Le Vieux-Port comme vous ne le verrez jamais : quelques images du projet refusé

Il est complètement fou que ce réaménagement du coeur de la seconde ville de France n’ait donné lieu à aucun débat public, pire : aucune image n’est disponible !

Les gestionnaires de Marseille ont là, encore une fois, clairement fait preuve d’une incompétence crasse.

Le pouvoir doit évoluer à Marseille. L’envie d’assurer la relève ne taraude-t-elle pas certains d’entre vous ? Qui veut fonder un parti digne de cette ville ?

Vouloir transformer le centre-ville en zone piétonne – c’est très joli sur les images; et c’est tout. Premier problème: Les piétons ne se déplacent guère au delà de 500m. Tout ce qui se trouve au-delà et quasiment condamné à mourir. (voir le haut de la Canébière, rue de la République, etc.)
Deuxième problème: On ne peut aménager un quartier entier, sans prendre en compte les problèmes des déplacements sur l’ensemble de la région. Les gens qui y vivent et travaillent, ont besoin d’une voiture pour l’instant.
Personnellement – je vis dans le 1er – je me déplace au centre-ville qu’à pied; néanmoins j’ai besoin de ma voiture pratiquement tous les jours, d’une part pour aller travailler, d’autre part pour quasiment tous les besoins de la vie quotidienne: faire les courses, sortir le soir, etc; etc.; et je dois évidemment la garer aussi. Il faudrait d’abord un réseau de métro et tramway qui couvre au moins 80% des zones habitées, qui fonctionne 20h/24 et 7j/7, complété par un réseau de trains et de cars qui couvre de la même façon l’ensemble de l’air urbain. Et en même suffisamment de places pour pouvoir laisser les voitures sur place. A Marseille, on est a des années-lumières de cela.
Le projet qu’on nous propose là, est un projet de Bisounours; c’est écolo, c’est propre, c’est “touristiquement correcte”, mais ne répond malheureusement pas aux besoins de la vie en ville. Il ne suffit pas de supprimer la voiture pour animer un quartier. Le bd de Longchamps est une zone complètement désertée qui dégage autant de vie que certains coins en banlieue parisienne. Cela ne donne absolument pas envie de s’y promener.
La ville vit justement des interférences entre le travail, le commerce, les loisirs, des gens qui y habitent, les passages et les possibilités de pouvoir s’arrêter. Ca fait 60 ans qu’on crée maintenant des zones: des zones d’habitation, des zones de commerce, des zones où on travaille, des zones de loisirs, des zones de bureaux… et aussi des zones piétonnes; c’est un concept du dernier siècle, qui a tué la plupart des villes en Europe. C’est peut-être pas le moment de commencer à Marseille…

… “quelques images du projet refusé” … mais refusé par qui ? Démocratiquement c’est le projet qui a gagné devant un jury … à une voie près, certes mais qui a remporté l’adhésion de ce jury. Alors disons clairement les choses, refusé par Lord M. Gaudin. Maintenant que Monsieur Mennucci trouve bon pour la politique politicienne du moment, d’appuyer au près de M. Caselli les choix de M.Gaudin … mais en quoi les Marseillais doivent encore essuyer ce type de magouilles et de fausse ententes du moment ? En plus Eurêka, il s’agissait d’une femme, fruit Marseillais qui plus est, avec un projet fabuleux ! Pas de quoi mettre Marseille ville de la culture en avant ? lui donner totalement sens et réalité ? L’incarner ? Mais la pensée qui domine Marseille, pensée franchement masculine pour ne pas dire totalement débile, est aujourd’hui aux antipodes de la culture. C’est malheureux mais c’est comme ça, on a les hommes politiques qu’on se choisit, encore une fois bravo Messieurs, quel courage, à peu de frais vous aller avoir du grand renom, un Lord en plus ! Vraiment bravo !

Je ne comprends pas que malgré le vote du jury favorable au projet de C.Vezzoni, ce dernier soit refusé.
Je trouve ce projet fort intéressant et pertinent, appréciant particulièrement de rendre le vieux port aux piétons, de plus je ne comprends pas qu’on ne privilégie pas les talents de la région , le stade vélodrome devrait nous servir de leçon…!!!!

