Le ministre de la Justice aux Baumettes du futur avec les problèmes d'aujourd'hui

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le 1 Mar 2012
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Le ministre de la Justice aux Baumettes du futur avec les problèmes d'aujourd'hui
Le ministre de la Justice aux Baumettes du futur avec les problèmes d'aujourd'hui

Le ministre de la Justice aux Baumettes du futur avec les problèmes d'aujourd'hui

Un peu plus d'une heure aux Baumettes. Jeudi après midi, le ministre de la Justice Michel Mercier a – avec à sa suite le procureur de la République, le préfet de police et des élus du secteur – visité le centre pénitentiaire  marseillais, qui accueille près de 1800 détenus pour 1373 places (soit 130% d'occupation). L'établissement va faire l'objet d'un chantier de 86 millions d'euros, échelonné en plusieurs phases, qui aboutira principalement à la construction de deux nouveaux bâtiments de 560 places (Baumettes 2, livré en 2016) et 700 places (Baumettes 3, livré en 2019).

Alternatives, vétusté et surpopulation

En ce qui concerne la visite, le programme avait un net penchant pour la partie soft des Baumettes. Avec d'abord un tour au pôle centralisateur de surveillance électronique, d'où une équipe de six personnes suit les détenus équipés d'un bracelet électronique. Puis tout l'attroupement s'est dirigé vers le centre de semi-liberté, où des détenus reviennent dormir après des activités de formations ou professionnelles.

Avec son couloir nickel en tomettes typiques, ses portes en bois et ses cellules individuelles, le centre est loin des descriptions d'une autre partie, le service médico-psychologique régional, dont la Cour des comptes dénonçait fin 2001 le "délabrement et l’insalubrité""Il y a bien plus vétuste que les Baumettes", a lancé le ministre à l'évocation de la question, sans qu'on sache trop si cela devait rassurer.

Les travaux devraient apporter un mieux, ce qui n'est pas forcément le cas pour la surpopulation carcérale. Face à la presse le ministre a – dans le droit fil de la visite – beaucoup insisté sur les alternatives à l'emprisonnement classique, qui pourraient permettre de la réduire. Mais en rappelant que la France comptait davantage de personnes condamnées à qui l'on arrivait pas à trouver de place qu'à l'intérieur. Pas de quoi relâcher la pression…

 

 

Réunion avec les syndicats

Mais le gros morceau de sa journée marseillaise se déroulait à huis clos : une rencontre avec les syndicats. En guise de cadeau de bienvenue il a eu droit à un blocage le matin même de la maison d'arrêt de Luynes (prévu avant que la visite soit connue, nous précise Laurent Paquet, délégué régional FO-Pénitentiaire) pour dénoncer le manque de personnel et les méthodes de la direction.

"Ca tombe bien et on va du coup davantage axer là-dessus. La situation s'est aggravée, on est à la limite du supportable, même si ce n'est pas spécifique à Aix", commentait le délégue en amont de l'entretien. A la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), une intersyndicale FSU et CGT est en grève pour "réclamer une suspension immédiate d'activité de quinze jours pour sécuriser les locaux vétustes et détériorés", rapportait ce matin la Marseillaise.

Face caméra, le ministre a coupé court, expliquant ne pas vouloir s'exprimer sur une discussion qui n'avait pas encore eu lieu. Côté PJJ, "on n'a malheureusement pas été invités", lance Isabelle Audureau, secrétaire départementale (et nationale) CGT-PJJ. "A la fin de la réunion, il s'est engagé à s'occuper du dossier d'Aix très rapidement", rapporte pour sa part Laurent Paquet. Est-ce possible d'ici les élections ? "Tous les éléments sont connus et réunis dans un rapport d'inspection réalisé il y a un an. Ce n'est pas un dossier où il faut commencer à travailler, il y a juste à agir. Mais on reste dubitatifs".

Néophyte et sur le départ pour FO

Notamment parce qu'"on était face à un ministre qui a déjà préparé ses cartons et qui donnait l'impression de découvrir la pénitentiaire, d'être en marge", explique-t-il. Car les problèmes d'Aix "se posent dans la quasi totalité des établissements de France", rappelle-t-il.

Et les déclarations du ministre face à la presse (exemption de non-remplacement des départs à la retraite, embauches, agrandissement d'écoles…) ne le convainquent pas : "si on prend les chiffres tels qu'ils sont, on peut penser qu'il y a beaucoup de recrutements. Mais la grande majorité sera affectée à l'ouverture d'établissements et non pour résoudre les carences."

Des manques qui sont là encore mal estimés par les chiffres officiels, estime-t-il. "Si on vous dit que vous avez besoin de 200 personnes alors qu'en réalité il vous en faut 20 de plus, vous êtes dans la RGPP (révision générale des politiques publiques, ndlr). Par exemple, le taux qui sert à calculer les effectifs en rapport avec les absence programmées et possibles (congés annuels, parentaux, maladie…) est de 19%, alors que les congés annuels représentent déjà 18% !" Face à ce "dialogue de sourds", il semble davantage attendre un changement de ministre qu'une nouvelle réunion…

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Commentaires

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  1. Ricou 24. Ricou 24.

