Le premier docu qui démonte le cheval de Troie de la capitale culturelle

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le 21 Jan 2015
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Le premier docu qui démonte le cheval de Troie de la capitale culturelle
Le premier docu qui démonte le cheval de Troie de la capitale culturelle

Le premier docu qui démonte le cheval de Troie de la capitale culturelle

Réaliser un film sur la capitale européenne de la culture est très vite devenu une nécessité pour Nicolas Burlaud, documentariste au sein du collectif Primitivi : "Dès 2013, j'ai eu la sensation d'être pris dans un piège, avec cette capitale de la culture parée de son aura quasi religieuse. Du coup, il est très difficile d'être contre". Sous peine, d'après l'un des personnages du film, d'être traité de "fasciste". "Je n'arrivais pas à comprendre vraiment de quoi la capitale de la culture était le nom…" L'image mythologique du Cheval de Troie, piège des Grecs pour anéantir les Troyens s'impose naturellement. L'histoire apparaît donc en filigrane dans le film La Fête est finie par la lecture d'extraits, tandis que les images des festivités de 2013 défilent. 

Car l'entreprise est présentée comme machiavélique. MP2013 aurait permis, selon l'auteur, de masquer une réalité bien moins joyeuse et éphémère : celle de la destruction progressive du Marseille populaire, historique, par le biais de la rénovation urbaine en marche. Les témoignages des anciens habitants de la rue de la république expulsés  contrastent avec les paillettes et la fête détournant les regards.  Pour Nicolas Burlaud, la capitale de la culture "qui vient servir de pompe à financement de projets et d'écran de fumée" serait ainsi "un accélérateur de la Ville Nouvelle – avec des majuscules", souhaitée par élites politiques et une bourgeoisie d'affaire.

"Pas de place pour tout le monde"

Problème, "dans la ville qui se dessine, il n'y pas de place pour tout le monde". De fait, poursuit le réalisateur qui dit employer volontairement des termes de marketing, "le coeur de cible n'est pas la population marseillaise mais des investisseurs, des partenaires privés, des promoteurs immobiliers dont la Ville de Marseille et Euromed ont besoin pour faire avancer leur projet. Et donc on dessine une ville qui ressemble à toutes les autres dans la concurrence acharnée que se livrent les villes moyennes pour devenir des mégapoles, des métropoles… Cette ville fait fi de la population marseillaise."

Le film, réalisé en toute indépendance et produit par l'association de vidéastes Primitivi n'a bénéficié d'aucune subvention. "On est fiers d'avoir fait un film qui vient de la rue", ajoute notre invité. Certes, le long-métrage est présenté deux ans après l'année capitale. Mais pour Nicolas Burlaud, il est encore temps de prendre conscience des choses. "Le film a de accents tragiques et prophétiques mais il n'est pas trop tard. J'espère apporter ma pierre à l'édifice." Surtout à l'heure où Marseille revêt ses plus beaux atours en vue de devenir la capitale européenne du sport en 2017.

Des projections-débats sont prévues ce jeudi à 20 h, en présence du réalisateur au cinéma Les Varietés, rue Vincent-Scotto, 13001 Marseille (Tarif unique 5€) ainsi que dimanche à 19 h à La Rouille, 89, rue Nau, 13005 Marseille.

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Commentaires

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  1. Anonyme Anonyme

    paranoïa et théorie du complot ?

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  2. Trésorier Trésorier

    Pas très convaincu…..

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  3. Anonymairedemarseille Anonymairedemarseille

    Merci enfin un peu de clairvoyance, ce documentaire ne fera pas de mal aux marseillais qui s’émerveille de “l’avancée” de leur ville mais qui n’y voient pas les risques que cela comporte en terme de cohésion sociale…

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  4. mô

    Bin vu Nicoles…Si on émettait quelques réserves on était le vilain petit canarf!k

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  5. Lol Lol

    ‘Tres difficile d’être contre … Sous peine d’être traité de fasciste ‘ vraisemblablement nous ne vivons pas dans le même monde… Je suis souvent surpris des combats de certains qui concernent 10 personnes dans le monde. Mais là bravo, je vois que nous avons à faire à des grands militants du ‘non c’est pas bien’. Que d’énergie perdue, j’espère que tous les pisses vinaigres se rueront au cinéma, qu’ils applaudiront à chaleureusement cette ´prophétie tragique’ en attendant merci aux autres de continuer à réfléchir, à faire, à enseigner pour faire avancer ( un peu au moins) cette drôle de société dans laquelle on vit. Bisous.

