Le Port joue l’ouverture pour présenter la nouvelle porte du Cap Janet

Reportage
le 5 Oct 2018
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Cette semaine, le Grand port invitait qui le souhaitait à visiter le môle du Cap Janet. L'établissement public prévoit de nouveaux aménagements pour y accueillir l'ensemble des passagers à destination du Maghreb.

Visite organisée par le GPMM pour présenter son projet de réorganisation du Cap Janet.
Visite organisée par le GPMM pour présenter son projet de réorganisation du Cap Janet.

Visite organisée par le GPMM pour présenter son projet de réorganisation du Cap Janet.

“Pour vous inscrire à la visite, merci d’envoyer un mail à l’adresse concertation.capjanet@marseille-port.fr et d’y joindre une photocopie de votre pièce d’identité”. Rien de plus, rien de moins. Entrer dans l’enceinte du sacro-saint GPMM, le Grand port maritime de Marseille, n’aura jamais été si facile. Ce dernier lance actuellement des travaux sur le terminal international du Cap Janet. Objectif de l’opération : centraliser à cet endroit le trafic maritime du transport de passagers vers le Maghreb, qui s’effectue aujourd’hui à la fois au Cap Janet mais aussi plus bas, à la Joliette. À cette occasion, l’établissement public a décidé d’inviter le public à visiter le terrain qui accueillera le futur projet. Marsactu a répondu présent.

Ce mercredi, une petite dizaine de personnes patientent donc devant la guitoune de la Porte 4. Un minibus venu les chercher s’avance. “Vous pouvez entrer, nous allons faire les présentations à l’intérieur.” Jean-Philippe Ivaldi travaille à la direction de l’aménagement du Port de Marseille, c’est lui qui dirigera la visite. À ses côtés, entre autres, Anatole Caulet, le chargé des projets routiers et maîtrises d’ouvrage à la métropole. Du côté des visiteurs, un joli panel de militants associatifs et représentants des riverains des quartiers Nord de Marseille, de Cap au Nord aux comités de quartier en passant par France nature environnement.

“Tout le monde est pour de meilleurs conditions d’accueil”

“Vous pouvez y aller, indique Jean-Philippe Ivaldi au chauffeur. Direction porte 3.” Actuelle entrée pour une partie des passagers à destination du Maghreb, la porte 3 sera débaptisée et n’accueillera plus ces passagers. “Actuellement, les passagers attendent l’embarquement ici, sous la passerelle de l’autoroute, ce n’est plus possible”, explique Jean-Phillipe Ivaldi.

Plus près de la porte 4, une nouvelle porte 3 fera, à terme, face au môle du Cap Janet pour accueillir les passagers des lignes France-Maghreb. “Et les passagers n’attendront plus dehors mais dans l’enceinte du port”, poursuit Jean-Philippe Ivaldi. En effet, le projet prévoit deux espaces de stockage pouvant accueillir près de 2600 voitures “qui seront dans la zone portuaire sécurisée mais n’auront pas encore passé les contrôles”.

Image de synthèse issue de la plaquette explicative du projet.

Aussi, une nouvelle gare maritime est prévue pour accueillir les passagers des ferries qui pourront accoster sur quatre postes à quai différents. Bref, des conditions d’accueil optimisées, avec des “zones de confort” prévues à cet effet. Sur ce point “tout le monde est pour”, note Marie-Blanche Chamoulaud, présidente de la fédération des sept CIQ du 16e arrondissement. Mais les inquiétudes des visiteurs se cristallisent sur d’autres points.

La crainte de la congestion

Pour prendre un peu de recul, le minibus redémarre et emmène cette fois-ci les visiteurs en face de l’emplacement de la futur porte. L’aménagement du Cap Janet est “un projet en concertation étroite avec la métropole”, insiste Jean-Philippe Ivaldi. En effet, cette dernière doit construire parallèlement aux travaux sur le port un échangeur au niveau de cette nouvelle porte. Ainsi qu’un nouveau carrefour à hauteur de la porte 4, où sera délocalisée une grosse partie du trafic lié aux activités industrielles du port qui passe actuellement par la porte 3.

Alors qu’il déploie une grande feuille sur laquelle a été imprimé le plan du futur projet, le représentant de la métropole détaille le projet de voirie qui doit être livré en même temps que les aménagements du môle Cap Janet, c’est-à-dire en 2021. “L’idée est de différencier en amont les flux de personnes qui vont au port de celles qui n’y vont pas”, explique le technicien. Penché au dessus du plan, les visiteurs du jour se transforment rapidement en experts, soulevant les problématiques qu’ont effectivement rencontrées les professionnels qui leur font face. “Moi ce qui m’inquiète, c’est le risque de congestion”, soulève Marie-Blanche Chamoulaud, pour la fédération des CIQ du 16e.

“C’est ici que ça risque de bloquer, approuve Stéphane Coppey, président de FNE 13, en pointant du doigt le carrefour de la porte 4. Un carrefour avec des feux et des routes à double sens à cet endroit, ça m’inquiète un peu”. Ayant longtemps travaillé pour des institutions publiques dans des services liés aux transports, le militant associatif “sait de quoi [il] parle”“D’autant plus que le port prévoit une augmentation de son trafic”, font remarquer la présidente des CIQ du 16e et celle de Cap au Nord. En réponse, les techniciens du projet assurent avoir fait des estimations réunissant les pires conditions de circulation “et il ne devrait pas y avoir de problème, sauf peut-être à l’intérieur du port”, note Anatole Caulet chargé des projets routiers métropolitains. 