    Les BAUMETTES c’est du personnel jeune, assez bien formé, c’est aussi pour eux un métier difficile, dans un contexte de tension.

    Comment en être autrement quand vous avez des hommes qui passent pour certains 20 ans ou plus derrière les barreaux, sans avenir, sans retraite à leurs sorties de tôle, avec des familles qui les abandonnent parfois en cour de route.

    Si tu es trois en cellule (10 m2) tu payes avec tes compagnons 3 TV, 3 frigos, si tu as mal aux dents le vendredi à 17 heures tu auras mal aux dents jusqu’à lundi matin pour sur et sûrement jusqu’à mercredi.
    Si tu es malade dans la nuit (de 18 h à 7 heures) c’est pareil, tu es seul au monde, grave ou pas grave.
    La cour de promenade(30 mètres sur 20 pour 180 personnes) ,Bat A,c’est du sable,4 douches qui coulent 24 h sur 24,de la vases,des rats et leurs crottes,des poubelles.
    Il n’y pas d’abris pour le soleil de juillet et pas plus pour les pluies de nov, si tu décides d’aller en promenade et qu’il se met à tomber « une chavane »….tu reste sous l’eau 1h 30.

    Il n’y a pas d’ordinateur, de sport pour tous, seul une poignée de privilégiés (dont moi) y ont accès.
    Le journal il t’arrive 3 jours après, le courrier parfois 3 semaines après, tu as 3 parloirs d’une demie heure par semaine,…..tu n’as même pas le temps de voir comment ta femme est habillée et d’embrasser ta fille……il faut passer à la fouille à nu,couilles comprises.
    Entre ton départ de la cellule, les fouilles et ton retour en détention, c’est 3 heures, pour une demie heure de parloir.

    Le pire ce n’est pas la privation de liberté, elle est sûrement le seul moyen pour protéger la société et l’intérêt général mais c’est le manque d’hygiène, de sourire, de tendresse, de contact humain.
    C’est le manque de douches (3 par semaine, même l’été), c’est de déjeuner avec l’uns de tes co -détenus qui chie devant toi car dans ces 10 m2 il n’y a pas de cloison entre le wc et la cellule.
    C’est de te la ver le cul dans l’évier qui sert 2 heures après à faire la vaisselle ou à laver ton caleçon.
    C’est le bruit le soir, les cris dans les étages, des cris de malade, de dépressifs qui lâchent, qui implorent.
    C’est les bagarres, la violence, tous les jours, dans les escaliers sans surveillants entre les étages.

    On te dit que tout le monde téléphone, avec des portables, c’est faux!

    Il y a aussi de détresse, tous pleurent une fois….TOUS? Caïd compris, 100 kgs ou 50, c’est la même histoire.

    Tu te douches en caleçon…….sinon tu “glisse”.

    Alors je ne te dis pas si en plus tu y as ton fils en prison, dans la même prison, qu’on ne veut pas que tu le croises et une entreprise à gérer depuis la détention…..c’est encore plus dur.
    On te mélange, tueurs, braqueurs, jeunes, vieux, tous pareils saufs pour les VIP et les isolés (moeurs, balances), tu es dans un autre monde ou tu partages avec un agresseur de personnes âgées, un tueur qui abattu un père de famille commerçant ou un escroc.

    Si tu enlève le shit, les cachetons…….la prison elle explose une semaine après.

    Les surveillants ont du mérite et ne sont pas assez rémunérés, pas assez nombreux, avec des horaires de fous et les détenus sont réellement punis, que la société ne se fasse pas de souci là-dessus.

    Il devrait y avoir un passage obligé pour les policiers, les hommes et femmes de loi de passer 3 semaines tous les 5 ans en détention pour vivre le niveau de sanction.

    Ce qui est sur c’est que quand tu y rentre il est très très difficile de ne pas y retourner, surtout à 20 ans.

    Merci aux détenus qui m’ont aidé, qui m’ont nourri, qui m’ont parlé,qui m’ont formé, merci aux surveillants qui n’ont souri, et je penserai toujours à une dame qui m’a donné les clés pour sortir.

    Ricou 24.

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  2. adelaide adelaide

    c est a quel moment que nous devons pleurer?
    vous oubliez de dire que la television est a huit euros par mois canal + compris, que le pot de nutella est a 1,11 euros alirs qu il est a 2€25 dans l hypermarche le plus proche des baumettes et que la difference est a la charge du contribuable!
    Sachez que tout pendant qu a marseille et ailleurs des honnetes gens sont obliges de faire vivre leur famille dans des appartements exigus et vetustes faute aux loyers prohibitifs alors la situztion des detenus des baumettes ne me fera pas pleurer 250000€ pour renover 20 cellules qui seront degradees dans la semaine de leur mise a disposition!!Maus c est vrai qu en france on aime donner de l argent a la racaille! les victimes attendront!

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