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  6. distrait distrait

    C’est vrai que Gaudin s’en est servi comme d’un tremplin pour se faire réélire en 2014 çà n’est que d jeu politique mais en même temps quel désert en face !
    Et puis de quelle cohesion sociale parle-t-on ? Celle des encartés à FO ?

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  7. distrait distrait

    C’est vrai que Gaudin s’en est servi comme d’un tremplin pour se faire réélire en 2014 çà n’est que d jeu politique mais en même temps quel désert en face !
    Et puis de quelle cohesion sociale parle-t-on ? Celle des encartés à FO ?

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  8. JL41 JL41

    En voilà un qui sait où placer sa caméra pour filmer. Bien sûr un film est un montage, mais les bonnes séquences étaient dans la boite. Le décor du film et son contenu documentaire portaient sur les animations de rue de MP 2013, en y associant les animateurs de « Un centre-ville pour tous ». Les passages les plus craquants étaient ceux des discours officiels, Gaudin en tête, effeuillant ses notes à toute allure, et les adjoints et autres obligés assis en rangs d’oignons, souvent avec leur échalote à côté d’eux, habillée pour être vue. Il fallait voir les oignons et les échalotes se chuchoter à l’oreille avec des sourires entendus, éplucher leurs messages, tweeter pour les plus émoustillés. Il fallait voir le déplacement des officiels, Gaudin et Vauzelle se serrer de près. Aussi tous ces intermittents (et bénévoles) que Nicolas Burlaud n’a pas voulu accabler, se trémousser un max dans ces spectacles de rue, faire de cette foire une fête, ou inversement.
    « Les Variétés » où se jouait et se discutait le film a refusé du monde. Salle comble, un public averti et/ou intéressé, de vieux militants mais surtout beaucoup de jeunes. Un moment étrange lorsqu’il est apparu dans le générique que le Conseil général avait financé ce film, applaudissements et ovation. Si l’on a vu Vauzelle parmi les officiels, même dans les parties où une place belle avait été faite au Mucem, pas même un morceau de la Villa (il fait oser le dire) Méditerranée. Après le film, moment rare, le public a vraiment eu la parole, Nicolas Burlaud et Patrick Lacoste (Un centre-ville pour tous), tous deux modestes et à l’aise, non rehaussés par une estrade, ne nous ont pas accablé de leurs analyses, mais ont fait circuler les micros. Un moment de démocratie appliqué au sujet des discriminations et de l’éloignement des habitants de ce qui est décidé pour eux. Comme le dit Anonymairedemarseille : « enfin un peu de clairvoyance, ce documentaire ne fera pas de mal aux marseillais qui s’émerveillent de “l’avancée” de leur ville mais qui n’y voient pas les risques que cela comporte en terme de cohésion sociale… ».
    On voit aussi se jouer un beau morceau de concertation, entre l’animatrice d’Euroméditerranée, courageuse et indémontable, et apparemment de vrais habitants. Tout était expliqué au quart de tour : « ici ce sera détruit, ça vous ne le verrez plus, ça aussi ça disparaît. Impressionnant. Les concertés, pas plus communicants qu’urbanistes, auraient eu besoin de plusieurs tours au moins, pour comprendre quelques jours plus tard, de quoi il était vraiment question. On est passé aussi devant des maquettes très denses, où on devine que le soleil ne sera visible au sol que lorsqu’il passera à la verticale. Sauf pour H99 qui monte vers le soleil offrant ses terrasses au mistral et à l’air du large.
    Evidemment, MP 2013 déborde largement du montage qu’en a fait le film. Le lancement un certain jour de janvier, avec l’ouverture de l’espace offert par le nouveau Vieux Port, l’ouverture au contournement du Fort St-Jean vers le Mucem, la « truffe » a découvrir sur ces premières extensions du port, mêlant instinct et curiosité, a constitué un évènement. La « clameur » programmée par les grands organisateurs de la chose n’a pas été poussée. Non mais, on n’est pas des moutons. Comme le film en a offert le scénario cocasse, de ces bêtes dociles foulant le macadam. Il était venu du monde comme jamais ce soir là. Loin des resquilleurs de la semaine, une foule de gens faisaient la queue devant les distributeurs de billets du métro, des gens qui n’avaient souvent pas pris le métro jusque là. Cette soirée avait pompé profond dans la population marseillaise et elle n’a appartenu qu’à elle.
    Oui, « Très difficile d’être contre », Lol, mais il est quand même question de davantage de gens que de « 10 personnes dans le monde ». Et le film n’était pas bassinant de militantisme, les militants n’étaient pas là avec un couteau entre les dents, c’étaient des militants qui pouvaient tout à fait être entendus par des politiques pour faire évoluer la gestion d’une ville, renforcer l’action de l’école, adapter la formation pour réduire l’exclusion et urbaniser de façon moins discriminante.