Réponse à tout, ou presque

Pour la dernière étape de ce tour, le minibus transporte les visiteurs en haut de la passerelle qui mène à l’étage du hangar principal du Cap Janet. De là, la vue sur le quai dans son ensemble est surplombante. Ici, la nouvelle gare maritime, là les différents postes de contrôle, là-bas les espaces d’attente. Avec les images de synthèse envoyées au préalable aux participants, la projection mentale n’est pas très difficile. “Mais cela veut dire que la plupart des personnes vont patienter dans leur voiture au soleil !”, font remarquer les habitants.

“Des zones pour patienter à l’ombre seront prévues”, indiquent en retour les techniciens. “Sauf qu’en général, les voitures sont très chargées et que les gens ne voudront pas les laisser sans surveillance”, rétorque Anissa Cheurfa, présidente du CIQ de la Viste. Mais les agents de la direction des aménagements du port ont décidément réponse à tout : “Ces zones d’attente ont justement été conçues avec des matériaux transparent, pour que les passagers puissent voir leur véhicule”. À tout, ou presque.

Car il est un point sur lequel habitants et associations ne comptent passer outre : la pollution émise par le trafic maritime. Et sur cette question, les techniciens du port ne sont pas vraiment à la pointe. En effet, leur projet ne comporte pour le moment aucune possibilité de branchement à quai pour les navires. “Une aberration dans la situation actuelle”, s’indigne le représentant de FNE, tandis que la présidente du CIQ de la Viste note que certains bateaux qui utiliseront ce quai sont sur le point de s’équiper pour se brancher. “On pourrait l’installer oui”, conclut songeur Jean-Philippe Ivaldi.

“Des aménagements pour quelques jours seulement”

Coût de l’opération de réorganisation du terminal Cap Janet : environ 30 millions d’euros. Opération d’amélioration des accès routiers : plus de 10 millions. Tandis que le taux de rentabilité immédiate lui, ne dépasse pas les 3 %. Ces chiffres, les visiteurs du jour les ont bien en tête. “En théorie, quand la rentabilité d’un projet ne dépasse pas les 4 %, on ne le fait pas”, s’étonne Stéphane Coppey. “Il s’agit effectivement d’aménagements qui ne seront vraiment utiles que pour quelques jours de pointe, l’été. Mais c’est une question de sécurité. Et certains bateaux sont trop gros pour accoster à la Joliette, ou alors il aurait fallut s’attaquer à la digue du large et là, c’est autre chose que de construire une petite gare maritime”, s’expliquent les techniciens.

L’actuel hangar du Cap Janet va être en partie démoli.

Mais n’y-t-il pas aussi une certaine pression pour libérer l’espace du côté de la Joliette, zone qui a vocation à devenir la “vitrine du rayonnement portuaire et urbain” comme le rappelle la plaquette distribuée aux visiteurs ? “Vous savez nous, au final, on fait ce qu’on nous demande, nous ne sommes que des petits techniciens”, finit par lâcher Jean-Philippe Ivaldi.

En délocalisant le trafic des passagers pour le Maghreb, ce sont environ 10 hectares de surface qui vont être libérés entre le Mucem et le J1. Pour y mettre quoi ? “Peut-être développer l’activité liée à la croisière de luxe déjà sur place, ou autre, pour le moment rien n’est fixé”. Avant la fin de l’année, le projet qui doit donner une nouvelle vie au J1 sera dévoilé. Aquarium ou “hôtel concept”, il donnera sûrement un aperçu de ce qu’imagine le port pour l’avenir de son extrémité sud, et qui se fera donc sans les ferries des compagnies tunisiennes et algériennes.

 

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Commentaires

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  1. Pascal L Pascal L

    Je rebondis sur cet intertitre :
    “Des aménagements pour quelques jours seulement”
    Rêvons un peu !
    Un monde ou les collectivités, quelles qu’elles soient, travaillent ensemble pour améliorer le quotidien des citoyens.
    “Des aménagements pour quelques jours seulement” car une partie des parkings ne sera utile qu’en juillet aout.
    Mais si on prévoyait une navette de bus : un tous les 5 ou 6 minutes (pas toutes le 20 minutes comme le 35 car ce sera totalement sans effet) entre cet endroit et la Joliette, là où on peut prendre tram et métro, un peu comme le parking relais Krypton à AIx, alors on peut imaginer que ce sera près de 1000 automobiles qui ne rentrent plus chaque jour dans Marseille, des citoyens-usager qui s’évitent des bouchons et qui gagnent du temps car ne sont plus à la recherche d’un stationnement improbable.
    En effet, un bus direct vert la Joliette avec une priorité sur le trajet pourrait relier ces deux points en moins de 10 minutes.
    Enfin, en juillet aout on peut laisser l’entière disponibilité ce parking aux voyageurs car le besoin de parking relais devient beaucoup plus faible pendant les vacances scolaires.
    Mais je dis “rêvons” car c’est totalement impossible de mettre ça en place ! Faire travailler ensemble et intelligemment la métropole, le département et le port autonome ! Allons allons !

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      Excellente idée, vraiment. Mais qui se heurte comme toujours à l’émiettement des responsabilités et aux jalousies territoriales.

      Il en est de même quand on s’étonne de l’existence d’un réseau ferroviaire sous-utilisé sur le territoire de Marseille. Mais pour imaginer une réflexion visant à mieux l’insérer dans le réseau de transport urbain, il faudrait faire travailler ensemble la SNCF (propriétaire des infrastructures), la Région (autorité organisatrice des trains régionaux), la métropole (autorité organisatrice des transports urbains), la RTM (exploitant des transports urbains) : mission impossible…

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    • reuze reuze

      Ah, si seulement…

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