Les copropriétaires du 6, rue de la Butte ne veulent pas voir leur immeuble disparaître

Actualité
le 9 Oct 2019
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Depuis l'arrêté de démolition du 6 rue de la Butte, pris fin août, les copropriétaires de cet immeuble de la place Jules-Guesde espère une autre issue pour leur bien. Ils assurent que leur immeuble peut être mis en sécurité et pointe la responsabilité de leurs voisins dans les désordres constatés.

Les copropriétaires du 6, rue de la Butte ne veulent pas voir leur immeuble disparaître
Les copropriétaires du 6, rue de la Butte ne veulent pas voir leur immeuble disparaître

Les copropriétaires du 6, rue de la Butte ne veulent pas voir leur immeuble disparaître

Désormais chaque heure compte. Les copropriétaires du 6, rue de la Butte continuent d’y croire mais leurs chances s’amenuisent. Le juge des référés du tribunal administratif a rejeté ce vendredi leur demande de suspension de l’arrêté de déconstruction des trois immeubles qui surplombent la station Jules-Guesde. Depuis juin dernier et l’évacuation du 6, la bouche de métro est fermée. Entre Saint-Charles et Joliette, les voyageurs du métro marseillais contemplent une station fantôme, maintenue dans la pénombre.

“Restaurer la continuité du service public des transports”. Dans son ordonnance, la juge des référés met en avant cette fermeture pour justifier son rejet de la demande des copropriétaires et de leur syndic Cogefim Fouque. Ces derniers ne désarment pas : ils vont se pourvoir en cassation devant le Conseil d’État. “Mais ce dernier n’est pas suspensif, constate Cyril Troise, l’un des copropriétaires, venu se défendre tout seul devant le juge des référés. Nous craignons de voir disparaître nos immeubles dans les jours qui viennent”.

Guérilla judiciaire

Les copropriétaires en sont persuadés, les chances de redresser leur immeuble existent bel et bien. Cet été, ils ont bataillé sur plusieurs fronts : ils ont tenté de faire suspendre l’arrêté, puis de l’attaquer sur le fond. “L’arrêté prévoyait de nous faire réaliser des travaux de confortement sur les n°4 et 8, rue de la Butte, reprend Cyril Troise. Or, cela est impossible puisque ces immeubles appartiennent à Logirem [bailleur social, ndlr].

C’est une des curiosités de l’arrêté de péril pris le 10 juillet et signé par Julien Ruas, l’adjoint municipal à la sécurité. Il mentionne des désordres sur les trois immeubles qui forment les dernières dents debout d’un îlot éventré, évoquant même un “risque d’effondrement par effet domino”. En revanche, il n’impose des travaux de sécurisation qu’aux seuls propriétaires du n°6, seul immeuble habité et objet d’un signalement.

“Risque d’effondrement total de l’ensemble”

Pourtant, dans le rapport qui sous-tend l’arrêté de péril, l’expert Fabrice Téboul est sans appel quant à l’état du n°4, propriété successive d’Euroméditerranée et de Logirem. Après avoir constaté des planchers effondrés, il conclut : “nous ne poursuivons pas notre visite au-delà du deuxième étage compte tenu du risque d’effondrement total de l’ensemble”.

Extrait du rapport Teboul.

L’expert mandaté par le tribunal administratif est tout aussi sévère quant à l’état du n°6, objet du péril, grave et imminent. Toujours dans le rapport transmis aux services de la Ville, un reportage photo atteste de la gravité des désordres constatés dans la cave de l’immeuble. L’un des murs porteurs présente ce que les experts nomment joliment “un ventre”. La réalité est moins poétique : le mur en voie d’affaissement est bombé sous l’effet des forces qu’il subit, s’écartant de 25 centimètres de la verticale.

Photo extraite du rapport Teboul.

Confortement “irréalisable”

Pour l’expert du tribunal Fabrice Téboul comme pour celui du Centre scientifique et technique du bâtiment, ce constat visuel est sans appel : le confortement est qualifié “d’irréalisable” sans mettre en péril les équipes qui pourraient intervenir à cet endroit. C’est d’ailleurs le second argument qui appuie l’ordonnance du juge des référés :

 Le centre scientifique et technique du bâtiment a tenu la même analyse après une visite sur le site le 24 juin 2019, relevant plusieurs points critiques mettant en cause la stabilité de l’immeuble, concluant au caractère périlleux du confortement des bâtiments sis 4 et 6 rue de la Butte et au risque d’effondrement total ou partiel de ces immeubles.

