d’euros accordée par le département, qu’elle préside toute comme la métropole. Au fil de l’ordre du jour, comme de manière croissante depuis trois ans, de nombreuses délibérations misent sur cette précieuse subvention de 80 % du département.
Mais certains pourraient faire une autre lecture du calendrier. La semaine dernière, le Ravi pointait l’organisation anticipée du conseil par rapport à la date initialement annoncée sur le site de la Ville, le 30 septembre. Une manière, décryptait le mensuel, d’éviter la présentation du rapport définitif de la chambre régionale des comptes sur la gestion de la collectivité. Cette idée a été démentie par Yves Moraine, président du groupe de la majorité municipale. De toute manière, ce bilan de la mandature 2014-2020, “ce n’est pas le mien, c’est celui de Jean-Claude Gaudin”, a estimé la candidate vendredi.
Après l’agression à La Pauline, trois millions d’euros pour la mise en sécurité des écoles
Échaudée par l’agression survenue il y a quelques jours à l’école élémentaire La Pauline, située dans le 9e arrondissement, la mairie de Marseille a décidé de répondre favorablement aux revendications du syndicat Force ouvrière concernant des travaux de mise en sécurité des écoles et des crèches. La Ville propose ainsi de lancer une nouvelle phase de travaux destinés à équiper les écoles d’un “dispositif d’alerte moderne” capable de “distinguer les différentes sonneries“, celles pour avertir de la récréation ou d’une intrusion. Budget prévu pour les études et les travaux : 3 millions d’euros, dont 80 % financés par le conseil départemental.
En 2016, la Ville avait déjà lancé une première phase de mise en sécurité des écoles en installant des visiophones afin de contrôler les accès aux établissements scolaires. “Toutefois, l’outil du signal d’alerte montre ses limites dans certaines configurations“, en convient Danielle Casanova, adjointe déléguée aux écoles.
Un nouveau “pôle culturel” à l’Estaque
Située à l’Estaque, au cœur d’un espace boisé de 3500 m2, la villa Mistral s’apprête à faire peau neuve. Construite à la fin du XIXe siècle, elle a été acquise par la Ville il y a trente ans, avant d’être abandonnée, dégradée et détériorée par un incendie. L’objectif de la municipalité, encore flou, tend à “réaliser un pôle de développement touristique à proximité du sous-marin «Le Saga» exposé dans l’ex-hangar Ifremer“. L’Estaque accueille également non loin de là le département de recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines, autour duquel l’État voulait créer un centre de conservation national.
Pour ce faire, la villa Mistral doit d’abord faire l’objet de travaux de “première nécessité” à hauteur de 550 000 euros, là aussi, financés à 80 % par le conseil départemental.
Une renégociation de la redevance pour le Artplexe qui délaisse l’art et essai
Alors que ses travaux s’éternisent – l’ouverture été initialement annoncée pour 2018 -, le cinéma Artplexe va bénéficier d’une renégociation du bail dont il bénéficie pour occuper la place de l’ancienne mairie de secteur du 1/7 sur la Canebière. Une renégociation qui sera forcément favorable à Artplexe puisque cette fois, une subvention proportionnelle à la vente des tickets sera retirée de la part variable de cette redevance. Une fleur de la part de la mairie expliquée par l’augmentation du coût du chantier qui doit passer de 8,5 millions d’euros à 13,5 millions.
Autre changement dans le programme : la programmation justement. Celle-ci ne sera plus, comme prévue à la base, composée à 70 % de films d’art et essai et de 30 % de films grand public, mais de l’exacte inverse. Enfin, le cinéma, qui doit ouvrir ses portes en 2021, voit sa jauge augmenter, passant de 851 sièges à 996 (lire notre article sur le revirement de situation du projet Artplexe).
22 millions d’euros pour la marina olympique
La municipalité ne lésine pas sur les dépenses quand il s’agit de faire “rayonner” Marseille. En vue des JO 2024, la Ville qui accueille les épreuves de voile ainsi que sept matches de football, prévoit d’importants travaux dont la construction d’un village olympique et d’une marina sur la base nautique du Roucas-Blanc. Pour financer cette dernière, la Ville a signé, en janvier 2019, une convention avec la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo). Evalué à 25 millions d’euros, le chantier est financé à près de 90 % par la Ville, soit 22 millions pour la municipalité contre 3 millions pour l’État.
Une répartition qui n’est pas du goût de l’opposition. “Est-ce que l’on mesure ce que l’on fait dans la ville la plus fiscalisée du pays ?“, fait mine d’interroger Benoît Payan, président du groupe socialiste après avoir indiqué qu’à Paris, les collectivités territoriales ne payent que 15 % des investissements du montant global des travaux. “Il est scandaleux que l’État aide moins Marseille“, martèle l’opposant. “Il y aura un retour sur investissement sur le territoire“, dès 2020 avec l’accueil de délégations, fait pour sa part valoir Didier Réault, adjoint délégué au nautisme. L’argument ne convainc pas l’opposition socialiste, qui a annoncé sa volonté de présenter un amendement afin que la Ville revoie sa participation à 15 %.
