Le port aura bientôt un nouveau couple à sa tête

Le port aura bientôt un nouveau couple à sa tête

Dans les couloirs de la chambre de commerce, peu après les voeux du président de la chambre, deux élus consulaires devisent. "Deux femmes, cela fait beaucoup quand même…", glisse le premier. "Oui, surtout avec la CGT", répond le second. Cette remarque un brin machiste fait référence aux changements de tête en cours dans les différentes instances du grand port maritime de Marseille. 

En effet, plusieurs confrères de la presse économique locale ont laissé entendre que la présidence du conseil de surveillance pourrait être confiée à Delphine André, PDG du groupe de logistique Charles André. À peine nommée au port en tant que personnalité qualifiée, celle-ci a aussitôt été présentée comme la candidate fléchée par le gouvernement. Elle aurait alors formé un duo inédit avec Christine Cabau, l'actuelle présidente du directoire du port de Dunkerque que l'on annonce à Marseille en remplacement de Jean-Claude Terrier.

Delphine André aurait décliné

Or, d'après nos informations, Delphine André aurait décliné la proposition qui lui été faite de prendre la présidence du port. Une information que nous n'avons pas pu confirmer auprès du groupe André. "Nous avons une politique de discrétion médiatique", peut-on entendre au service de communication du groupe de logistique. Ces derniers n'ont de même pas voulu confirmer l'arrivée d'une filiale de ce même groupe, TEA, dans les bassins ouest, où elle doit gérer un nouveau terminal dédié à l'import/export de voitures neuves. Une implantation qui pourrait expliquer le refus de Delphine André puisqu'il y aurait là un conflit d'intérêt.

Si il était confirmé, ce refus remet en course le patron de Bucéphale finances, Jean-Marc Forneri. La candidature de ce Marseillais de naissance, déjà membre du conseil de surveillance, était déjà annoncée depuis l'automne. Elle est particulièrement poussée par le patronat local, Jacques Pfister, en tête, le président de la chambre de commerce et d'Industrie de Marseille que l'on retrouve également au conseil de surveillance.

Or, l'annonce de cette possible nomination a provque quelque remous dans les bassins. Le secrétaire général de la CGT du port, Pascal Galéoté a déjà dit tout le mal qu'il pensait de l'arrivée de ce financier à la présidence. La méfiance est partagée par un élu local de gauche, qui suit de très près le dossier : "Patrick Daher [l'actuel président du conseil de surveillance, ndlr] a le mérite d'être un industriel. Il connaît les relations sociales, il a notamment réussi à calmer le jeu après la réforme portuaire. Forneri qui n'a pas le même profil n'offre pas les mêmes garanties."

L'homme pourtant a déjà le pied marin puisqu'il a conseillé le fonds Bridgepoint au moment du rachat de la Compagnie du Ponant à la CMA-CGM, en août 2012. Il est également proche du groupe Partouche dont il occupe un siège au conseil d'administration du Pasino à Aix. Cela devrait l'amener à regarder d'un oeil attentif toute implantation de casino à proximité du port, voire même en son sein puisque certains espèrent en installer un au J1.

Conseiller de Balladur

Politiquement, l'homme est plutôt classé à droite puisqu'il a été conseiller d'Edouard Balladur en 1987 au moment où ce dernier était ministre des Finances. Mais son profil correspond pleinement à la volonté de renouvellement que le ministère des Transports souhaite insuffler au sein des instances portuaires, après la réforme qui a radicalement transformé les anciens ports autonomes. Dans cette recherche d'un vent nouveau, plusieurs personnalités ont été approchées par le ministère.

Le nom d'un autre Marseillais, Denis Ranque, a plusieurs fois été cité. Le président du conseil d'administration d'Airbus group connaît bien la place marseillaise puisqu'il est par ailleurs membre du conseil d'administration de la CMA-CGM. Il n'aurait pas donné suite à cette sollicitation. Selon plusieurs sources, Anne Lauvergeon a également été approchée. L'ancienne patronne d'Areva, aujourd'hui placée par le premier ministre à la tête d'une commission sur l'innovation, ne débarquera pourtant pas à Marseille. Si des contacts ont eu lieu, ils ont été limités à son entourage sans donner lieu à un échange formel avec le ministre Cuvillier.

Le club des Ponts

Côté directoire, la candidature de Christine Cabau est toujours sur la bonne voie. On loue ses capacités d'ambassadrice portuaire, apte à négocier avec les futurs partenaires internationaux, américains ou asiatiques. En revanche, son profil commercial et sa longue carrière au sein de la CMA-CGM font déjà grincer quelques dents dans le milieu portuaire. En décembre, lors de sa conférence de presse de bilan, l'actuel président du directoire, Jean-Claude Terrier avait eu cette sortie :

Je veux bien que l'on dise ''vive les HEC" mais on a encore besoin des X-Ponts . Car l'élargissement de la passe Nord du port, cela ne se fait pas avec des Sup' de co !

L'actuel président du directoire du port de Nantes, Jean-Pierre Chalus a l'avantage dans cette course de faire partie de l'étroit cénacle des ingénieurs Ponts et chaussées, contrairement à sa rivale dunkerquoise. La décision devrait intervenir dans les 15 prochains jours. Quant au conseil de surveillance, où siègent des représentants de l'Etat et des collectivités locales, il n'est pas encore complet. Selon le GPMM, il manque encore le nom d'un représentant d'un ministère. La préfecture a ensuite 14 jours pour convoquer une réunion de ce conseil pour élire son président. Il donnera également un avis sur le président du directoire. Il va falloir apprendre à féminiser ce titre…