Le Mucem va accueillir un micro-collège dédié aux élèves décrocheurs
Le 1er octobre prochain, le musée national va accueillir une douzaine d'élèves décrocheurs dans le cadre d'un dispositif inédit de "micro-collège". Dans une salle du fort Saint-Jean, cette "école du Mucem" doit permettre de remobiliser ces élèves, suivis pour des troubles liés à l'anxiété scolaire.
(Photo : C.By.)
Dans quelques jours, des collégiens, cartables sur le dos, vont faire leur première rentrée dans les murs ajourés d’un musée national. Ils ne feront pas classe sous la célèbre résille dessinée par Rudy Ricciotti, mais dans une salle du fort Saint-Jean. En octobre prochain, le Mucem va en effet accueillir un micro-collège en ses murs, dédié aux élèves décrocheurs, suivis pour des problématiques d’anxiété scolaire. Cette démarche inédite fait l’objet d’un partenariat entre le Mucem, l’Éducation nationale et la clinique des Trois Cyprès, à la Penne-sur-Huveaune, où officie le professeur Marcel Rufo, spécialiste reconnu de ces pathologies.
“Cette idée est née dans l’esprit de Pierre-Olivier Costa lors d’une visite de la fondation Lambert, à Avignon, raconte Véronique Blua, directrice académique adjointe des services de l’Éducation nationale des Bouches-du-Rhône. Il a alors contacté nos services pour monter une structure du même type.” En effet, depuis 2019, le musée d’art contemporain a mis en place une micro-structure scolaire, baptisée Inspire, destinée aux élèves de CM1 et CM2 en décrochage scolaire. Plusieurs institutions culturelles de la ville ont depuis rejoint l’aventure, qui mêle les fondamentaux de l’apprentissage éducatif à la pluridisciplinarité artistique.
L’école du Mucem
Une fois l’impulsion donnée, il a fallu plus d’un an pour que le projet se concrétise et débouche sur cette ouverture prochaine de la structure. Il s’est notamment appuyé sur l’expérience acquise dans le département, qui a connu un développement accéléré des expériences du même type, du fait de l’implication de l’ancien recteur Bernard Beignier et de l’inscription de ces dispositifs dérogatoires dans le cadre général du plan Marseille en grand, dès le discours présidentiel de septembre 2021.
Le micro-collège du Mucem, baptisé pour l’heure “À l’école du Mucem”, s’appuie sur le travail initié au sein du collège Sylvain Menu, dans le 9e arrondissement, qui dispose déjà d’une micro-structure du même type, dédiée aux “élèves souffrant de refus scolaire anxieux” et suivis au sein de la clinique des Trois Cyprès.
“Il s’agit d’offrir à des enfants souffrant de refus scolaire anxieux les moyens de retrouver les apprentissages et les connaissances qu’offre l’école, dans un lieu de culture à nul autre pareil, résume Marcel Rufo, qui préside le service de pédopsychiatrie des Trois Cyprès. Nous avons obtenu de l’agence régionale de santé qu’elle finance le poste d’une infirmière qui va suivre au quotidien ces élèves. Quant à l’Éducation nationale, elle a déjà recruté un enseignant à plein temps.” Pour le professeur, c’est donc le moyen de lutter “contre cette véritable épidémie du trouble scolaire anxieux” qui est, selon lui, à l’origine de 7% des consultations en pédopsychiatrie.
“Le cadre apaisant du fort Saint-Jean”
Les adolescents de 13 à 16 ans seront admis dans l’établissement pilote par la direction académique, sur proposition de la clinique. Ils resteront affectés dans leur établissement d’origine durant leur passage dans l’école du Mucem. “Le cadre apaisant du fort Saint-Jean, avec ses jardins et sa vue sur mer, leur offre une salle de classe hors du tumulte de la ville“, peut-on lire dans la fiche de poste de l’enseignant coordonnateur qui a été recruté pour la rentrée 2024. Une salle de 40 mètres carrés sera dévolue à cette classe à proximité de la place d’armes du fort, classé monument historique depuis 1964.
C’est à ce coordonnateur que revient la charge de bâtir “un programme spécifique” avec l’équipe du musée, s’appuyant notamment “sur la conception et le montage des expositions, la diversité des métiers du musée ou la grande richesse des collections“, lit-on encore sur cette fiche de poste. “Cette parenthèse de déconnexion/reconnexion permet aux élèves de retrouver en douceur le goût des apprentissages et, à terme, le chemin du collège puis du lycée“, espère-t-on du côté de l’Éducation nationale, qui spécifie que l’objectif du dispositif est de “préparer le retour à une scolarité normale.”
Entre 12 et 15 élèves suivis
“L’idée est de faire ce travail progressivement, en mettant à profit les ressources du lieu, poursuit Véronique Blua. Le principe du micro-collège repose sur deux idées majeures : ne pas reproduire un collège ordinaire en plus petit, et construire ensemble, avec l’équipe pédagogique et celle du Mucem, un projet adapté qui puisse tirer profit de la grande diversité d’activités d’un établissement de ce type.”
Le lieu devrait accueillir entre 12 et 15 élèves “au maximum”, en fonction de la montée en charge du dispositif. Le profil des élèves admis au Mucem se fera en collaboration étroite avec le professeur Rufo, à même de connaître ceux qui pourront accrocher avec ce type de scolarité atypique dans un établissement culturel. L’expérimentation a vocation à durer plusieurs années, en fonction de sa capacité à offrir un sas vers un retour à une scolarité dite normale. Cela dépendra de l’évaluation au fil de l’eau du dispositif par les trois partenaires, éducatif, culturel et médical.
Depuis le lancement du plan Marseille en grand, les micro-structures sont un des axes forts du volet éducatif du plan. En tout, en comptant l’école au Mucem, le département compte 51 micro-collèges et micro-lycées, destinés à remobiliser des élèves décrocheurs.
Commentaires
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En espérant que ces élèves anxieux ne soient pas superstitieux (source Wikipedia):
Pendant la Révolution française, le fort sert de prison pour Philippe Égalité et deux de ses fils. Des Jacobins arrêtés à Marseille et à Aubagne seront enfermés dans le fort et massacrés le 5 juin 1795 par des royalistes. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les troupes allemandes y entreposent un dépôt de munitions, dont l’explosion à la Libération provoque la destruction de plusieurs bâtiments anciens.
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@Marsactu : Pourriez vous réfléchir au symbole représenté par le qualificatif “décrocheurs” ? Cette appellation me hérisse.
Je pense qu’appeler ces enfants des élèves “décrochés'” serait bien plus proche de la réalité et beaucoup moins péjoratif.
Je doute que leur grande majorité fasse un choix réfléchi et sincère de décrocher. Je crois plus au fait qu’ils subissent la situation.
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On devrait aussi remplacer élèves chahuteurs par élèves chahutés.
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Bonjour,
Le collège Sylvain Menu se situe dans le 9eme (au terminus « La Gaye » du futur presque nouveau tramway) et non dans le 10eme.
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