Les départementales dans les Bouches-du-Rhône en cinq cantons symboles

Décryptage
par Jean-Marie Leforestier & Lisa Castelly
le 22 Juin 2021
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Pas d'effet Printemps marseillais, des sortants bien implantés qui performent, le mauvais score des candidats de Martine Vassal à Aix... Retour sur les enseignements du premier tour des départementales.

Martine Vassal (au centre) et plusieurs des candidats marseillais "Provence unie" dimanche 20 juin. Photo Marius Rivière.
Martine Vassal (au centre) et plusieurs des candidats marseillais "Provence unie" dimanche 20 juin. Photo Marius Rivière.

Martine Vassal (au centre) et plusieurs des candidats marseillais "Provence unie" dimanche 20 juin. Photo Marius Rivière.

Les affiches du deuxième tour n’auront pas laissé la place à un troisième larron. Dimanche 27 juin, les élections départementales dans les Bouches-du-Rhône connaîtront 29 duels pour autant de cantons. La participation famélique n’a permis à aucun candidat arrivé troisième d’atteindre les 12,5 % des inscrits nécessaires pour se maintenir. À l’arrivée, dans cette élection qui se déroule à l’ombre des régionales, Martine Vassal est en très bonne posture pour garder la présidence du département. Marsactu a isolé cinq cantons symboles de ce scrutin.

Marseille-12 : le Printemps marseillais peine à confirmer

C’est un endroit où la droite marseillaise avait une revanche à prendre. Au vu des résultats de ce premier tour, elle semble bien partie pour réussir ce pari. Le binôme sortant LR, composé de deux ex-maires de secteur déboulonnés par le Printemps marseillais l’année dernière, est arrivé en tête avec une avance notable. Sabine Bernasconi et Yves Moraine pourraient ensuite compter sur un report d’une partie des voix du RN notamment, arrivé à 24,2%. “Ce qu’on a entendu dans la rue, c’est des électeurs déçus par la gauche”, assure Sabine Bernasconi qui constate “un rapport de force rétabli” après “l’envie de renouveau” qui a porté le Printemps marseillais en 2020. Le binôme Anne Meilhac et Christian Pellicani affiche pour sa part sa fierté d’avoir devancé le RN et emmené la gauche au second tour, après son absence de 2015. Mais l’écart à combler est conséquent et les réserves de voix chez leurs adversaires du premier tour quasi inexistantes. Le 2e candidat, étiqueté PCF, explique vouloir “s’attaquer à l’abstention” dans les jours qui viennent. Ils étaient 62% à avoir boudé les urnes dans ce canton dimanche, 10 points de plus qu’au précédent scrutin de 2015.

Marseille-6 : Le RN veut sa revanche des municipales

Infographie NG.

Et Christophe Masse est tombé dès le premier tour. L’ancien député ne rempilera pas comme conseiller départemental. Il laisse place à un duel qui opposera le RN et l’Union de la gauche et des écologistes. L’ex-maire de secteur Sandrine D’Angio et son ancien premier adjoint Cédric Dudieuzère (RN) partent avec une confortable avance sur Hassen Hammou et Muriel Jardon. “À regarder la nouvelle [Marion Bareille (LR), ndlr], les gens se rendent compte de celle qu’ils avaient”, se réjouit l’ex-édile. Dans un communiqué, Christophe Masse et sa binôme Geneviève Tranchida n’ont pas appelé à faire barrage au RN, mais simplement à “amplifier la participation” le week-end prochain. La position du binôme de droite dans ce canton comme dans tous ceux où la gauche est opposée au RN n’est pas connue à cette heure. Cependant, on rappelle dans son entourage que Martine Vassal a appelé au rassemblement et s’est positionnée contre l’extrême-droite. “Il serait loyal que la majorité municipale du 13/14, élue dans ce contexte-là, joue le jeu du front républicain. On en attend pas moins des autres forces politiques”, déclare Hassen Hammou, qui espère voir le maire de Marseille s’impliquer dans ce canton pendant l’entre-deux tours. Dans le département, trois autres scrutins proposent un duel entre l’union de la gauche et le RN.

Aix-1 : AIX boude les candidats de Vassal et Joissains

Infographie NG.

C’est la grosse mauvaise surprise de la droite. Dans ce fief de Maryse Joissains (LR), les candidats Provence unie sont balayés dès le premier tour. La vice-présidente sortante Brigitte Devésa termine troisième derrière l’union de la gauche et LREM qui se disputeront les deux postes de conseillers départementaux. Après avoir conquis les deux circonscriptions de la ville en 2017 puis réalisé un bon score aux municipales, le parti présidentiel confirme un de ses rares ancrages dans la deuxième ville du département.

Aix-2 : Jean-Marc Perrin, symbole des sortants bien implantés

Infographie NG.

