Le département refuse de conditionner ses aides aux communes à la construction de HLM

Actualité
le 14 Déc 2018
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À l’initiative des élus socialistes marseillais, le débat sur l'habitat indigne a rebondi au conseil départemental. Ils souhaitaient réserver les aides aux communes qui font des efforts en matière de logement social. La proposition a fait se lever le patron de la majorité municipale Yves Moraine mais aussi des maires de tous bords.

Le département refuse de conditionner ses aides aux communes à la construction de HLM
Le département refuse de conditionner ses aides aux communes à la construction de HLM

Le département refuse de conditionner ses aides aux communes à la construction de HLM

Comme un air de déjà-vu. Vendredi, au lendemain d’un conseil métropolitain marqué par la question de la lutte contre l’habitat indigne, l’assemblée départementale a rejoué une partie du débat, celle sur l’inégale répartition du logement social. Le groupe socialiste et écologiste, dont sept des huit membres sont marseillais, a défendu une clause conditionnant l’aide aux communes au respect de la loi SRU, qui impose d’atteindre progressivement 25 % de logements sociaux.

Le budget 2019 de cette politique qui atteint 140 millions d’euros par an était en effet à l’ordre du jour. Pour Benoît Payan, qui défendait l’amendement, l’institution pourrait utiliser sa “force de frappe budgétaire” pour mettre la pression sur les communes “qui ne font aucun effort et font le choix de l’égoïsme”. Il estime même que cela conduit à “donner d’une main à certains ce que l’État reprend en pénalités car ils ne respectent pas la loi”.

Avant-goût du conseil municipal

“Il est vrai que Monsieur Payan n’est pas conseiller métropolitain. Il fallait bien qu’il existe”, a glissé, assassine, Martine Vassal. Nouveauté par rapport au conseil métropolitain, le patron de la majorité municipale Yves Moraine s’est livré à une charge centrée sur Benoît Payan. Cette préfiguration du conseil municipal du 20 décembre s’est aussi sentie dans les arguments qui ont suivi, alors que Marseille ne serait pas concernée par la clause :

C’est vrai qu’il y a un déséquilibre entre les quartiers de Marseille, comme dans beaucoup de grandes villes, qui a été créé dans les années 60. Ce déséquilibre est quasiment irrattrapable. Ce qu’on peut reconnaître à la municipalité de Jean-Claude Gaudin depuis 1995, c’est d’avoir commencé
– ce qui n’avait jamais été fait avant ou quasiment pas – à créer du logement social à l’Est et au Sud.

Un rattrapage encore limité : les 6e et 8e arrondissements, secteur dont il est maire, est passé de 6 à 7 % en huit ans, pour environ 250 logements sociaux nouveaux.

Au-delà de cette joute entre opposants politiques marseillais, la proposition a fait bondir sur presque tous les rangs, dans un hémicycle où de nombreux élus sont aussi maires. Et les mots qui l’accompagnaient, notamment celui de “fraudeur” à destination des maires rétifs à la construction de HLM, n’ont pas apaisé. “C’est un exposé volontairement polémique qui en oublie la réalité du terrain”, a dénoncé le maire divers droite de Tarascon Lucien Limousin. “Il n’est pas normal qu’à partir d’un drame on puisse politiser une telle question du logement social”, a abondé Hélène Gente-Ceaglio, maire divers gauche de Mallemort. Elle a rappelé avoir “porté avec l’Union des maires” la suppression d’une clause similaire introduite en 2012 par la précédente majorité au conseil régional et annulée par Christian Estrosi.

“L’application difficile de la loi SRU”

De Jacky Gérard, son confrère de Saint-Cannat (divers gauche), à Jean-Claude Féraud, son homologue de Trets (divers droite), les retardataires en attestent : il n’y a pas de mauvaises volontés mais des difficultés techniques, auxquelles une loi basée sur un simple quota de 25 % s’adapte mal. “99 % des communes ont négocié avec le préfet des contrats de mixité sociale, des contrats réalistes”, a encore défendu Hélène Gente-Ceaglio.

“Dernier des mohicans” parmi les socialistes du département, le maire de Miramas Frédéric Vigouroux s’est dit plus partagé. “Très embêté”, même. S’il n’a pas souscrit à l’amendement, s’il a reconnu “l’application difficile de la loi SRU”, il a défendu “la volonté politique” qu’elle portait. Avait-il à l’esprit que certains de ses homologues, y compris à gauche, ne cachent pas de leur côté leur mauvaise volonté ? Il ne l’a pas dit et a choisi de ne pas prendre part au vote. De leur côté, les communistes se sont abstenus. Et les élus socialistes et écologistes porteurs de cet amendement se sont retrouvés bien seuls pour le voter favorablement.

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Commentaires

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  1. Théo Challande Théo Challande

    Un des commentaires surtout entendu en opposition au conditionnement de l’aide au commune est que les villages ne “peuvent plus construire faute de foncier disponible”. Je passe sur #cestlafauteàduflot, et je n’avancerai qu’un seul nouvel argument: la création de logement social ne se fait pas uniquement grâce à la construction mais peut aussi se faire grâce au conventionnement ANAH du parc social privé (très intéressant fiscalement et pas que pour les propriétaires et bailleurs).