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  9. Puig Puig

    Je n’ai vu que le teasing, qui est assez éclairant. On y voit une visite organisée d’Euromed, et une des visiteuses qui proteste en parlant des “habitants qui vont aller ailleurs”. Habitants, quels habitants ? C’était une zone d’entrepôts !!
    Quand à trouver que Marseille “s’embourgeoise”, il ne faut pas souvent se promener dans la ville pour croire que c’est le cas, sauf à ce que son idéal de ville soit Lagos ou Rosinha…

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  10. leravidemilo leravidemilo

    Incroyable le doute qui s’est emparé des ceusses qui n’ont pas laissé le sens critique au vestiaire et ne baissent toujours pas les bras;dans la salle non plus, il n’y avait pas “de la place pour tous le monde”; pleine à craquer avec une capacité d’accueil d’environ 270 personnes, une quarantaines devant rentrer chez eux, sans compter tous ceux qui avaient déjà renoncé.(Idem pour le DVD épuisé en quelques minutes). C’est qu’il était forcément attendu ce regard critique sur cette capitale opération d’enfumage touristico-financière et électorale, tant nous en avions été frustré, que ce soit par la “couverture” médiatique unanimiste (Hors la très notable exception de Marsactu ) que par l’absence de quelque chose qui puisse ressembler à un bilan sérieux, ne serait ce que pour l’utilisation des fonds publics… C’est une bonne dizaine de projections débat qu’il faudrait prévoir, tant les “pisse(s)sic, vinaigre(s)” marseillais (comme indiqués ci dessous) risquent de s’avérer nombreux. Un débat qui, sans pouvoir approfondir bien sur les questions, n’en a laissé que très peu de coté, entre les interventions du réalisateur, et notamment celles d’un centre ville pour tous et du collectif brouettes et compagnies. En particulier la question de la responsabilité des artistes participants, rarement évoquée et encore moins anticipée, abordée par le film (hors de tout “jugement” et bien sous forme de questionnement), à recommander fortement à ceux qui ont vu leurs subventions en chute libre (passé le jour passé la fête), ceux qui se sentent condamnés, et autres collectifs “restons vivants”. Si les artistes du spectacle vivant ne s’occupent pas du politique, outre que la politique s’occupera bien d’eux, qui donc va pouvoir s’en occuper… Bon, le film il faut aller le voir, tant sa charge critique est forte du seul fait de la mise en contexte, et pour de très beaux moments qui nous montrent une ville confisquée, une ville décor,élaborée à coup de tracto-pelles, et cautionnée par cette belle invitation annuelle à en être les festifs “acteurs”, à peu près au même titre que les moutons de la transhumances guidés par de noirs étalons,et finissant par l’incroyable scène de l’inauguration des terrasses du port… Pour finir, et même s’il ne faut user qu’exceptionnellement de l’auto-citation, je me rappelle un post, envoyé vers le début de l’année d’esbrouffe, et que j’envoie en dédicace à celui qui ne pisse sans doute que rivières de lait et de miel: Je suis fortement impressionné par l’à priori hautement naïf de celles et ceux qui pensent que l’objectif essentiel des initiateurs de MP2013 est de rendre notre ville plus belle, de la “porter”, de ceux qui estiment urgent de la peupler de couillons, sous prétexte de prouver qu’elle n’est pas remplie de voyous, (ce que d’ailleurs personne ne croit).

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  11. leravidemilo leravidemilo

    Bonjour JL41,; C’est le collectif marseillais 360° et même plus qui appui les initiatives de primitivi et s’occupe de la diffusion du film et du DVD. On le trouve donc sur le site du même nom, à la rubrique boutique.

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  12. Tioneb Tioneb

    Bon, j’ai bien fait de renoncer, j’aurais m’en retourner. Ce qui est intéressant c’est la très probable et bien sympathique honnêteté de la démarche. Fait-on quelque-part de la grande et bonne politique avec de l’honnêteté ? La mienne m’oblige à dire NON, NULLE PART. Mais si vous rencontrez la petite Pazzottu, faites lui plein de bises de ma part.

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  13. raphael raphael

    amusant ce sujet dans un talk sponsorisé par la CCI 😉

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