Le fabuleux destin du Fab Lab marseillais

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le 1 Oct 2013
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Télécharger ou photocopier des objets : le passage des imprimantes de la feuille de papier à la 3D ouvre de nouvelles perspectives. En les couplant avec d'autres équipements et l'astuce des bidouilleurs locaux, les Fab Lab entendent devenir des lieux ouverts de production et de créativité. Dans le Sud-Est de la France, c'est l'école Centrale de Marseille qui inaugure ce mouvement en évolution rapide.

Le fabuleux destin du Fab Lab marseillais
Le fabuleux destin du Fab Lab marseillais

Le fabuleux destin du Fab Lab marseillais

Pour l’instant, la “révolution” se fait dans un cafoutche. C’est l’impression qui frappe le visiteur du Fab Lab Marseille – comprenez “l’atelier de fabrication numérique”, le premier du Sud-Est – ouvert officiellement depuis cette semaine à l’école Centrale. Une fois arrivé au technopole de Château-Gombert (13e), il faut d’abord longer les barrières du chantier du “Très grand bus” des facultés, puis suivre les affichettes arborant le logo du Fab Lab. La dénomination des bâtiments de l’école d’ingénieur, rangés en “plots” et “mailles”, met déjà dans l’ambiance. En chemin, on croise également un curieux bidouillage entouré d’un périmètre de rubans – à vue de nez des cadres de panneaux solaires branchés sur un chauffe-eau.

Mais ce sur quoi bricolent une poignée d’étudiants, dans une salle à laquelle on accède après une enfilade de couloirs, est encore plus inhabituel. Branchées chacune sur un ordinateur trônent “une Ultimaker, une imprimante 3D, la base d’un fab lab” et “une fraiseuse numérique”, commente Mickaël Motto, président du Fab Lab Marseille. Et ça, entre les deux ? “Une imprimante classique, qu’on appelle maintenant 2D”, rigolent les étudiants qui l’entourent. Affreusement XXe siècle, quand les deux machines précédentes permettent de photocopier un objet, par exemple une statuette. Une petite démonstration s’impose.

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Sympathique. Mais ça n’explique pas pourquoi ces ateliers de fabrication numérique – dont un avatar est en germe à Aix – ont fait l’objet d’un appel à projets du ministère du Redressement productif, initiative qui a été rapidement débordée par des réponses venues de toute la France… “On n’est pas face à un gadget, mais une véritable révolution, même si je sais que le mot est galvaudé”, assure Guillaume Quiquerez, directeur de cabinet de Centrale Marseille. Ces ateliers de Géo Trouvetout permettent d’ouvrir à tous et sans investissement la fabrication de prototypes en toute petite série et à moindre coût. De quoi accélérer le passage du théorique au concret, imaginer, créer, se tromper… Bref, à l’entendre, l’imagination au pouvoir.

Objectif 400 m2

Il précise que si l’idée est venue d’étudiants, aujourd’hui une vingtaine au sein de l’association qui porte le lieu, elle est suivie de près par Marseille Innovation, une pépinière à start-up, et “fait partie de notre projet d’établissement”. De la salle peu accueillante d’aujourd’hui, le FabLab devrait passer à une surface de 400 m2, “avec plus de machines, plus de monde, plus de partenaires industriels”. “Il aura toute sa place dans le Marseille creativity center” en gestation pour 2015 dans un bâtiment voisin : amphi de 450 places, bibliothèque, café-terrasse… Avec en tête l’arrivée du BHNS qui le reliera rapidement au métro La Rose et le projet plus large de “quartier numérique”, pour lequel le gouvernement cherche aussi des candidats.

Plus modestement et à plus court terme “on va mettre des canapés, des machines à café, l’objectif est que les gens passent du temps ici”, glisse Mickaël Motto. Le public pressenti de ce qui se veut “un espace de frottement”, “un lieu d’échange”, est varié : des artisans, des PME, des étudiants en art ou en architecture, des geeks, des bricoleurs du dimanche… Moyennant un tarif à l’heure, ils pourront utiliser ces machines dont le coût d’achat est encore prohibitif (plus de 1000 euros pour l’Ultimaker). Théophile Mantel, chargé de répondre aux sollicitations par mail, “a eu plus de 50 demandes depuis 6 mois. Pour l’instant, nous avons seulement calé un créneau avec un professeur de technologie, pour voir comment ça se passe”.

“Reprendre le pouvoir sur la technique”

Ainsi, les étudiants doivent malheureusement répondre par la négative à des questions du genre : “Est-ce que je peux faire une moto en 3D à partir de photos ?” Commentaire de Guillaume Quiquerez : “Non, M. Tout le monde ne peut pas venir sans leur aide. On est comme aux débuts de l’informatique, quand j’ai eu mon premier ordinateur et que j’étais obligé de le programmer”. Heureusement pour les futurs visiteurs du Fab Lab, la petite équipe commence déjà à savoir murmurer à l’oreille des fraiseuses numériques. “Les machines plus la matière grise, c’est ça le principe du Fab Lab”, résume Jean-Marie Millet, vice-président de l’association.

“Quand on a reçu l’Ultimaker, elle était en kit, il n’y avait pas de notice dans la boîte. On a réussi à la monter grâce à des tutoriels sur Internet”, raconte Mickaël Motto. Le “savoir-faire des forums”, la caverne d’Ali Baba en ligne des “objets à télécharger” en licence libreOn comprend mieux la formule de Guillaume Quiquerez pour qui les FabLab sont “la continuation dans le domaine du matériel de l’esprit du numérique”. Au rayon des concepts anglais inévitables dans ce milieu, le Fab Lab croise le courant DIY (“do it yourself”), l’open source, l’empowerment… En clair : “Au niveau macro-économique cela peut amener à un mouvement de relocalisation car on produit économe, à la pièce. Pour l’individu, c’est reprendre le pouvoir sur la technique, se remettre à bricoler”, avance Guillaume Quiquerez. Ayant senti le potentiel, Renault et Seb mettent à la disposition de leurs employés des espaces de ce type pour s’essayer à des prototypes à moindre coût.

S’il a “des doutes sur certains FabLab qui pourraient se transformer en boîte à fric”, aucun risque à Marseille estime-t-il : “Ils ont dans cette association la vraie culture pour développer un Fab Lab solidaire et créatif“. Mickaël Motto envisage “des après-midi découverte pour les enfants” et un partenariat avec Échanges phocéens, une association de Centraliens qui assure le tutorat de collégiens et lycéens du secteur. “Là c’est vraiment du concret, ce n’est plus simplement du numérique, du calcul, ils voient sortir la pièce”.

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Commentaires

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  1. replicator replicator

    très intèrèssè je souhaiterai un rendez vous pour discuter d’un éventuel partenariat
    merci par avance d’une réponse rapide
    cordialement don jacques

    Signaler
  2. jack13 jack13

    Initiative très intéressante. Est-ce qu’on peut rentrer un fichier 3D provenant d’une CAO solidworks (par exemple en fichier “STEP”), et lancer une fabrication? Quelle est la dimension maxi de l’objet?
    J’ai quelques idées d’application liées au renouvelable. Comment prendre contact? Horaires d’ouvertures? Tarifs?

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