Le FN change deux têtes de liste en cours de campagne

Le FN change deux têtes de liste en cours de campagne

"C'est qui celui-là ?" La passante ne distingue pas ce quadra à cravates qui s'enthousiasme au milieu d'un amas de journalistes. Quand le candidat Front national aux municipales Stéphane Ravier invite la presse, cela se fait sur le Vieux-port sans (ori)flamme ni estrade. Sans militant non plus. Là où ses concurrents se déplacent avec une armée prête à tracter, Stéphane Ravier semble bien seul. "Nos militants ne sont pas des obligés et ne sont pas payés pour cela : ils travaillent", balaie-t-il quand on l'interroge sur cette étrangeté pour un parti qui, dans les différents sondages, dépassent les 20 % d'intentions de vote.

A bien compter en fait, ils sont sept autres adhérents du Front national en cette fin de matinée. Huit si l'on y ajoute le photographe maison. Ce sont en fait les huit futures têtes de liste de cette campagne municipale qui se présentent à la presse. L'exercice n'est pas inédit. En mai dernier déjà, la photo de famille bleu marine avait été proposée. A l'époque, Anna Rosso Roig, transfuge du Front de gauche et future candidate avait éclipsé ses colistiers.

Problème personnel ? Des blagues…

Depuis, celle-ci a lâché l'affaire. Deux autres têtes de liste présentées en mai dernier manquent également à l'appel sur le quai de la Fraternité. Contraints ou forcés ? Difficile à savoir. Chaque question sur les absences d'Alexandre Bartolini (6/8) ou Armel Brisson (1/7) est esquivée. Des "problèmes personnels" sont évoqués comme raison officielle, répétée à l'envie et dans les mêmes termes, par l'ensemble des militants présents. Stéphane Ravier n'est pas beaucoup plus disert : "Ils n'étaient pas assez disponibles", tente-t-il dans un premier temps.

La réponse ne convainc que moyennement. Armel Brisson en particulier n'aurait-il pas payé ses écarts sur Facebook ? En décembre dernier, Marianne avait relevé les "blagues" – le terme est de Ravier – d'un drôle de goût du candidat. Bien vite, le parti avait fait supprimer le profil gênant mais l'hebdomadaire, prudent, avait gardé quelques éléments probants. Comme ce détournement d'une photo de Valérie Trierweiller avec des enfants.

"Ce n'est pas passé inaperçu, c'est clair mais il n'y avait pas que ça", finit par admettre Stéphane Ravier qui "ne sai(t) pas" si Armel Brisson figurera in fine sur les listes. A l'image d'autres candidats en France, le FN se serait bien passé de ce dérapage. Le conseiller régional, Laurent Comas confie ainsi : "Nous avons une directive très claire de vigilance sur Internet. S'il y avait des sous-entendus (sic), il a dû être sévèrement réprimandé." Comble de l'histoire, Ravier finit même par admettre que ce compte était en fait "alimenté par des militants. Il n'y comprend rien à tout ça."

Brisson aurait donc payé pour d'autres. Reste le cas Bartolini lui aussi disparu des écrans entre mai et janvier. Le jeune homme faisait office de secrétaire de la fédération depuis des mois. Mais Ravier, là encore – et sans peur de passer pour un ingrat- clame qu'il ne se montrait "pas assez sur le terrain". L'intéressé n'a pas donné suite à nos appels. Quant au remplaçant, Michel Cataneo, il a appris qu'il devrait prendre le relais "pendant la trêve des confiseurs comme on dit". Un choix récent que Stéphane Ravier, devant l'insistance des journalistes finit par qualifier ainsi : "Il y a du changement. Je l'ai décidé, je l'ai subi… Ce sont des choses qui se sont imposées à moi." Cela veut-il dire qu'Alexandre Bartolini a quitté le FN ? "Mais vous êtes un vrai spéculum vous !", balaie avec le sourire Ravier, jamais avare d'un bon mot même en dessous la ceinture. On sourit aussi mais on n'en saura pas plus. Le FN a ses petits secrets.