"Les artistes jouent parfois le rôle de facilitateur de la gentrification"

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le 24 Oct 2013
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"Les artistes jouent parfois le rôle de facilitateur de la gentrification"
"Les artistes jouent parfois le rôle de facilitateur de la gentrification"

"Les artistes jouent parfois le rôle de facilitateur de la gentrification"

Tendre un miroir à la ville, en cette année de capitale culturelle. On pourrait résumer par cette formule la rencontre intitulée "La ville à l'épreuve de la démocratie", proposée par l'association Pensons le matin du 25 au 27 octobre à la Friche Belle de Mai. Créée à l'initiative d'opérateurs culturels, d'artistes, de militants associatifs et de chercheurs, cette association se veut un espace de réflexion et de débat citoyen sur le lien entre culture, gentrification et les multiples formes de ségrégation urbaine.

"Notre idée est de développer une pensée – même si mot est ambitieux – qui ne soit pas monopolisée par les experts mais ouverte au plus grand nombre", précise Christophe Apprill. Ce sociologue, spécialiste de la danse, travaille au sein du centre de recherche Norbert Elias – de l'antenne marseillaise de l'Ecole des hautes études en sciences sociales – où il s'intéresse tout particulièrement à la place et aux effets de la culture sur la ville. Une position complexe comme le rôle que l'artiste joue dans l'espace urbain, en intervenant notamment dans le processus de gentrification. Ce terme anglo-saxon décrit un phénomène international : des quartiers, souvent centraux, habités par des couches populaires voient leur population modifiée sous l'effet de la pression foncière. Les plus pauvres ne peuvent plus payer leur loyer et en sont chassés. Arrive alors le temps de la rénovation, de la spéculation immobilière "puis la recolonisation par des classes sociales supérieures" de ces mêmes quartiers. Ce phénomène est sensible à Marseille dans des quartiers comme le Panier, Belsunce, la Belle de Mai ou dernièrement Saint-Mauront.

La culture, facteur de clivages

Ainsi, un peu malgré eux, "les artistes jouent parfois le rôle de facilitateurs de ce processus  la gentrification", estime Christophe Apprill. Cela est particulièrement sensible dans les friches industrielles. Une fois les usines fermées, ces vastes espaces sont réinvestis par des artistes qui trouvent là de vastes espaces à moindre coût. Ce changement de fonction entraîne une augmentation des prix du m2 autour et le processus décrit plus haut. De fait, les classes populaires se retrouvent doublement exclues, à la fois d'un point de vue foncier et de l'offre culturelle. "On entend souvent dans les quartiers, ce n'est pas pour nous. La culture qui serait censée abolir les frontières et être facteur d'émancipation se retrouve être un facteur de clivage, de séparation, de segmentation".

Cette question ne sera pas la seule débattue durant les trois jours de rencontre qui débutent ce vendredi. Les organisateurs ont pris soin d'élargir le propos en ouvrant les rencontres par un colloque international intitulé "fabriquer la ville" et qui met Marseille en perspective avec des représentants turcs et allemands "qui viendront parler notamment des villes d'Istanbul et de Hambourg". Cette volonté d'interroger la façon dont la ville se fabrique s'opère en confrontant des points de vue différents, de faire discussion. Entre balades urbaines et visites d'expositions, le programme du samedi interroge plus spécifiquement la place de la culture dans la ville et le sens des politiques culturelles. Enfin, le dimanche, on pourra retrouver Christophe Apprill en modérateur d'un débat entre l'architecte Aykut Köksal et la philosophe Joëlle Zask, philosophe.

Entrée libre à toutes les rencontres et débats. Places limitées pour les balades urbaines. Renseignements et inscriptions : pensonslematin@gmail.com

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Commentaires

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  1. voisine voisine

    Comment peut on dire, sérieusement, que Saint Mauront ou la Belle de Mai se gentrifient! C’est appliquer dans ces quartiers des concepts décalés, valables à Berlin ou Paris…j’habite ces quartiers, et j’y vois peu de bourgeois…et ni même d’artiste, ou vraiment pauvres! Le 3ème arrondissement est le quartier le plus pauvre de France…en plus de penser le matin, ils pourraient ouvrir les yeux l’après midi!

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  2. tralalere tralalere

    Il m a fallu aller sur wikipedia pour avoir la definition de “gentification”!!

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  3. Anonyme Anonyme

    L’Estaque est un quartier embourgeoisé (sans connotation négative) et cela se mesure dans le prix de l’immobilier. Parler de gentrification de La Belle de Mai est une grosse bêtise qui jette un sérieux doute sur le laboratoire d’idées et le changement de paradigme afférent… Marseille se caractérise par l’échec répété de sa gentrification, par l’arrivée continue de nouveaux arrivants dont la plupart, ceux du moins qui attendent un niveau de service standard pour une grande ville, repartent peu de temps après. C’est précisément ce phénomène très spécifique à Marseille qui l’ancre dans la misère (artistes en première ligne…). Alors oui, pensons le matin et espérons que les débats sont de bonne tenue malgré tout.

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  4. cani cani

    La gentrification (mot anglais de gentry, « petite noblesse »1) est un phénomène urbain d’embourgeoisement. C’est le processus par lequel des arrivants plus aisés s’approprient un espace initialement occupé par des habitants ou usagers moins favorisés, transformant ainsi le profil économique et social du quartier au profit exclusif d’une couche sociale supérieure.

    Source Wikipédia

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  5. José 2013 José 2013

    Force est de constater que globalement, les discussions se sont quand-même révélées plutôt tièdes et étrangement consensuelles. Aucune réelle constestation du système politico-culturo-marseillais… Et que penser notamment d’Alain Arnaudet, directeur de La Friche, qui s’est incroyablement énervé comme une puce au micro face à une simple question posée dans le public au sujet des tarifs élevés de son opération pour bobos “Cuisines en Friche” ??? Plutôt décevant tout ça…

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