Pourtant les copropriétaires et le syndic produisent deux rapports commandés à des bureaux d’étude qui affirment le contraire. C’est notamment le cas d’un rapport réalisé début août par la société Poly-structures, qui recommande des travaux de confortement en coulant un mur de confortement pour pallier à la faiblesse du mur porteur. Un argument que la juge des référés n’a pas retenu. “Or, c’est pour cela que nous continuons de nous battre devant les tribunaux, explique Cyril Troise. Pour qu’un expert judiciaire soit nommé et puisse dire comme le font les bureaux d’étude que des travaux de confortement sont possibles“. Comme les autres copropriétaires, il n’imagine pas de voir disparaître un bien, qui plus est à leurs frais.

“Un entonnoir s’est créé en direction de notre immeuble”

Par ailleurs, la nomination d’un nouvel expert pourrait leur permettre de pousser plus loin les investigations concernant l’origine des désordres. Car les rapports des bureaux d’études pointent clairement la présence d’eau en provenance du n°4, propriété de Logirem, mais aussi du terrain nu adjacent, où le bailleur social doit réaliser un ensemble immobilier, baptisé, le faubourg des fiacres :

Nous avons pu constater la démolition d’un ensemble d’immeuble tout autour du bâtiment analysé. Ceci a attiré notre attention sur le fait qu’un entonnoir s’est créé en direction de notre immeuble. Une stagnation d’eau très importante se fait à chaque pluie suivi d’une infiltration qui se termine immanquablement dans la cave de notre client.

Preuve supplémentaire pour les copropriétaires, Logirem a fait réaliser en août une tranchée de drainage sur ce terrain nu, sans que rien dans les rapports d’expertise appuyant l’arrêté de péril ne viennent le justifier. “Ce sont des travaux complémentaires, indique-t-on à Logirem. Des travaux réalisés dans la continuité des travaux de confortement que nous avons faits de part et d’autres des immeubles dont nous sommes propriétaires. Ce qui nous importe c’est d’éviter que cela s’effondre.

Un rapport de novembre 2016 sans désordre inquiétant

La guerilla judiciaire des copropriétaires du N°6 poursuit un but second : ne pas voir disparaître les éventuelles preuves d’une responsabilité croisée, mettant en cause Logirem et, au-delà, Euroméditerranée, aménageur de cette parcelle comme du reste du quartier. En effet, ils détiennent un autre rapport réalisé en novembre 2016 et commandé par Euroméditerranée. Il s’agit cette fois-ci d’un référé préventif. Ce document est censé permettre d’avoir un état des lieux avant travaux afin de vérifier que lesdits travaux n’aggravent pas les désordres sur les immeubles voisins. Il doit aussi signifier les désordres liées à la structure des immeubles et mentionner s’il en trouve “les travaux propres à y remédier, leur coût et leur durée”.

Le terrain vague où doit pousser le faubourg des fiacres.

L’expert a donc visité le 6, rue de la Butte comme d’autres immeubles du futur faubourg des Fiacres. Et s’il a bien relevé d’importantes fissures sur les façades côté rue et côté cour, ainsi que dans l’escalier, il n’indique aucun problème de structure susceptible de s’aggraver avec les travaux de démolition que l’établissement public souhaite entreprendre. La cave est également visée, l’expert évoque un sol inégal, une présence d’humidité, sans mentionner de mur au ventre inquiétant. Si l’on se fie aux expertises successives, ce serait donc dans cet intervalle de trois ans que se serait formé le fameux “ventre”.

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Commentaires

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  1. Philippe Lamotte Philippe Lamotte

    Co-proprios d’un immeuble de rapport menaçant de s’effondrer (encore un !) contre Logirem et son futur complexe “social” au nom pompeux dans un quartier glauque de petits commerces et de trafics ! Qué grand malheur !!

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  2. Vincent Squale Vert Vincent Squale Vert

    C’est étonnant qu’un bailleur social de la ville de Marseille se retrouve une nouvelle fois, comme pour la rue d’aubagne, au cœur de la polémique comme cause et origine des désordres du voisin…. Quelle immunité….. Marseille appartient elle au territoire républicain ? Marseille est elle sauvable ?

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