Ça veut dire quoi …”rendre le port aux piétons”? Le port de Marseille, comme tous les ports d’ailleurs, était avant tout un lieu de travail, un endroit sale et bruyant, encombré de charrettes et de marchandises, de marins et de gens d’ailleurs, un lieu peu recommandable, comme tous les ports, mais un lieu vivant; et c’était justement cet univers-là qui fascinait les gens, qui les faisait venir et qui remplissait accessoirement la littérature. Un port, ça n’a jamais été un lieu, où les bourgeois flânaient le dimanche avec leur marmaille. Enfin bref…
Et pour revenir sur le boulevard de Longchamps, c’est calme, mortellement calme, et c’est peut-être agréable pour ceux qui y habitent – et encore, je ne sais pas, si c’est si drôle de chercher tous les soirs une place pour sa voiture (parce qu’il en faut bien une: pour travailler, sortir, faire les courses, etc.), de ne jamais savoir comment décharger, et de la récupérer tous les lundi matin à la fourrière, parce qu’il y a de toute façon pas de place pour tout le monde. Mais pour s’y promener, c’est franchement atroce; pas de vie, rien à voir, le vent qui pousse quelques feuilles mortes, quelques jeunes qui trainent; il y a franchement mieux pour flâner à Marseille. Et bizarrement, il y a toujours plus de monde ailleurs, là, où ça vit.
Et pour revenir aux éternelles zones piétonnes, il suffit d’aller un dimanche après-midi sur la Presqu’ile à Lyon – rue de la République par exemple, pas un chat, pas un café ouvert, plus d’habitants… comme dans toutes les villes qui ont transformé leur centre en gallérie marchande. Je ne vois pas l’intérêt – avec 40 ans de retard sur les autres – de copier ça chez nous.
Et pour finir, le jour, où on pourra se passer définitivement de voiture – et je suis pour – ça sera génial; mais ce jour-là, on aura aussi des transports publics qui méritent ce nom; qui couvrent l’ensemble de la ville, 24h/24. Pour l’instant – et vous pouvez les comparer avec ceux de n’importe quelle grande ville d’Europe, voire même beaucoup plus petites – c’est franchement lamentable. Et déplacer les bouchons juste de 500m pour transformer le Vieux Port en déambulatoire, pour moi, ça n’a pas de sens.

Six mois plus tard…
Voilà bien du temps qui passe et qui nous permet de voir venir ce à quoi pourra ressembler le “coeur battant” de notre cité. Quelques profils de caniveaux émergent, des palissades qui font semblant de cacher les nouveaux pavés choisis, une bouche de métro qui ferme pour raison de travaux… Chronique d’une lenteur annoncée, mais surtout du vide.
L’équipe Foster n’aura fait que répondre à une urgence dictée par nos édiles, dans l’incapacité d’anticiper depuis vingt-six siècles les grandes évolutions de ce qui arrive encore à être la deuxième ville de France. L’irréalisme du projet Vezzoni, ne cache pas une certaine tendresse pour une ville méditerranéenne utopique. dans la recherche de l’idéal, il vous a manqué le respect des sens pratiques et des réalités… et surtout la voix de ses habitants.
Une fois de plus, l’urgence des situations sans fin nous ridiculise alors qu’il suffirait de peu pour nous magnifier (pour reprendre les termes de C. Vezzoni). 2013 sera éphémère, et je regrette déjà les démontages des armatures du projet du Vieux Port, qui comme chacun l’aura constaté, n’auront accusé la durée de vie moyenne des espaces publics nouveaux marseillais de 3 à 5 ans maximum – contre 15-20 ans dans les autres villes. Que manque-til donc à nos décideurs, constructeurs et à nos équipes pour démontrer enfin l’amour de cette ville, dont ils se gargarisent tant à l’extérieur? de l’argent? de l’ambition? du savoir-faire? du courage? du sens commun?
Le rêve peut devenir réalité, mais il faudra oser un jour, s’il n’est pas trop tard.