Les petits-déjeuners expérimentés pour 2000 écoliers
“Les tartines me semblent très difficiles à faire.” Par cette déclaration pince sans-rire, l’adjointe à l’éducation Danièle Casanova avait dit dès avant la rentrée ses doutes sur les petits-déjeuners dans les écoles des quartiers prioritaires, voulus par le gouvernement : qui va beurrer les tartines, avec quel approvisionnement, à quelle heure ? Deux semaines plus tard, les discussions ont avancé entre la municipalité et l’Éducation nationale. Généralisé à toute la France en cette rentrée, mais non obligatoire, le dispositif en restera à un stade “expérimental” à Marseille. Environ 2000 enfants devraient être concernés.
Le périmètre des écoles volontaires épousera celui des cités éducatives récemment labellisées par l’État : 17 écoles dans le centre-ville, 10 écoles à Malpassé-Corot (13e) et 16 dans les 15e et 16e arrondissements. Ils seront proposés uniquement aux élèves de moyenne et grande section de maternelle, à raison de deux jours par semaine. “Ils auront lieu à 8 h 30, c’est-à-dire sur le temps éducatif, en coproduction entre la Ville de Marseille et les enseignants”, précise Yves Moraine, président de la majorité municipale.
Une charte pour relancer une rue de la République en “manque de dynamisme”
Près de vingt ans après le lancement d’un programme de rénovation, suivi par l’arrivée du tramway, la rue de la République fait l’objet d’un “constat partagé par l’ensemble des parties prenantes, à savoir, le manque de dynamisme de cette artère”. À lui seul, le préambule de la “charte du renouveau” signée par la Ville de Marseille, d’autres acteurs publics et les sociétés propriétaires de l’artère, marque un tournant dans la communication. “Le temps économique n’est pas le temps d’une ville”, formule Solange Biaggi, adjointe déléguée au commerce, en réponse à ce constat d’échec.
Si elle n’a pas le taux précis de vacance commerciale (30 à 40 %, hasarde-t-elle), l’élue dispose de la liste complète des dernières ouvertures. Gifi, la Maison de la viande, Sophie Ferjani et en remontant plus loin King Jouet : une liste qui témoigne d’un changement de pied déjà préfiguré en 2017 par ANF, la société foncière anciennement propriétaire d’une part importante de la rue. Exit les boutiques de vêtements, “la vocation de la rue de la République est plutôt sur la restauration, le commerce de proximité”, résume Solange Biaggi. Ajoutons-y les locaux publics, parfois de manière temporaire, comme l’espace habitat ou Marseille Provence gastronomie.
Concrètement, la charte accompagne cette nouvelle approche, entre événements accompagnés d’une piétonnisation temporaire, fausse pelouse sur les rails du tramway, street art, vœu de l’installation d’une école du digital et des nouvelles technologies ainsi que d’une crèche qui faisait tant défaut aux cadres supérieurs censés être attirés par l’artère haussmannienne. De manière surprenante, elle confie également à la SCI Marseille city, qui a racheté le patrimoine d’ANF, le soin de bâtir un “plan guide” de végétalisation. “C’est la phase ultime de la franchisation de la rue de la République”, s’est étranglé Patrick Lacoste, membre du conseil d’administration de l’association Un centre-ville pour tous.
Une piscine neuve à Frais-Vallon
Sa forme caractéristique, celle des piscines tournesol, trahit son âge, 45 ans. La piscine de Frais-Vallon va être remplacée par un équipement neuf, évalué à 15 millions d’euros. Dotée d’un bassin supplémentaire, dédiée à l’apprentissage de la natation, “cette piscine sera également dotée d’installations ludiques consacrées aux familles tels que pentagliss,
pataugeoire, solarium”, précise la délibération soumise au vote.
Plus de dix ans après le vote d’un plan piscines au bilan limité à des rénovations (Saint-Charles, Vallier…), la municipalité a décidé en avril de s’attaquer à la “modernisation” de huit piscines des années 1970. Neuvième du genre, Frais-Vallon sera elle reconstruite, en lien avec le démarrage du programme de rénovation urbaine piloté par Marseille rénovation urbaine. L’organisme souhaite faire évoluer l’entrée du quartier, ce qui “suppose de déplacer la piscine existante afin de dégager le foncier nécessaire à la reconfiguration des espaces publics”. Les seuls projets de nouvelles piscines restent pour l’heure à Euroméditerranée et Luminy, avec un contrat pour lequel la Ville ne communique plus de date de signature.
Feriel Alouti, Julien Vinzent et Violette Artaud
Commentaires
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Une patinoire hors de prix, un stade ruineux et reconstruit deux fois en quinze ans, et maintenant 22 millions d’euros pour quelques épreuves des JO. Soit presque le prix de deux piscines neuves. Et toujours pas un euro pour le célébrissime “plan piscines” du petit Miron (à l’exception de l’annonce de dernière minute de la reconstruction de la piscine de Frais-Vallon : il faut bien avoir un minimum de bilan en vue des municipales…).
C’est fou combien, pour la majorité nullicipale, le décor compte plus que les besoins réels des habitants de la ville !
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Le clinquant, toujours le clinquant hors de prix pour le tourisme! Pendant ce temps, les milliers d’expulsés/évacués/délogés peuvent bien espérer de l’aide réelle de la part de la Ville de Marseille!!
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Le détail de la “marina” prévue au Roucas a-t-il été publié ? Grosse inquiétude d’avoir les très rares plages publiques marseillaises rabotées par le béton !
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Bonjour, une concertation publique est en cours. Vous trouverez le dossier à cette adresse : http://sports-loisirs.marseille.fr/jo-voile-2024/marina-olympique-concertation-publique-pour-son-amenagement
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