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  2. Tarama Tarama

    Mais Moraine… il n’y a justement plus de logements sociaux créés au sud depuis qu’ils sont en poste. Tous datent des années 70, 80 ou 90, l’architecture des immeubles en témoigne. Pplus rien depuis alors que la ville est noyée sous le béton.

    Comment peut-on mentir à ce point ?

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  3. Tarama Tarama

    Marsactu, il faudrait faire du “fact-checking” sur ce sujet, car ce n’est pas possible de laisser passer de tels mensonges.

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  4. petitvelo petitvelo

    Dans la pyramide des besoins humains, le logement c’est la base , avec la nourriture. Comment un élu peut-il avoir d’autres priorités ?

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    • Happy Happy

      Montagnac le maire de carry se fait déjà violence pour distribuer des croissants aux deloges , ne lui demandez pas en plus de laisser construire quelques logements sociaux à carry ! Ses électeurs ne manquent ni de villas, ni de croissants, pour les autres ce n’est pas son problème.

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  5. Alceste. Alceste.

    Moraine, encore un à la “bonne” école de Gaudin , menteur de première.
    D’autre part je serais curieux de connaître les “heureux”bénéficiaires des quelques logements sociaux dans le 8e. Je crois que nous aurions quelques surprises.
    Concernant monsieur Limousin dont l’intelligence vient encore de nous éclairer au delà de toute mesure dans sa réflexion sur le logement , je souhaite lui dire que bien évidement le logement social est quelque chose de politique .
    Si cela le choque, il faut vraiment qu’il change de métier . Allez LULU vaut mieux aller aux fraises.

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      C’est Hélène Gente-Ceaglio, maire “divers gauche” (sic) de Mallemort, qui s’offusque qu’on puisse “politiser” une question aussi éminemment politique que celle du logement social. Jusqu’à présent, c’est plutôt à droite qu’on trouvait ceux qui, tout en pratiquant une politique de droite, se bouchaient le nez en reprochant à d’autres de “politiser” les débats…

      Quant au petit Moraine, il est décidément meilleur pour faire des phrases et déguster des chocolats que pour articuler des arguments qui tiennent la route. Dans son secteur, et notamment dans le 8e, le béton coule à flot, mais toujours pour des “résidences de standing dans un écrin de verdure”. Il ne me semble pas que la mairie de secteur mette de la mauvaise volonté à donner un avis favorable aux permis de construire qui ne prévoient aucun logement social.

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  6. kukulkan kukulkan

    Marsacu ça vaudrait le coup de faire une étude sur la distortion sud/nord en terme de logement social à Marseille. Quel est l’évolution du pourcentage LLS dans le 7ème? Les écarts s’accroissent sûrement.
    Travaillant dans le logement social, on sait que tout projet en logement social, hors secteur tenu par un maire de secteur d’opposition, est impossible à sortir car on aura un refus politique… Et le pire est dans le 6, 7 et 8ème arrondissement…

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  7. kukulkan kukulkan

    Marsactu ça vaudrait le coup de faire une étude sur la distortion sud/nord en terme de logement social à Marseille. Quel est l’évolution du pourcentage LLS dans le 7ème? Les écarts s’accroissent sûrement.
    Travaillant dans le logement social, on sait que tout projet en logement social, hors secteur tenu par un maire de secteur d’opposition, est impossible à sortir car on aura un refus politique… Et le pire est dans le 6, 7 et 8ème arrondissement…

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  8. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Marsactu avait publié en 2012 un article sur le projet de Programme local de l’habitat (PLH) 2012 – 2018 de l’ex-Communauté urbaine MPM : https://marsactu.fr/logements-sociaux-le-long-reequilibrage-entre-arrondissements-de-marseille/

    Ce Programme, adopté sous la présidence de Caselli, montre notamment les objectifs de création de logements sociaux par arrondissement. Certains sont mieux “servis” que d’autres. Dans les 6e et 8e, ce n’est clairement pas une priorité…

    Mais il s’agissait là d’objectifs. Ça vaudrait le coup que Marsactu regarde ce qui a été réalisé dans la vraie vie, puisque ce PLH est censé s’achever dans quelques jours. Au fait, qu’y a-t-il dans le prochain ?

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  9. Alceste. Alceste.

    Dans le 4e le plein est fait .

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  10. Zumbi Zumbi

    Monsieur Moraine fait très fort dans le n’importe quoi. Lorsque de nombreux habitants du voisinage s’élevaient contre la construction d’un immeuble sur une très grande partie du square Michel Levy, après avoir inventé divers autres mensonges, tous axés contre la revendication du maintien d’un espace public gratuit ouvert aux petits enfants, à leurs nounous, aux personnes âgées, aux nounous, aux amoureux, il avait un jour déclaré “en fait les voisins ne veulent pas de logements sociaux !”

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