Lui aussi portait l’étiquette LREM mais il avait aussi pour lui un ancrage fort au sud d’Aix-en-Provence. Le sortant Jean-Marc Perrin, écarté des listes de Martine Vassal pour cause de candidature contre Maryse Joissains aux municipales, est en tête au premier tour en binôme avec Laurence Angeletti. Il affrontera le RN de Yannick Decara et Nathalie Chevillard. Il relègue à la quatrième place le binôme d’adjoints au maire composé par Francis Taulan et Karima Zerkani-Raynal. Comme lui, de nombreux sortants ont bien résisté, essentiellement sur leur nom à l’image de Jacky Gérard et Hélène Gente-Céaglio dans le canton de Pélissanne et d’Yves Vidal et Martine Amsellem dans le canton de Salon-2, qui se qualifient malgré les candidatures de maires ou d’adjoints LR.

Gardanne : les communistes dévissent

Infographie NG.

Après avoir perdu des mairies, les communistes peinent à enrayer leur déclin politique. Une lutte fratricide a privé en juin 2020 le parti de la mairie de Gardanne et voilà que le binôme PCF (le maire de Septèmes André Molino et la Gardannaise Amélie Barbey) sans sortant, mais soutenu par l’union de la gauche termine à la troisième place. Le binôme de droite est composé du nouveau maire de Gardanne Hervé Granier et d’Agnès Pasqualetto-Amiel, l’adjointe à la santé. Il affrontera le Rassemblement national.

À Arles, les conseillers PCF sortants sont eux aussi en difficulté quoique qualifiés. Nicolas Koukas et Aurore Raoux accusent 13 points et 2000 voix de retard sur le binôme soutenu par Martine Vassal. Seuls les candidats martégaux Gérard Frau et Magali Giorgetti semblent en mesure de représenter le parti hors Marseille. Ils pourraient être rejoints par l’adjointe de Benoît Payan, Audrey Garino, candidate dans le canton Marseille-11 dans le centre-ville.

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Jean-Marie Leforestier
Journaliste | jm.leforestier@marsactu.fr
Lisa Castelly
Journaliste

Commentaires

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  1. Titi du 1-3 Titi du 1-3

    “Agnès Pasqualetto-Amiel, l’adjointe à la santé” plus de précisions :
    Adjointe à la santé de son époux maire des Pennes-Mirabeau, celui ci se prétend de gauche, ancien sénateur guériniste puis marcheur et soutien appuyé de la liste de son épouse étiquetée à droite tendance Vassal.
    Je pensais réitérer mon vote du premier tour, je découvre que la liste de gauche arrivée troisième avec un score proche des deux premières est éliminée, je ne remercie pas les abstentionnistes.

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  2. vékiya vékiya

    Marseille-12 : le Printemps marseillais peine à confirmer
    et je ne me déplacera pas au 2ème tour, c’était d’une pierre deux coups ou rien.
    Merci au ps/pc/eelv

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  3. MarsKaa MarsKaa

    Merci pour cet article, il est important de parler de ce 2e scrutin, les départementales, parce que l’on ne parle que des Régionales. Or il y a d’autres enjeux ! Et surtout la gauche est présente dans plusieurs cantons.
    l’affaire du retrait de Felizia aux Régionales risque malheureusement d’impacter ce scrutin. Alors que ça ne devrait pas !
    Dans mon canton, duel Gauche / FN , j’irai voter !
    Mais qui va faire campagne d’ici dimanche ? Qui va tenir les bureaux ?

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  4. Jacques89 Jacques89

    Il faut bien meubler… C’est toute la démarche engagée par les médias qui ne se lassent pas de commenter « l’incommentable ». Oubliée la gifle infligée à la classe politique. Oubliées les tractations mafieuses entre élus accrochés à leur statut comme des arapèdes à leur rocher. Oubliée la liste des repris de justice qui occupent les bancs de l’Assemblée et du Sénat…mais pas que…. On a des chiffres, il faut, « coûte que coûte » faire avec et produire des stratégies dans lesquelles vont s’engouffrer un tiers des électeurs qui ont encore le sentiment qu’ils peuvent influer sur les politiques locales qui n’ont qu’un seul but : détourner la loi pour profiter des subventions de l’Etat et servir, au passage, ceux qui contribuent à lisser la communication. Les amateurs de marc de café ne sont décidément pas prêts de se réveiller.

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  5. Alain PAUL Alain PAUL

    Les écolos du cap ont réussi à faire rater plusieurs duels à la gauche dans le département
    Ils peuvent être contents

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  6. Ysabel Bels Ysabel Bels

    Bravo le Printemps marseillais ! 2 listes du Printemps marseillais sur le même canton . Vous voulez quoi après un coup pareil ? Que les gens continuent à se déplacer pour voter pour un idéal dévoyé ? J’en connais qui se sont déplacés , et voyant le nombre de listes on dit haut et fort qu’ils ne voteraient pas pour les listes des départementales !!! Ils ont juste voté pour les régionales . Bel effort
    Dommage tout ça ! Ça ressemble à une manœuvre des pires moments des socialistes au pouvoir à Marseille : A partir de 1983 … Souvenez-vous . Un petit maire de secteur monté en grade par défaut, devenu un homme fort et indéboulonnable ( Chapeau le Sénat qui a refusé longtemps la levée de son immunité) et terminant un bracelet électronique au pied !
    Pour les écolos NO COMMENTS . Pire encore

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